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« Donner aux générations futures une chance de connaître la paix et la prospérité »

L’ambassadrice Antje Leendertse à New York

L’ambassadrice Antje Leendertse à New York, © picture alliance/dpa

15.09.2023 - Article

Entretien avec l’ambassadrice Antje Leendertse, représentante permanente de l’Allemagne auprès des Nations Unies, à propos de l’évolution du rôle de son pays après 50 années d’adhésion aux Nations Unies.

Madame l’Ambassadrice, l’Allemagne célèbre ce mois-ci le 50e anniversaire de son adhésion aux Nations Unies. Comment le rôle de l’Allemagne au sein des Nations Unies a-t-il évolué ces dernières décennies et en quoi consiste-t-il aujourd’hui ?

Il y a eu un changement majeur : de deux adhésions, il n’en reste plus qu’une. Le 18 septembre 1973, les drapeaux des deux États allemands avaient été hissés pour la 1e fois aux Nations Unies, à New York. Aujourd’hui, fort heureusement, seul le drapeau de l’Allemagne réunifiée flotte au-dessus de l’East River. Pendant la confrontation des blocs de la Guerre froide et au lendemain des souffrances indicibles que l’Allemagne avait infligées à des millions de personnes pendant la Seconde Guerre mondiale, notre rôle au sein des Nations Unies était plus limité qu’aujourd’hui. Certes, dès le début, les droits de l’homme étaient déjà l’une de nos principales préoccupations. Mais d’autres axes, comme notre participation active à des missions de maintien de la paix, ne se sont développés qu’au cours des dernières décennies. Aujourd’hui, l’Allemagne est devenue un acteur central au sein des Nations Unies. Nous voulons être un pilier du multilatéralisme, pas seulement sur le plan financier, en tant que principal donateur, mais aussi dans les domaines politique et stratégique. La mission que se fixe la Loi fondamentale de servir la paix dans le monde n’a d’ailleurs pas changé.

L’Allemagne œuvre en faveur d’un renforcement des Nations Unies. Quelles sont, selon vous, les changements possibles face aux crises mondiales et à la division grandissante que connaît la communauté internationale ?

Il est vrai que la guerre d’agression russe contre l’Ukraine ne représente pas un changement d’époque pour l’Allemagne seulement. Pour les Nations Unies également, la violation fondamentale de sa Charte fait trembler ses fondations. De plus, la pandémie et la crise climatique creusent de profonds sillons. C’est précisément pour cette raison que nous travaillons chaque jour avec encore plus d’ardeur dans le but de consolider les partenariats mondiaux avec les Nations Unies et en leur sein : des partenariats qui reposent sur des règles communes et sur le droit plutôt que sur l’arbitraire de la violence. Nous vivons une réalité multipolaire, mais cela ne signifie pas pour autant que la division du monde se durcit automatiquement. C’est précisément maintenant que nous devons concilier multipolarité et multilatéralisme. Et nous devons essayer sérieusement de pallier les inégalités et les vulnérabilités croissantes. Cela implique de défendre résolument l’Agenda 2030 et ses objectifs de développement qui sont mis à rude épreuve.

C’est précisément maintenant que nous devons concilier multipolarité et multilatéralisme.

L’ambassadrice Antje Leendertse

Il est également question de réformer le droit international. Du point de vue de l’Allemagne, qu’est-ce qui doit changer ?

La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock intervient lors d’une réunion des Nations Unies à New York
La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock intervient lors d’une réunion des Nations Unies à New York© orian Gaertner/photothek.de

Tout d’abord, il faut tout faire pour que le droit international et les institutions, qui jouent un rôle central dans son application et sa protection, ne soient pas vidés de leur substance. Cela concerne de nombreux aspects : nous avons veillé à ce que l’Assemblée générale condamne toujours sans ambiguïté la guerre d’agression menée par la Russie. Nous apportons un soutien concret aux instances nationales et internationales, par exemple à la Cour pénale internationale, pour mener les enquêtes nécessaires afin que les criminels rendent un jour des comptes. Et la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock se mobilise pour combler une lacune dans les sanctions pénales prévues par le droit international public concernant le crime d’agression. Cela va du soutien à un tribunal spécial dans le contexte ukrainien à des modifications pratiques du Statut de Rome.

L’Allemagne mène les négociations du Sommet de l’avenir des Nations Unies en coopération avec la Namibie. Qu’attendez-vous de ce rendez-vous qui aura lieu en 2024 ?

