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Fin de la coalition tricolore : vers des élections anticipées en Allemagne ?
Le chancelier Olaf Scholz a annoncé mercredi le congédiement du ministre des Finances, Christian Lindner, provoquant la rupture de la coalition tricolore et ouvrant la perspective d’élections anticipées, © picture alliance / Jörg Carstensen | Joerg Carstensen
Sur fond de divergences, le chancelier Olaf Scholz a fait congédier le ministre des Finances, Christian Lindner. La plupart des ministres libéraux ont quitté le gouvernement. L’Allemagne se dirige-t-elle vers des législatives anticipées ?
La coalition tricolore a vécu. Après une série de différends, le chancelier Olaf Scholz a demandé mercredi au président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, de congédier le ministre fédéral des Finances, Christian Lindner, président du parti libéral démocrate (FDP). Deux des trois autres ministres libéraux ont demandé leur renvoi dans la foulée. Le gouvernement est désormais seulement composé des sociaux-démocrates (SPD) et des Verts. Minoritaire, il poursuit son travail, avec la perspective d’élections législatives anticipées au début de 2025.
C’est au cours des dernières semaines que les événements se sont précipités. L’impossibilité de dégager des compromis sur les marges de manœuvre budgétaires comme sur la stratégie de relance de l’économie ont abouti en début de semaine, à une série de réunions au sommet entre les dirigeants de la coalition, Olaf Scholz (SPD), le vice-chancelier, Robert Habeck (Verts), et Christian Lindner (FDP). Un comité de coalition était convoqué mercredi soir.
« Nous avons besoin d’un gouvernement capable d’agir »
Un peu après 21 heures, le chancelier Olaf Scholz est apparu devant les caméras de télévision. « Nous avons besoin d’un gouvernement capable d’agir, qui ait la force de prendre les décisions nécessaires pour notre pays », a-t-il déclaré, en annonçant le congédiement de M. Lindner.
Le chancelier a souligné la difficulté du contexte géopolitique et économique actuel. Marco Buschmann, ministre de la Justice, et Bettina Stark-Watzinger, ministre de l’Éducation et de la recherche, ont demandé dans la foulée à être demis de leurs fonctions.
Le président Steinmeier a procédé à leur renvoi jeudi, ainsi qu’à celui de M. Lindner. Le ministre des Transports, Volker Wissing, a préféré quitter le FDP et rester au gouvernement. Il endosse en supplément le portefeuille de la Justice. Jörg Kukies, conseiller économique du chancelier, a été nommé ministre des Finances. Le portefeuille de l’Éducation sera géré par le ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture, Cem Özdemir.
Adoption des textes urgents avant Noël
Malgré la rupture de la coalition tricolore, le gouvernement reste, en effet, au travail. D’ici à Noël, il soumettra au vote du Bundestag tous les projets de loi urgents. Il s’agit, selon M. Scholz, de la compensation de la progression à froid en matière fiscale, de la stabilisation du régime général des retraites, de la mise en œuvre des règles du régime d'asile européen commun et des mesures d’urgence pour l’industrie. Le Bundestag devra, par ailleurs, examiner le projet de loi de finances pour 2025 et un collectif budgétaire pour 2024.
Vote de confiance au Bundestag
Le chancelier envisage de poser la question de confiance au Bundestag le 15 janvier 2025. « Les membres du Bundestag pourront décider s’ils souhaitent ouvrir la voie à des élections anticipées », a annoncé Olaf Scholz mercredi.
Deux options se présenteront alors aux élus. Soit ils accordent leur confiance au chancelier, et celui-ci pourra poursuivre son travail à la tête d’un gouvernement rouge-vert minoritaire jusqu’aux élections législatives du 28 septembre 2025.
Soit ils refusent la confiance du Parlement. Dans ce cas, le président Frank-Walter Steinmeier pourra, sur proposition du chancelier, dissoudre le Bundestag dans un délai de 21 jours. La condition pour cela est que les députés n’aient pas élu de nouveau chancelier en votant une motion de défiance constructive. Des élections anticipées pourraient alors être convoquées « au plus tard d’ici à la fin mars », a indiqué M. Scholz. Le dernier à avoir recouru à cette procédure est le chancelier Gerhard Schröder, en 2005.
D’ici là, le gouvernement d’Olaf Scholz s’entretiendra avec le chef de l’opposition, Friedrich Merz. Un premier entretien de 25 minutes s’est déroulé jeudi. M. Merz a posé comme condition à sa coopération l’organisation immédiate d’un vote de confiance au Bundestag, sans attendre le début de l’année prochaine. Ainsi, le débat est engagé sur l’opportunité d’accélérer le calendrier. Les représentants de plusieurs partis et les partenaires sociaux y sont favorables.
A.L.