Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères
Olaf Scholz devant l’Assemblée générale de l’ONU : « La paix sans la liberté, c’est l’oppression »
Dans son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, le chancelier fédéral Olaf Scholz a affirmé sans ambiguïté : « C’est justement parce que cette guerre a des conséquences insupportables à l’échelle du globe qu’il est juste et bon que le monde entier participe lui aussi à la recherche de la paix. », © Bundesregierung/Bergmann
Dans son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le chancelier fédéral Olaf Scholz a mis en garde contre les « fausses solutions » pour rétablir la paix en Ukraine. Il a appelé au respect des principes de la Charte des Nations Unies.
Dans son discours prononcé mardi (heure locale de New York) lors de la 78e session de l’Assemblée générale de l’ONU, le chancelier fédéral Olaf Scholz a clairement affirmé au sujet de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine : « La paix sans la justice, on appelle cela un diktat. Il est temps que Moscou comprenne cela aussi. » Olaf Scholz a ajouté que le peuple ukrainien « combattrait pour sa vie et sa liberté, pour l’indépendance et l’intégrité territoriale de son pays, pour faire justement respecter les principes en faveur desquels nous nous sommes tous engagés par la Charte des Nations Unies ».
Les conséquences sont tout sauf régionales : « C’est justement parce que cette guerre a des conséquences insupportables à l’échelle du globe qu’il est juste et bon que le monde entier participe lui aussi à la recherche de la paix. », a déclaré le chancelier. Avec, en ligne de mire, une éventuelle fin du conflit, Olaf Scholz a précisé deux points dans son discours : « Dans le même temps, nous devons nous méfier des fausses solutions qui se veulent pacifiques mais qui ne le sont pas. La paix sans la liberté, c’est l’oppression. » La Russie porte la responsabilité de cette guerre. « Et c’est le président russe qui peut y mettre fin à tout moment, en donnant un seul ordre ».
Un anniversaire sous le signe de la guerre
Le discours du chancelier fédéral coïncide avec un anniversaire bien particulier : il y a 50 ans de cela, au mois de septembre, la République fédérale d’Allemagne et la République démocratique allemande étaient admises au sein de l’Organisation des Nations Unies. Pour l’Allemagne, « responsable de guerres terribles et de crimes odieux », cette étape s’est accompagnée de la possibilité de réintégrer la famille des peuples pacifiques. Cet anniversaire sera commémoré pendant la semaine de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Davantage de coopération basée sur des règles universelles
Dans le contexte de cet anniversaire, les paroles prononcées il y a 50 ans devant les Nations Unies par Willy Brandt, alors chancelier fédéral, sont toujours d’actualité : « Dans un monde où nous dépendons tous de plus en plus les uns des autres, la politique de paix ne saurait s’arrêter à notre seuil. » Aujourd’hui encore, le mot d’ordre ne va pas dans le sens d’une moindre coopération, mais au contraire d’une coopération plus importante, a déclaré le chancelier Scholz.
Au contraire de la situation 50 ans auparavant, il n’y a plus deux centres de pouvoir dans le monde, mais une multitude. Quiconque cherche à rétablir l’ordre dans ce monde multipolaire doit commencer par les Nations Unies, a expliqué le chancelier. Elles seules satisfont pleinement à l’exigence de représentation universelle et d’égalité souveraine entre tous.
À ceux pour qui les Nations Unies semblent souvent divisées et trop différentes dans leur composition, M. Scholz a fait remarquer que le blocus de quelques-uns ne doit pas éclipser le fait que « nous, la vaste majorité des États, sommes d’accord sur bien des points » parmi lesquels les « trois règles d’or universelles » :
- le non-recours à la violence comme moyen politique
- le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de tous les pays
- ainsi que le fait de reconnaître ces mêmes droits aux autres.
Les défis mondiaux de notre époque ne pourront être relevés que sur la base de ces principes.
Défis mondiaux : ne pas s’en tenir au statu quo
Pour trouver une solution aux défis mondiaux, l’Allemagne ne s’en tient pas au statu quo. En premier lieu, le chancelier a mentionné le changement climatique provoqué par l’homme. Au lieu d’« attendre les autres, nous devons tous ensemble faire plus pour atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris ». Olaf Scholz s’est dit ravi de constater que, depuis 2014, l’Allemagne a triplé sa contribution au financement de l’action climatique internationale, celle-ci étant aujourd’hui de six milliards d’euros. « Très attendu, c’est un signal important avant de faire le point à Dubaï en décembre. » Dans la perspective de la conférence mondiale sur le climat 2023 qui se tiendra à Dubaï, Olaf Scholz a préconisé de fixer des objectifs clairs en matière de développement des énergies renouvelables et d’amélioration de l’efficacité énergétique.
L’Allemagne est tout aussi ambitieuse concernant la réalisation des ODD, les objectifs de développement durable. « Il ne s’agit pas de choisir entre la protection du climat et le développement », a déclaré le chancelier qui souhaite donc « continuer d’accélérer et encourager la mise en œuvre du Programme 2030 » lors du Sommet de l’avenir 2024 des Nations Unies, que l’Allemagne prépare en coopération avec la Namibie.
Toutefois, des investissements sont également nécessaires pour conduire l’économie mondiale, l’approvisionnement énergétique et les infrastructures vers un avenir préservant les ressources et climatiquement neutre. L’Allemagne s’engage en faveur d’une « réforme des banques multilatérales de développement afin qu’elles puissent contribuer davantage au financement des biens publics mondiaux tels que la protection du climat et de la biodiversité ou la prévention des pandémies ».
Les structures de gouvernance mondiale seront mises à l’épreuve lors du sommet de réforme de l’ONU prévu pour septembre 2024. La progression dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030 sera au cœur des discussions.
Réforme : les Nations Unies doivent refléter la réalité d’aujourd’hui
À l’instar de l’Allemagne, les Nations Unies ne doivent pas s’en tenir au statu quo face aux défis mondiaux. Selon les termes de M. Scholz, elles doivent se tourner vers l’avenir, et notamment se pencher sur la problématique de savoir « comment permettre à l’humanité tout entière de tirer parti de l’innovation et du progrès technologique ».
Dans le même temps, les Nations Unies, elles aussi, doivent refléter la réalité d’un monde multipolaire : « À ce jour, elles ne le font pas assez. Cette situation n’est nulle part aussi flagrante que dans la composition du Conseil de sécurité », a constaté le chancelier. Il est évident que l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine méritent d’avoir plus de poids. Olaf Scholz préconise donc des négociations sans parti pris sur une réforme de l’ONU. Tout comme l’Allemagne, aucun pays ne devrait bloquer ces négociations en formulant des exigences trop élevées.
En attendant une telle réforme, l’Allemagne entend assumer ses responsabilités de membre non permanent du Conseil de sécurité. Olaf Scholz a donc lancé un appel afin que la candidature de l’Allemagne soit soutenue en 2027/2028.
Un programme bien rempli à New York
L’Assemblée générale de l’ONU a été précédée lundi d’un Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD). Mercredi, le chancelier assistera au Sommet sur l’ambition climatique organisé par le secrétaire général des Nations Unies et prononcera un bref discours lors d’une séance du Conseil de sécurité. Avant de rentrer en Allemagne, il recevra le « Global Citizen Award » du Conseil de l’Atlantique qui lui sera décerné dans la soirée.