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L’Asie du Sud-Est, une région d’avenir avec, d’une part, de dangereuses tensions en mer de Chine méridionale et, d’autre part, des opportunités en tant que centre économique du monde

Rencontre de a ministre des Affaires étrangères allemande avec Mohamad Hasan, ministre des Affaires étrangères de la Malaisie

Rencontre de a ministre des Affaires étrangères allemande avec Mohamad Hasan, ministre des Affaires étrangères de la Malaisie, © Photothek.de

11.01.2024 - Article

L’Asie du Sud-Est bouillonne en termes d’économie. Elle recèle de formidables opportunités pour l’économie allemande. Des différends territoriaux en mer de Chine méridionale suscitent toutefois des tensions. Les points importants du voyage de la ministre fédérale Annalena Baerbock dans la région.

En se déplaçant aux Philippines, en Malaisie et à Singapour, la ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock rend visite à d’importants partenaires de l’Allemagne dans l’Indopacifique, une région d’avenir. Aujourd’hui, ASEAN, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, constitue d’ores et déjà le troisième partenaire commercial de l’UE. Ces pays gagnent en importance pour les investisseurs et s’établissent en tant que marchés. Ils sont donc aussi la clé pour résorber les dépendances au sein des chaînes d’approvisionnement, comme c’est le cas pour les semi-conducteurs. Ce déplacement apporte ainsi une pièce maîtresse à l’édifice pour donner corps aux objectifs des lignes directrices pour l’Indopacifique et à la Stratégie pour la Chine.

La cheffe de la diplomatie allemande a souligné à cet égard :

Plus de 10 000 kilomètres nous séparent des pays de l’ASEAN. Et pourtant, nous ressentons le bouillonnement économique de l’Asie du Sud-Est jusqu’en Europe, nous sommes conscients du rôle stratégique de cette région. Car elle se trouve dans l’épicentre de la croissance mondiale et est confrontée en parallèle à des courants politiques contraires toujours plus cinglants qui soufflent sur l’ordre international fondé sur des règles en mer de Chine méridionale.

Des tensions dangereuses en mer de Chine méridionale

Les États riverains de la mer de Chine méridionale, soit la Chine, le Viet Nam, la Malaisie, le Brunéi et les Philippines, entretiennent depuis plusieurs dizaines d’années des différends territoriaux. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) fixe en principe des règles claires qui valent pour tous, mais elles font l’objet d’une pression croissante. La Chine se montre de plus en plus offensive et elle revendique pour elle de grandes étendues de mer, qui s’étirent parfois jusqu’aux côtes des autres États riverains. La Cour permanente d’arbitrage à La Haye a pourtant indiqué dans sa sentence en 2016 que de telles revendications n’ont aucun fondement juridique en droit international. La situation s’est fortement aggravée l’année dernière. Les garde-côtes chinois ont notamment employé des lasers et des canons à eau contre des navires philippins au sein de la zone économique exclusive des Philippines, ils ont installé des barrières flottantes et mené des opérations pour tenter d’éblouir et de repousser les Philippins.

De tels événements viennent démontrer que la libre circulation maritime et la sécurité des chaînes d’approvisionnement peuvent facilement être compromises, ce qui se répercute sur le développement économique mondial et donc aussi sur l’Europe. Environ un tiers des échanges maritimes commerciaux internationaux traversent en effet la mer de Chine méridionale, qui occupe une surface près de dix fois plus grande que l’Allemagne.

L’Allemagne et l’Asie du Sud-Est ne sont pas liées uniquement par d’étroites relations économiques. Nous sommes aussi unies parce que nous défendons conjointement des règles claires de coexistence entre les États.
Annalena Baerbock

L’Allemagne s’engage aux côtés de ses partenaires d’Asie du Sud-Est pour un règlement pacifique des différends fondé sur le droit international et consolide sa coopération en matière de politique de sécurité sur place. Mme Baerbock abordera également ce sujet lors de son déplacement.

Les Philippines, un État insulaire d’Asie du Sud-Est avec lequel les relations bilatérales reprennent

La ministre Annalena Baerbock en conversation avec Maria Ressa, journaliste et lauréate du Prix Nobel de la paix, ainsi qu’avec Leila de Lima, une ancienne sénatrice
La ministre Annalena Baerbock en conversation avec Maria Ressa, journaliste et lauréate du Prix Nobel de la paix, ainsi qu’avec Leila de Lima, une ancienne sénatrice© Dominik Butzmann/AA/photothek.de

Les Philippines sont un État insulaire d’Asie du Sud-Est à l’extrémité occidentale de l’Océan Pacifique. Le pays compte 114 millions d’habitantes et d’habitants et plus de 7 600 îles. Depuis le début de son mandat le 30 juin 2022, le président Ferdinand Marcos a résolument engagé des réformes économiques, politiques et sociétales qui forment une base solide pour la coopération.