Le Sommet de l’avenir sera l’aboutissement d’un mandat donné en 2020 par tous les chefs d’État et de gouvernement à l’occasion du 75e anniversaire des Nations Unies à son secrétaire général, António Guterres. Ils lui avaient alors demandé d’identifier les lacunes du système multilatéral existant et de formuler des recommandations pour des solutions futures. En d’autres termes, nous étions dès le début d’accord sur le fait que nous avions un besoin urgent de changement. C’est ce qu’a concrétisé António Guterres avec la feuille de route intitulée « Notre programme commun ». Désormais, la balle est dans le camp des États membres jusqu’en septembre 2024 pour forger un Pacte commun pour l’avenir. La crise climatique, la guerre, la pandémie, la révolution numérique nous obligent à redéfinir les règles et institutions de notre coopération et à les rendre plus équitables. Aux côtés de la Namibie, l’Allemagne s’est vue confier la responsabilité d’animer ce processus exigeant. Nous sommes donc aux premières loges pour voir des forces centrifuges s’exercer, mais aussi pour constater qu’une grande partie des États veulent préserver et véritablement renforcer le système.

Vous êtes la représentante permanente de l’Allemagne auprès des Nations Unies à New York depuis septembre 2021. Quel regard portez-vous sur le mandat que vous avez accompli jusqu’à présent et quels sont vos objectifs pour l’avenir ?

Nous faisons face à la plus grande crise politique de sécurité de ces dernières décennies. Pour moi, réagir à cette crise avec détermination, mais aussi avec sagesse et pondération, représente - en particulier pour les Nations Unies - un immense défi. Depuis le 24 février 2022, date de lancement de l’agression russe, le « business as usual » n’existe plus, et encore moins au Conseil de sécurité, dont les dysfonctionnements sont de plus en plus flagrants. Dans cette situation, nous ne devons pas hésiter à dire les choses, car face à la violence pure et dure, nous ne pouvons pas nous taire. Cela dit, une attitude ferme ne doit pas être synonyme de blocage ou d’une vision étriquée. Dans mon travail, la justice en matière de développement, la solidarité climatique, l’égalité des sexes restent des questions essentielles car l’objectif est de donner aux générations futures une chance de connaître la paix et la prospérité.

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« Gemeinsamen Pakt für die Zukunft schmieden »

Antje Leendertse, ständige Vertreterin Deutschlands bei den Vereinten Nationen, über die veränderte Rolle des Landes nach 50 Jahren UN-Mitgliedschaft.

Botschafterin Antje Leendertse in New York © picture alliance/dpa

Frau Botschafterin Leendertse, im September jährt sich der Beitritt Deutschlands zu den Vereinten Nationen zum fünfzigsten Mal. Wie hat sich Deutschlands Rolle in den UN in den vergangenen Jahrzehnten verändert und wie sieht sie heute aus?

Eine Veränderung ist offensichtlich: Aus zwei wurde eins. Am 18. September 1973 wurden noch die Flaggen zweier deutscher Staaten das erste Mal bei den UN in New York gehisst. Nun weht glücklicherweise nur noch die Fahne des wiedervereinigten Deutschlands am East River. Die deutsche Rolle bei den UN war in der Blockkonfrontation des Kalten Kriegs und kurz nach dem unsäglichen Leid, das Deutschland während des Zweiten Weltkriegs über Millionen von Menschen brachte, eingeschränkter als heute. Natürlich war der Einsatz für Menschenrechte von Anfang an ein wichtiges Anliegen. Aber andere Felder, wie unser aktives Engagement in Peacekeeping-Missionen, entwickelten sich erst in den vergangenen Jahrzehnten. Heute ist Deutschland eine zentrale Kraft in den Vereinten Nationen, wir möchten ein Pfeiler des Multilateralismus sein, nicht nur finanziell als ein führender Geber, sondern politisch und konzeptionell. Unverändert blieb übrigens der Auftrag aus dem Grundgesetz, dem Frieden der Welt zu dienen.

Deutschland setzt sich für eine Stärkung der Vereinten Nationen ein. Welche Chancen sehen Sie für Veränderungen angesichts der weltweiten Krisen und einer teilweise eher zunehmenden Spaltung der Weltgemeinschaft?

