Il est d’ores et déjà certain que ce deuxième hiver marqué par la guerre et l’agression russe qui se poursuit en Ukraine, le terrorisme du Hamas et la situation humanitaire à Gaza, la crise climatique ainsi que nos partenariats à travers le monde, qui vont au-delà de la lutte pour plus de justice climatique, resteront en 2024 également des domaines d’action essentiels en matière de politique étrangère. Mais la politique étrangère et de sécurité est souvent surtout dominée par les imprévus. Nos collègues au ministère fédéral des Affaires étrangères à Berlin comme dans nos représentations à l’étranger du monde entier continueront en 2024 en grande partie d’œuvrer à anticiper les évolutions et à développer de manière préventive des solutions aux enjeux mondiaux. Voici un résumé de ce qui aura aussi certainement un rôle à jouer en 2024.

Ensemble aux côtés de l’Ukraine : poursuivre résolument le soutien apporté avec nos partenaires

La Russie continue cet hiver également de bombarder de manière ciblée des infrastructures civiles afin de priver les Ukrainiennes et Ukrainiens de leurs moyens de subsistance pendant la période hivernale. Le gouvernement fédéral a donc mis en place un ensemble de mesures pour aider l’Ukraine à passer l’hiver et il prévoit de doubler l’aide militaire en 2024, une mesure qui portera cette dernière à huit milliards d’euros.

L’Ukraine se défend avec énormément de courage contre l’agression russe et c’est aussi notre liberté qu’elle défend : depuis avril 2022, le pays a libéré plus de la moitié du territoire occupé par la Russie. Les forces militaires ukrainiennes sont en outre parvenues au fur et à mesure à repousser la marine russe de l’autre côté de la mer Noire ainsi qu’à établir un couloir maritime sécurisé qui a déjà permis à plus de 200 navires d’exporter des céréales et d’autres marchandises vers les marchés mondiaux. Bien que l’Ukraine soit extrêmement sollicitée par la lutte défensive contre la Russie, elle a lancé une impressionnante série de réformes internes, permettant ainsi l’ouverture de négociations d’adhésion à l’UE.

Le gouvernement fédéral compte poursuivre sur cette lancée en 2024. L’Allemagne organisera en juin la conférence annuelle pour la reconstruction de l’Ukraine, dans le but de renforcer encore les liens entre reconstruction, réformes et processus d’adhésion à l’UE.

Israël et les territoires palestiniens : seule une solution à deux États permettra une paix durable

L’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier a infligé des souffrances terribles à Israël et a marqué une rupture pour l’ensemble du Proche-Orient. Outre le destin des otages qui se trouvent encore aux mains du Hamas, ce sont à présent les effroyables souffrances des habitantes et habitants gazaouis qui occupent la une de l’actualité, car le Hamas se retranche derrière la population civile de Gaza. La diplomatie de crise restera essentielle au cours de l’année à venir afin d’éviter un embrasement régional. L’Allemagne s’engage résolument en faveur de nouvelles pauses humanitaires afin de soulager les atroces souffrances de la population de Gaza ainsi que de lui apporter eau, aliments et médicaments. Nous recherchons dans le même temps à mener des échanges étroits avec nos partenaires arabes. Le Qatar et l’Égypte ont démontré leur rôle indispensable de facilitateurs. La Jordanie, les Émirats arabes unis ainsi que l’Arabie saoudite jouent eux aussi un rôle essentiel. D’autres acteurs se tiennent également à disposition pour apporter leur aide. La clé de la paix est sur place. Seule une solution à deux États établie sur la base de négociations permettra aux Israéliens et Palestiniens de vivre durablement dans la paix et la sécurité. Il ne faudra pas perdre cette perspective de vue en 2024.

L’OTAN célèbre ses 75 ans : préserver conjointement notre liberté et notre sécurité

L’OTAN est un pilier central de la politique de sécurité et de défense allemande. Forte de 31 membres actuellement, elle garantit notre sécurité et notre stabilité dans l’espace euro-atlantique. La Finlande est le dernier pays à avoir rejoint l’Alliance en avril 2023. La Suède suivra en 2024, après la ratification par la Turquie et la Hongrie.

