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Festival : la philosophie, miroir d’un monde en mutation

Le festival de philosophie Phil.Cologne se déroule à Cologne du 6 au 13 juin 2023

Le festival de philosophie Phil.Cologne se déroule à Cologne du 6 au 13 juin 2023, © picture alliance / Panama Pictures | Dwi Anoraganingrum

13.06.2023 - Article

La 11e édition du festival de philosophie Phil.Cologne s’achève à Cologne. Liberté, démocratie, climat, intelligence artificielle : des intellectuels, auteurs et acteurs ont croisé leurs analyses pour offrir la radioscopie d’une société en mutation.

Comment les institutions peuvent-elles répondre à la crise démocratique ? Dans quelle mesure sommes-nous condamnés à être libres ? La philosophie peut-elle dépasser ses origines occidentales ? Peut-on encore être sincèrement optimiste dans une époque traversée par les crises ? Telles sont quelques-unes des interrogations qui ont animé le festival Phil.Cologne, du 6 au 13 juin. Le premier festival de philosophie d’Allemagne a exploré les grandes questions de nos contemporains en confrontant les perspectives de philosophes, d’auteurs et d’acteurs venus d’horizons variés. La quarantaine de débats proposée s’est faite le miroir d’un monde en mutation.

Ouverture du festival, mercredi 6 juin, par un débat avec le philosophe slovène Slavoj Zizek
Ouverture du festival, mercredi 6 juin, par un débat avec le philosophe slovène Slavoj Zizek© picture alliance / Panama Pictures | Dwi Anoraganingrum

À l’heure de la multiplication des crises, le monde a soif de compréhension et de débats. Le succès de Phil.Cologne en témoigne. Lancé il y a onze ans sur le modèle du festival de littérature Lit.Cologne, le rendez-vous philosophique des bords du Rhin s’est imposé dans le paysage intellectuel. Cette année encore, il a accueilli plusieurs personnalités : la Prix Nobel de littérature Olga Tokarczuk, les philosophes Peter Sloderdijk et Slavoj Zizek, l’ingénieur forestier et écrivain Peter Wohlleben, le ministre de l’Économie et de la Protection du Climat, Robert Habeck. Et, last but not least : le chancelier Olaf Scholz, premier chef de gouvernement à prendre part aux débats.

Olaf Scholz présent pour la première fois

Olaf Scholz a discuté avec le philosophe allemand Axel Honneth d’un thème qui touche de près l’actualité : le rapport entre le travail et la démocratie. La philosophe Hannah Arendt avait identifié l’agir, autrement dit le pouvoir de transformation politique, et non le travail comme étant l’activité centrale du peuple en tant que souverain démocratique.

L’heure ne serait-elle pas venue d’entendre son exhortation face à la crise démocratique actuelle, s’est interrogé Axel Honneth, auteur d’un livre intitulé « Der arbeitende Souverän ». Mais comment y parvenir quand la normalité rive le travailleur à son travail 40 heures par semaine ? Question stimulante qui relie les deux grands débats brûlants de la crise de la démocratie et de la revendication montante d’un meilleur équilibre entre vie et travail, par exemple via la semaine de quatre jours. Le chancelier a pris le temps d’y répondre. Tout en se confiant sur son propre rapport « totalement atypique » au travail. La fonction de chancelier, a-t-il exposé, revient à travailler presque 24 heures sur 24, week-ends compris.

Crise de la démocratie, rapport à la liberté, questions de société

La crise de la démocratie, la montée de l’extrême droite et de l’antisémitisme, le rôle des réseaux sociaux, les fake news, la cancel culture (culture de l’effacement) ont figuré parmi les grands thèmes de la 11e édition du festival Phil.Cologne. Mais l’éventail était encore beaucoup plus large. Quel rapport entretenir à la liberté, individuelle et collective ? Comment penser l’avenir ? L’observation de la nature, des arbres aux primates, peut-elle éclairer nos débats de société, par exemple sur le respect de la biodiversité ou sur les rapports hommes-femmes ? A-t-on le droit d’être optimiste ? L’intelligence artificielle va-t-elle révolutionner la société de la connaissance ? Et si oui, quel sera le rôle de l’être humain dans une culture dominée par l’intelligence de la machine ?

Questions fondamentales, débats de société et perspectives originales se sont entremêlés pendant six jours, à Cologne. Jamais le programme n’avait été aussi riche, ont indiqué les organisateurs. Prendre du recul et faire un pas de côté est utile dans les moments de crises, de tension, de déstabilisation, d’intensité. Le public l’a bien compris.

Des fenêtres pour réinventer l‘avenir

Certains auteurs ont ainsi proposé au public des ouvertures stimulantes. La philosophe Anke Graneß, par exemple, a brossé un étonnant tableau de la philosophie en Afrique, de l’Égypte ancienne à la diaspora africaine contemporaine. Elle s’est interrogée sur notre rapport aux traditions de pensées issues de sociétés orales et aux différentes pratiques philosophiques dans la perspective d’une transformation globale.

Le sinologue Daniel Leese, auteur de « Chinesisches Denken der Gegenwart », a discuté avec le philosophe Markus Gabriel de la montée du rôle de la Chine, en intégrant la question du rapport de l’homme et de l’État, de l’universalisme et du Nouveau réalisme, etc.

Enfin, le prospectiviste Matthias Horx s’est appuyé sur l’histoire des grandes mutations, de la Renaissance aux Lumières, pour s’interroger : comment sortir du réflexe de la réaction panique qui aggrave les crises pour réinventer l’avenir en nous-mêmes ?

A.L.

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