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Georg Baselitz, artiste renversant

L’artiste allemand Georg Baselitz son tableau «Willem taucht auf, 2013» à la Pinacothèque moderne, à Munich, en 2019

L’artiste allemand Georg Baselitz son tableau « Willem taucht auf, 2013 » à la Pinacothèque moderne, à Munich, en 2019, © picture alliance/dpa | Felix Hörhager

24.01.2023 - Article

Célèbre pour ses portraits la tête en bas et pour ses personnages sculptés à la hache, l’artiste allemand fêtait ses 85 ans ce 23 janvier.

Selon lui, « peindre à l’envers évite de poser le problème du sujet ». Depuis les années 1960, l’Allemand Georg Baselitz (de son vrai nom Hans-Georg Kern) est connu pour ses portraits présentés la tête en bas. Né en Saxe il y a 85 ans, il a connu le nazisme, puis la RDA qu’il a fuie en 1958. L’interrogation sur l’identité allemande a fait partie de sa vie. Elle a accompagné son chemin artistique, tout comme une profonde réflexion sur l’histoire de l’art. Aujourd’hui, ses toiles sont présentées dans les grands musées internationaux et s’arrachent à coups de millions d’euros sur le marché de l’art.

Les personnages représentés la tête en bas et le sculptures abruptes comptent parmi les marques de fabrique de l’artiste allemand
Les personnages représentés la tête en bas et le sculptures abruptes comptent parmi les marques de fabrique de l’artiste allemand© picture alliance/KEYSTONE | PATRICK STRAUB

C’est que Georg Baselitz est un artiste renversant. Et pas seulement pour ses figures renversées. Son art est particulièrement expressif. Il crée ses toiles à grands coups de peinture effectués à la brosse. Il laisse les traces de doigts apparentes. Il peint en couches épaisses et avec des couleurs vives. Il use de formes simples qui rappellent l’art africain dont il est un grand collectionneur. Quant à sa sculpture, elle utilise principalement le bois, matériau de prédilection qu’il taille directement à la hache, à la scie ou à la tronçonneuse.

Volontiers provocateur

On ne reste pas indifférent devant une œuvre de Georg Baselitz… Certains jugent son mode d’expression brutal, voire violent. Il procède en tout cas d’une réflexion constante, et autocritique, sur l’histoire et la pratique de l’art que ce professeur a enseignées à Berlin. Il reflète également l’expérience vécue de la guerre et du totalitarisme.

Une chose est sûre : Georg Baselitz aime provoquer. Dès sa toute première exposition, à la galerie Werner&Katz à Berlin, en 1963, il a fait scandale. Deux de ses toiles (Die Große Nacht im Eimer et Nackter Mann) ont été saisies par un huissier pour atteinte à l’ordre public. Et deux décennies plus tard, sa première exposition de sculpture a connu un sort comparable. Son Modèle pour une sculpture (1980) représentant une figure primitive le poing levé a été interprété comme une citation du nazisme.

Réflexion sur la vieillesse

L’âge venant, il a mené il y a quelques années une réflexion introspective sur le corps face à la vieillesse. Il s’y est confronté à la réalité de son propre corps vieillissant, portant un regard sans concession : membres exposés dans leur nudité flasque, muscles flétris, sillons apparents de la peau. Baselitz refuse toute séduction, tout divertissement, tout pathos. La dysharmonie est l’un des principes de son œuvre.

Mais la réflexion va plus loin que la perspective d’anéantissement. D’une part, le mouvement, la répétition des motifs, la générosité de la matière sur la toile, la vigueur du geste et une nouvelle technique qui rend les corps luminescents et vibrants transforment la mise à nu en une représentation vigoureuse, qui reflète l’énergie vitale et créatrice. De l’autre, Baselitz n’en reste pas à une réflexion existentielle sur la vieillesse. Il s’interroge sur sa place dans l’histoire de l’art, à laquelle il a passé sa vie à se confronter.

Six grandes expositions à voir en 2023

De New York à Berlin, six grandes expositions rendent hommage à cet artiste étonnant à l’occasion de son 85e anniversaire. L’une d’elles (« La boussole indique le nord », jusqu’au 27 mai) vient de s’ouvrir à la Galerie Thaddaeus Ropac, à Paris Pantin.

Une autre, axée sur les dessins, est présentée à New York par The Morgan Librairy & Museum (« Georg Baselitz: Six Decades of Drawings », jusqu’au 5 février). Élaborée en coopération avec le musée de l’Albertina, à Vienne, elle y sera exposée du 7 juin au 17 septembre sous le titre « Georg Baselitz : 100 Zeichnungen »).

Une rétrospective vient également de débuter au musée Würth 2 de Künzelsau (Bade-Wurtemberg). À visiter jusqu’au 16 juillet, elle présente principalement des gravures, un aspect relativement méconnu de l’œuvre.

À Berlin, la galerie Contemporary Fine Arts s’interroge sur la genèse, les influences (les États-Unis, Paris) et l’évolution du monde visuel de Baselitz jusqu’à aujourd’hui (« Man sollte », à visiter jusqu’au 11 mars).

L’exposition « Georg Baselitz – Nackte Meister », présentée au Kunsthistorisches Museum de Vienne (Autriche) du 7 mars au 25 juin, sera incontestablement l’un des temps forts de cette année anniversaire. Elle fera dialoguer 73 toiles et deux sculptures de l’artiste allemand, créées entre 1972 et 2022, avec des œuvres de maîtres anciens sur le thème de la nudité.

Enfin, à Londres, les Serpentine Galleries proposeront une rétrospective des sculptures de l’artiste du 7 octobre 2023 au 24 janvier 2024.

A.L.

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