L’année 2024 est marquée par le 75^e anniversaire de l’OTAN. C’est en 1949 que l’Alliance a été fondée à Washington, où se tiendra également le sommet anniversaire des chefs d’État et de gouvernement au mois de juillet.

La guerre d’agression russe contre l’Ukraine a fondamentalement transformé le contexte de sécurité en Europe. La sécurité de l’Allemagne est indissociable de celle de ses alliés. C’est pourquoi l’Allemagne poursuivra aussi en 2024 avec résolution ses efforts afin de détacher pour la première fois une brigade qui sera stationnée de manière permanente en Lituanie.

COP 29 à Bakou en décembre 2024 : développer le financement de l’action climatique et le rendre plus juste

Augmentation du niveau des mers, extinction dramatique des espèces, nouveaux records de température : la crise climatique se manifeste dans le monde entier. Aujourd’hui déjà, plus de trois milliards de personnes vivent dans des régions fortement touchées ou menacées par les effets du dérèglement climatique. Il ne reste plus que peu de temps pour limiter le réchauffement mondial à 1,5 degré. La mise en œuvre des décisions de la COP 28, et en particulier l’accord unique quant à l’abandon des combustibles fossiles, ouvrira la voie à la COP 29 qui se tiendra en Azerbaïdjan en décembre 2024. Il y sera question d’un financement juste de l’action climatique. À Doubаï, il a également été convenu de tripler les énergies renouvelables et de doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030. L’Allemagne prévoit dans le cadre de sa nouvelle Stratégie de diplomatie climatique de faire évoluer ses partenariats bilatéraux. Des étapes importantes sont également attendues à l’échelle de l’UE, notamment dans le cadre de l’élaboration de l’objectif climatique à l’horizon 2040. Les États membres développeront en 2024 de nouvelles règles et mesures afin d’abaisser d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre de l’UE d’au moins 55 % par rapport à 1990.

Renforcer l’aide humanitaire, même pour les crises en arrière-plan

L’aide humanitaire continue de faire partie intégrante de la politique étrangère allemande et elle en constitue un élément essentiel. Nous promouvons une prévention civile des crises active et restons attachés aux principes humanitaires en tant que donateur et acteur actif du système humanitaire. Car les besoins humanitaires ne cessent de croître à l’échelle mondiale. Jamais autant de personnes n’ont été tributaires de l’aide humanitaire : en Syrie, au Soudan, au Sahel, en Afghanistan et ailleurs. En parallèle, le contexte dans lequel l’aide humanitaire est apportée se détériore continuellement. Les parties au conflit ignorent régulièrement les règles du droit international humanitaire : l’accès du personnel humanitaire est limité ou celui-ci fait lui-même l’objet d’attaques. La diplomatie humanitaire continuera donc de jouer un rôle primordial. Nos collègues œuvrent dans le cadre de nombreux entretiens et négociations à travers le monde pour que les parties au conflit, les décideurs et les acteurs mondiaux agissent toujours dans l’intérêt de la population civile et conformément aux principes humanitaires.

Notre revendication : rester un acteur majeur de politique étrangère en 2024

Nous portons la mise en œuvre de la Stratégie de sécurité nationale ainsi que de la Stratégie pour la Chine du gouvernement fédéral et posons ainsi les jalons du rôle joué par l’Allemagne à une période marquée par des rééquilibrages mondiaux et les rivalités systémiques. Et nous nous engageons pour façonner un ordre international juste fondé sur le droit. Grâce à notre coopération axée sur une action commune avec nos partenaires d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, nous ne sommes pas sans ressources. Non seulement l’Allemagne est la troisième économie au monde, mais il s’agit aussi de l’une des principales nations en termes de recherche. Elle fournit la deuxième plus grande contribution au monde en matière d’aide humanitaire, apporte un soutien essentiel au système onusien et constitue un élément moteur de la politique climatique internationale. Notre politique est ancrée au sein de partenariats puissants avec l’UE, l’OTAN, le G7 et le G20.