Le renforcement de la défense et de la dissuasion : telle était, avec le soutien à l’Ukraine, la priorité du sommet de l’OTAN qui s’est tenu cette semaine à Washington. En marge du sommet, l’Allemagne et les Etats-Unis ont publié une déclaration commune. Ils annoncent le stationnement de missiles longue portée américains en Allemagne à partir de 2026.

Ces missiles conventionnels seront déployés d’abord de manière temporaire, puis durable. Il s’agira de missiles SM-6, Tomahawks et d’armes hypersoniques encore en cours de développement. « Ils auront une portée nettement supérieure à celle des systèmes actuels, basés à terre, en Europe », indique la déclaration commune.

« L’exercice de ces capacités avancées démontrera l’engagement des États-Unis envers l’OTAN et leur contribution à la dissuasion européenne intégrée », souligne le texte.

Olaf Scholz : « une décision nécessaire et importante, prise au bon moment »

« La récente décision des Etats-Unis de stationner en Allemagne des armes conventionnelles de longue portée est un exemple qui illustre que la coopération fonctionne bien », a commenté le chancelier Olaf Scholz. « Cela s'inscrit dans la dissuasion et cela garantit la paix, c'est une décision nécessaire et importante, prise au bon moment », estime-t-il.

La décision coïncide avec les projets de défense allemands, a-t-il ajouté. Olaf Scholz avait évoqué cette possibilité lors de la conférence de Munich sur la sécurité, en février dernier. Elle figure également dans la Stratégie nationale de sécurité adoptée il y a un an.

Toutefois, c’est la première fois depuis le Guerre froide que les Etats-Unis prévoient de stationner sur le territoire de la République fédérale des missiles longue portée, capables d’atteindre la Russie. En Allemagne, où le souvenir de la Guerre froide reste présent, cette décision a suscité chez certains responsables politiques la crainte d’une course aux armements.

Combler temporairement un manque de capacités

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Il n’en est rien, a répondu le ministre fédéral de la Défense. Le déploiement temporaire de missiles longue portée américains comble un « grave manque de capacités » en Europe, a expliqué Boris Pistorius. Par ailleurs, il va de pair avec une « attente de la part des Etats-Unis que nous investirons nous-mêmes dans le développement et l'acquisition de telles armes à distance ». Cela « va nous donner le temps dont nous avons besoin ».

Selon le ministre, « la Russie stationne ces systèmes d'armes depuis longtemps – selon nos soupçons - à Kaliningrad, c'est-à-dire à portée de l'Allemagne et d'autres pays européens ». « Nous ne voulons pas d’escalade », mais seulement signifier ceci : « nous sommes capables de nous défendre, et disposés à le faire, car nous sommes confrontés à une situation de menace ».

A.L.