Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères

Il y a 25 ans disparaissait l’écrivain Ernst Jünger

L’écrivain Ernst Jünger

L’écrivain Ernst Jünger, © picture alliance / Akg-images / J. Violet

16.02.2023 - Article

Rendu célèbre par son récit de la Grande guerre, « Orages d’acier », il a traversé le XXe siècle. Son œuvre, encensée ou controversée, est le reflet de ces temps troublés et complexes. L’écrivain Ernst Jünger s’est éteint le 17 février 1998, il y a 25 ans.

François Mitterrand, qui aimait surprendre, confiait qu’il avait de l’admiration et de l’amitié pour lui. D’Ernst Jünger (1895-1998), l’ancien président français disait qu’il était « le grand poète de notre époque », et un homme qui était « toujours resté libre ». Francophile et francophone, l’écrivain était d’ailleurs présent à Verdun le 22 septembre 1984, lorsque François Mitterrand et Helmut Kohl se sont tendu la main de la « réconciliation par-delà les tombeaux ». Rendu célèbre en 1920 par son roman sorti des tranchées « Orages d’acier », Ernst Jünger a traversé le XXe siècle. Il s’est éteint il y a 25 ans, le 17 février 1998, à l’âge de 102 ans.

Une grande plume témoins de temps troublés

Le jour de sa mort, les hommages ont afflué d’Allemagne comme de France. Son œuvre est appréciée dans l’Hexagone. Peut-être même plus qu’en Allemagne où, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Ernst Jünger est encensé par les uns et décrié par les autres.

Au moment du centenaire de la Grande guerre, l’écrivain Bernard Maris avait ainsi eu l’idée de confronter les récits de guerre d’Ernst Jünger et de Maurice Genevoix (« L’homme dans la guerre. Maurice Genevoix face à Ernst Jünger », 2013). Il avait identifié de nombreuses similitudes entre l’Allemand et le Français : tous deux jeunes lieutenants, amoureux des lettres de l’autre pays, blessés le même jour durant la bataille des Eparges, et tous deux révélés par leur récit de la monstruosité de la guerre. Il avait aussi noté qu’Ernst Jünger avait une vision plus idéaliste et chevaleresque de la guerre, et que son écriture s’efforçait de la sublimer.

Eduqué dans l’Allemagne wilhelminienne, Ernst Jünger a fréquenté après la Première Guerre mondiale les cercles nationaux conservateurs sous la République de Weimar. Les nazis n’ont obtenu que son mépris. Sous le IIIe Reich, il s’est retiré à la campagne. En 1939 est paru « Sur les falaises de marbre ». Ce chef-d’œuvre court et poétique, situé dans un cadre intemporel, a été interprété comme une protestation contre l'hitlérisme.

Ses journaux de guerre publié en version intégrale

Ernst Jünger, officier de la Wehrmacht, en 1939
Ernst Jünger, officier de la Wehrmacht, en 1939© picture alliance / akg-images

Officier de réserve, Ernst Jünger a retrouvé l’uniforme en 1939. Avec le grade de capitaine, il a participé à la campagne de France, puis intégré l’état-major de la Wehrmacht à Paris. Il fait le récit de ces années dans ses journaux de guerre, qui viennent de paraître en Allemagne en version intégrale sous le titre « Strahlungen. Die Tagebücher des Zweiten Weltkriegs und der Nachkriegszeit (1939-1948) » (« Rayonnements. Les journaux de la Seconde Guerre mondiale et de l’après-guerre, 1939-1948, Klett-Cotta Verlag, Stuttgart 2022).

Après la guerre, Ernst Jünger a vécu retiré dans sa maison de Haute-Souabe. Il s’est adonné à sa passion de l’entomologie. Il a également donné un nouvel élan à son œuvre à travers des récits de fiction, où le réel s’enrichit des mondes oniriques et de l’imaginaire.
A.L.

Retour en haut de page