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Le Parlement allemand fête ses 75 ans
Le Bundestag a célébré mardi ses 75 ans, avec la participation de l’ancien ministre Gerhard Baum, © picture alliance/dpa | Kay Nietfeld
Le Bundestag et le Bundesrat, chambre des länder, ont fêté cette semaine leur 75e anniversaire. Nées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les deux institutions incarnent la démocratie parlementaire allemande, son histoire, ses défis et sa résilience.
Le Bundesrat et le Bundestag ont célébré leur 75e anniversaire, le premier samedi dernier à Bonn, le second ce mardi à Berlin. Ils s’étaient constitués à quelques heures d’intervalle le 7 septembre 1949, trois mois après la proclamation de la Loi fondamentale. Ils incarnaient un nouveau départ après la période nazie et la refondation de la démocratie parlementaire en Allemagne. Aujourd’hui, il importe de préserver cet héritage, ont souligné les orateurs dans les deux assemblées.
« La démocratie ne va pas de soi », a souligné Manuela Schwesig, présidente du Bundesrat et ministre-présidente du land de Mecklembourg-Poméranie occidentale. « Nous devons la protéger et la défendre. Parfois aussi l’expliquer et la transformer ». La vocation du Bundesrat consiste, entre autres, à faire valoir la compétence qui émane des territoires, au-delà des camps partisans.
La force du compromis au service de solutions concrètes
Au Bundestag, à l’heure de la montée des extrêmes et du populisme, la présidente du Bundestag, Bärbel Bas, a mis en avant les vertus du compromis. « Beaucoup de gens ne font plus confiance à la politique pour trouver des solutions à leurs problèmes. Cela renforce ceux qui misent sur la colère et la peur, qui dénigrent notre pays et qui promettent des solutions simplistes », a-t-elle regretté.
« Utilisons la force du compromis pour trouver des solutions adéquates et solides dans l’intérêt de la population », a-t-elle plaidé. L’insatisfaction ne doit pas « être une raison de nous laisser aller à l’intransigeance ».
« En tant que responsables politiques, il nous est demandé de répondre aux doutes envers la démocratie en remédiant aux problèmes concrets » des citoyens. Et ce, « sans éveiller d’attentes que nous ne pourrions pas satisfaire, sans fausses solutions à la va-vite, sans céder à la fausse croyance qu’il suffirait de mieux expliquer nos mesures ».
L’ancien ministre de l’Intérieur Gerhard Baum et l’historienne Christina Morina ont exposé les défis auxquels est aujourd’hui confrontée la démocratie parlementaire. « La politique devrait prendre plus au sérieux les besoins des gens, se consacrer davantage [aux problèmes du] désespoir et de la solitude au sein de notre société, et montrer davantage de compassion », a plaidé M. Baum.
L’ancien responsable libéral, âgé de 91 ans, a souligné la valeur de la démocratie, après avoir rappelé les conditions de la naissance de la République fédérale. Il s’est, par ailleurs, inquiété de la montée des régimes autoritaires à travers le monde, et de la pression induite sur la démocratie libérale.
Gérard Larcher présent au Bundesrat
Lors de la cérémonie au Bundesrat, la chambre des länder, le président du Sénat français, Gérard Larcher, a apporté une note européenne au débat. Soulignant la force des relations franco-allemandes, il a appelé les deux pays à répondre, avec leurs partenaires européens, aux défis de l’islamisme, de l’antisémitisme et du populisme. Il les a appelés à rester fidèles à l’essence du fédéralisme et du bicamérisme : « la culture du compromis, la proximité avec le citoyen, la priorité donnée au pragmatisme plutôt qu’à l’idéologie, à l’éthique de la responsabilité plutôt qu’au préjugé ou à la passion ».
Résilience de la démocratie
Même en proie à de nouveaux défis, la démocratie parlementaire allemande n’en reste pas moins résiliente. C’est ce que montre sa longue histoire, comme l’a souligné Mme Bas. « Quels que soient les problèmes, n’oublions pas ce qu’en 75 ans nous avons toujours démontré : malgré l’âpreté des controverses, nous pouvons surmonter les crises », a-t-elle dit. « Notre démocratie est forte face à tous ceux qui veulent lui faire du tort ».
En 75 ans, à Bonn, puis à Berlin, le Bundestag a tenu 4 527 séances plénières, siégé 37 610 heures, entendu 177 813 discours, adopté 8 977 projets de loi et généré 173 043 pages de comptes-rendus de séance. Il a connu de grandes heures et surmonté bien des crises : joute verbale sur le réarmement allemand (février 1952), débat de 22 heures sur l’Ostpolitik (février 1972), débats tendus sur l’état d’urgence (1968), sur la loi sur l’IVG (1974), lors de la crise des euromissiles (1981) et sur le traité d’unification entre les deux Allemagne (1990).
A.L.