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Discours de la ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock au sujet de la situation en Ukraine à l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU
Le représentant de la Russie a demandé pourquoi nous, les Européennes et Européens, étions ici aujourd’hui. Je vais vous répondre.
J’ai eu la chance de passer toute ma vie dans une Europe en paix, comme des millions de personnes de ma génération. La raison pour laquelle nous sommes aujourd’hui ici, c’est que vous – la Russie – avez mis fin à cette paix qui régnait en Europe. Vous avez mis fin à l’ordre de paix européen sur le continent que nous partageons.
Vous avez mis fin à la paix dont jouissaient des millions d’hommes, de femmes et d’enfants ukrainiens.
Des femmes telles qu’Anastasiia, une jeune mère qui a perdu le bas de sa jambe après avoir marché sur une mine russe. Elle veut retourner sur le front dès que possible.
Des femmes telles qu’Oksana, une chirurgienne qui a pris la décision d’opérer son propre père alors qu’il avait été blessé à Boutcha.
Des femmes telles que Ioulia, une jeune femme prise en otage par la Russie que j’ai rencontrée à Kyïv après qu’elle a été relâchée. Elle m’a adjurée : « Ne cédez pas face à Poutine ! »
Lorsque je pense à l’infâme guerre d’agression que la Russie mène à présent depuis deux ans contre l’Ukraine, je pense à Anastasiia, à Oksana, à Ioulia. Je pense aussi au courage et à la résilience de millions d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens qui sont conscients d’une chose : s’ils cessent de défendre leur pays, ce sera la fin de l’Ukraine.
Car ils sont témoins de ce que la brutale réalité de l’occupation russe signifie pour leurs compatriotes qui se trouvent dans l’Est de l’Ukraine, où des milliers d’enfants ont été déportés en Russie, comme Ioulia, et où des femmes et des hommes sont sauvagement violés, arrêtés et torturés.
Et pourtant, il y a toujours des voix qui réclament des négociations.
Mais Poutine, lui, montre chaque jour sans ambigüité que les négociations de paix ne l’intéressent pas.
Il n’a de cesse de faire référence à ses « conquêtes ».
La Russie, membre permanent de ce Conseil de sécurité, souhaite qu’un État souverain sacrifie son droit à l’existence.
Où irions‑nous si ce principe s’imposait, comme l’a si bien formulé le secrétaire général ?
Quel serait le prochain pays parmi nous à être attaqué par un vil voisin ?
Quels seraient les prochains enfants à être déportés ?
Quels seraient les fils à être abattus ?
Quelles seraient les filles à être violées ?
Si nous cédions, ce serait la fin de la Charte ; la fin de notre Charte.
C’est la raison pour laquelle nous ne faiblirons pas dans le soutien que nous accordons à l’Ukraine.
C’est la raison pour laquelle le gouvernement fédéral vient justement de signer un accord bilatéral de sécurité qui offre un soutien fiable et de longue durée à l’Ukraine. Nous nous tenons aux côtés de l’Ukraine – aussi longtemps que nécessaire.
Aux côtés d’hommes et de femmes telles qu’Anastasiia, Oksana et Ioulia.
Des hommes et des femmes qui défendent leur paix, notre paix, notre liberté ainsi que la Charte de nos Nations Unies.