La ministre fédérale des Affaires étrangères discutera avec Maria Ressa, journaliste et lauréate du Prix Nobel de la paix, ainsi qu’avec Leila de Lima, une ancienne sénatrice, de la situation actuelle en matière de liberté de la presse, de droits humains et de démocratie aux Philippines. Mesdames Ressa et de Lima critiquaient les abus de pouvoir ainsi que l’autoritarisme croissant sous le régime de l’ancien président Rodrigo Duterte. Ce n’est qu’en novembre 2023 qu’elles ont été libérées sous caution après avoir passé près de sept ans en détention provisoire.

Lors d’un entretien avec son homologue Enrique Manalo, la cheffe de la diplomatie allemande discutera notamment du grand potentiel en matière de collaboration économique entre les deux pays. L’immigration de travailleurs qualifiés en est un exemple. L’Allemagne souhaite ici renforcer la coopération avec les Philippines et la ministre visitera également l’institut national de formation professionnelle TESDA. Elle a ainsi souligné :

La coopération de nos travailleurs qualifiés recèle aussi un potentiel considérable. Des milliers de soignantes et soignants philippins sont ainsi déjà indispensables sur le marché du travail allemand. Il est très important pour moi de découvrir comment nous pouvons continuer à apprendre les uns des autres et renforcer notre collaboration.

La Malaisie, le premier partenaire commercial de l’Allemagne en Asie du Sud-Est

La Malaisie est le principal partenaire commercial de l’Allemagne parmi les pays de l’ASEAN. Plus de 700 entreprises allemandes y sont implantées. Nous partageons également des intérêts communs en matière de transition écologique. Bien qu’elle dispose de ses propres réserves en pétrole et en gaz, la Malaisie souhaite devenir un centre pour les énergies renouvelables en Asie du Sud-Est. Le développement de la coopération politique et économique sera au cœur des entretiens de la ministre des Affaires étrangères allemande avec le premier ministre Anwar Ibrahim et le nouveau ministre des Affaires étrangères Mohamad Hasan.

Dans ce contexte, Mme Baerbock a souligné :

La Malaisie est notre principal partenaire commercial en Asie du Sud-Est et joue depuis de nombreuses années un rôle essentiel en termes d’investissement pour les entreprises allemandes ; il s’agit d’un moteur d’avenir pour la diversification des chaînes d’approvisionnement dont nous avons tant besoin. Par ailleurs, il m’importe particulièrement de mieux comprendre la perspective d’un pays essentiellement musulman vis-à-vis de la guerre au Proche-Orient ; ainsi que de promouvoir notre point de vue.

La ministre s’entretiendra à cet effet avec des représentantes des organisations musulmanes « Sisters in Islam  », ABIM et IKRAM. Il sera principalement question du rôle de la femme dans une société musulmane où le droit de la famille est particulièrement influencé par la Charia.

Singapour, le centre névralgique de l’infrastructure du monde et un centre financier et commercial mondial

Avec une surface totale de 726 km², Singapour est plus petite que Berlin (892 km²), mais son PIB par habitant de 82 808 dollars américains en 2022 en fait le pays le plus riche d’Asie du Sud-Est. Cela est notamment dû au port, qui est le deuxième plus grand port de conteneurs au monde après celui de Shanghai. Singapour est un site très attractif pour les 2 200 entreprises allemandes implantées dans la région.

Il ne s’agit pas seulement en termes d’économie d’un partenaire essentiel en Asie du Sud-Est. Sur le plan politique aussi, il existe un vaste consensus, notamment en ce qui concerne la position vis-à-vis de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, la situation au Proche-Orient ou encore la politique climatique. Singapour est le seul État de la région à avoir adopté des sanctions à l’encontre de la Russie dans le cadre de la guerre d’agression contre l’Ukraine. Le pays mise comme nous sur un ordre international fondé sur des règles ainsi que sur le multilatéralisme.

La ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock a déclaré à ce sujet :

En tant que centre névralgique de l’infrastructure mondiale dont dépendent les économies tournées vers l’exportation telles que l’Allemagne, Singapour ouvre la porte sur le monde. On y retrouve également différentes cultures et idéologies. Grâce à son caractère cosmopolite et à ses relations étroites avec la Chine, cette ville-état est une très précieuse médiatrice.

La cheffe de la diplomatie allemande discutera sur place avec son homologue Vivian Balakrishnan.

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