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Exposition : quelle société à l’heure de l’intelligence artificielle ?

Heather Dewey-Hagborg und Chelsea E. Manning, Probably Chelsea, 2017

Heather Dewey-Hagborg und Chelsea E. Manning, « Probably Chelsea », 2017. Vue de l’installation, Fridman Gallery, New York, Courtesy Fridman Gallery et Heather Dewey-Hagborg, © Kunstmuseum Stuttgart/ Paula Abreu Pita

14.02.2023 - Article

À Stuttgart, une exposition explore la manière dont l’intelligence artificielle (IA) change notre manière de faire la société. Huit artistes contemporains sondent les espoirs qu’elle soulève et les interrogations qu’elle ouvre.

Assistants vocaux, ChatGPT et demain, voiture autonome : depuis quelques années, l’intelligence artificielle (IA) imprègne notre quotidien. Basée sur des algorithmes, elle influence notre vie politique, économique et sociale, de manière visible ou invisible. Elle soulève les plus grands espoirs. Elle suscite aussi des réserves, notamment lorsqu’elle interroge les fondements anthropologiques ou symboliques de nos sociétés. Forts de ce constat, le Musée d’art de Stuttgart et le musée Marta Herford, en Westphalie, ont décidé de réunir les travaux de huit artistes contemporains portant sur cette technologie clé du 21e siècle. Chacun à leur manière, ils ouvrent des perspectives originales sur les transformations que l’intelligence artificielle induit dans nos sociétés.

L’exposition est présentée au Musée d’art de Stuttgart jusqu’au 21 mai 2023. Elle s’intitule « SHIFT. L’IA et une communauté future ». Le terme « shift » (en anglais déplacer, décaler, bouger) en résume l’idée maîtresse : les technologies numériques modifient durablement la notion d’une communauté basée sur la coopération entre l’être humain, la nature et la technologie.

Un dialogue entre l’art contemporain et la science

L'exposition organise un dialogue riche et original entre l’art et la science. Les artistes abordent les enjeux liés à l’intelligence artificielle dans leur complexité tout en les rendant concrets pour le public. Ils interrogent, par exemple, les différences entre corporéité réelle et artificielle, la surveillance numérique, l’intelligence biologique, les formes de vie hybrides, les rapports de pouvoir au sein de la société, les technologies du langage, l’aspiration à l’immortalité ainsi que les questions de responsabilité éthique dans le rapport à l’IA.

L'artiste allemande Louisa Clement explore ainsi la transformation de l’humanité qui résulte de l’interpénétration des monde analogique et numérique. Dans son cycle « Repräsentantinnen  » (2021), elle met en scène des poupées sexuelles à son effigie, qui possèdent sa propre voix et qu’elle a « nourries » de données personnelles. Au contact du public, ces robots humanoïdes développent leurs compétences linguistiques. Finalement, ils échappent au contrôle de leur créatrice.

Quand l’IA fait parler les momies

L’Autrichien Christian Kosmas Mayer, de son côté, présente plusieurs œuvres tournant autour de la question de l’immortalité. Le visiteur qui découvre son installation « Maa Kehru » (2021-22) a ainsi la surprise d’entendre la voix d’une momie égyptienne vieille de 2000 ans, reconstituée par l’artiste grâce à l’IA.

Mayer a également passé au filtre de l’IA les portraits historiques réalisés au 19e siècle par William H. Mummler (1932-1884). Le photographe américain avait utilisé une technique de double exposition en espérant faire apparaître des esprits sur ses clichés. L’artiste autrichien, lui, a redonné vie aux portraits en projetant ses propres mouvements du visage sur les photos.

Ailleurs, c’est au tour de l’Américaine Heather Dewey-Hageborg de faire varier les images de l’humain grâce à l’IA. Elle présente notamment l’installation « Probably Chelsea » (2017). À l’aide d’un échantillon d’ADN, elle y décline 30 portraits possibles de la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, ancienne militaire de l’armée américaine et spécialiste d’informatique, condamnée en 2013 aux États-Unis pour avoir divulgué des documents secrets sur les activités des États-Unis en Irak et en Afghanistan.

La liste est longue des potentialités ouvertes par l’intelligence artificielle. Une chose est sûre : le Musée d’art de Stuttgart n’a pas oublié qu’il était lui-même situé dans une région phare du développement de l’intelligence en Allemagne. Un vaste programme accompagne l’exposition. Il a été élaboré en coopération avec le Centre des technologies de simulation (SC SimTech) de Stuttgart et la Cyber Valley de Stuttgart/ Tübingen.
A.L.

SHIFT. KI und eine zukünftige Gemeinschaft
(SHIFT. L’IA et une communauté future)
Exposition au Musée d’art de Stuttgart jusqu’au 21 mai 2023

En savoir plus (en allemand)

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