Es stimmt, der russische Angriffskrieg gegen die Ukraine ist nicht nur für Deutschland eine Zeitenwende. Auch bei den Vereinten Nationen rüttelt der fundamentale Bruch der UN-Charta an Grundfesten. Zusätzlich ziehen Pandemie und Klimakrise tiefe Furchen. Gerade deswegen arbeiten wir jeden Tag umso stärker daran, dass wir in und mit den UN globale Partnerschaften vertiefen. Partnerschaften, die auf gemeinsamen Regeln und Recht statt auf der Willkür von Gewalt fußen. Wir haben eine multipolare Realität, aber das heißt eben nicht, dass sich automatische eine Spaltung der Welt zementiert. Unsere Aufgabe ist es gerade jetzt, Multipolarität und Multilateralismus zusammenzuführen. Und unsere Aufgabe ist es, ernsthaft zu versuchen, die wachsenden Ungleichheiten und Verwundbarkeiten auszugleichen. Dazu gehört, dass wir uns für die Agenda 2030 mit den nachhaltigen Entwicklungszielen, die sehr unter Druck stehen, stark machen.

Unsere Aufgabe ist es gerade jetzt, Multipolarität und Multipluralismus zusammenzuführen.
Botschafterin Antje Leendertse

Diskutiert wird auch eine Reform des Völkerrechts. Was muss sich aus Sicht Deutschlands ändern?

Erst einmal gilt es, alles dafür zu tun, dass das Völkerrecht und die Institutionen, die zu dessen Umsetzung und Schutz zentral sind, nicht ausgehöhlt werden. Das hat viele Facetten: Wir haben uns dafür eingesetzt, dass die Generalversammlung immer wieder in großer Klarheit Russlands Angriffskrieg verurteilt. Wir unterstützen nationale und internationale Stellen, zum Beispiel den Internationalen Strafgerichtshof, ganz praktisch darin, die notwendigen Ermittlungen zu führen, damit die Täter zur Rechenschaft gezogen werden können. Und Außenministerin Annalena Baerbock setzt sich dafür ein, eine Strafbarkeitslücke im Völkerrecht in Bezug auf das Verbrechen der Aggression zu schließen. Das umfasst die Unterstützung für ein Sondertribunal im Ukraine-Kontext wie auch praktische Veränderungen am Römischen Statut.

Außenministerin Baerbock spricht bei einer UN-Sitzung in New York © picture alliance / newscom

Gemeinsam mit Namibia leitet Deutschland die Verhandlungen für den « Summit of the Future ». Was versprechen Sie sich von dem UN-Zukunftsgipfel 2024?

Seinen Ausgangspunkt hat der Zukunftsgipfel in einem Auftrag aller Staats- und Regierungschefs, als sie zum75. Jahrestag der UN im Jahr 2020 den UN-Generalsekretär António Guterres baten, die Lücken im bestehenden multilateralen System zu benennen und Empfehlungen für Zukunftslösungen zu geben. Das heißt, bereits am Anfang stand die Übereinkunft, dass wir dringend Veränderungen brauchen. António Guterres hat das mit dem grundlegenden Fahrplan « Our Common Agenda » eingelöst. Jetzt ist der Ball bis September 2024 wieder bei den Mitgliedsstaaten, daraus einen gemeinsamen Pakt für die Zukunft zu schmieden. Klimakrise, Krieg, Pandemie, die digitale Revolution zwingen uns, die Regeln und Institutionen unserer Zusammenarbeit neu zu vermessen und gerechter aufzustellen. Deutschland hat zusammen mit Namibia die Verantwortung übertragen bekommen, diesen anspruchsvollen Prozess zu moderieren. Wir bekommen daher hautnah mit, wie Fliehkräfte wirken, aber eben auch, dass ein Großteil der Staaten das System erhalten und ernsthaft stärken will.

Sie sind seit September 2021 Ständige Vertreterin Deutschlands bei den Vereinten Nationen in New York. Wie blicken Sie auf Ihre bisherige Amtszeit zurück und was haben Sie sich für die Zukunft vorgenommen?

Wir stehen in der größten sicherheitspolitischen Krise der letzten Jahrzehnte. Als eine Herausforderung speziell bei den Vereinten Nationen erlebe ich es, darauf so entschlossen wie auch klug und abgewogen zu reagieren. Es gibt seit dem 24. Februar 2022, dem russischen Angriff, kein « business as usual » mehr, schon gar nicht im Sicherheitsrat, dessen Dysfunktionalitäten immer deutlicher werden. In dieser Situation dürfen wir klare Worte nicht scheuen, gegen blanke Gewalt hilft kein Leisetreten. Aber robustes Auftreten darf nicht zu Blockade und Tunnelblick führen. Entwicklungsgerechtigkeit, Klimasolidarität, Gleichberechtigung der Geschlechter bleiben entscheidende Fragen in meiner Arbeit, damit künftige Generationen eine Chance auf Frieden und Wohlstand haben.

© www.deutschland.de

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