L’« État islamique » reste une menace pour de nombreuses personnes en Iraq. Dans le cadre de la lutte contre cette organisation terroriste, le Bundestag a décidé aujourd’hui de prolonger le mandat anti-EI de la Bundeswehr. Pourquoi est-il important que cette dernière poursuive sa participation ?
L'EI représente toujours une menace considérable pour la population en Iraq, dans la région comme au-delà. Cette organisation terroriste agit dans la clandestinité et reste aujourd’hui encore en mesure de commettre des attentats en Iraq et en Syrie, même des plus sophistiqués. Une résurgence de l’organisation terroriste aurait de lourdes conséquences pour la région et la sécurité en Europe ainsi que dans le monde.
L’engagement allemand, qui intervient à la demande et en coopération avec les partenaires de l’Allemagne en Iraq, les membres de l’OTAN ainsi que dans le cadre de la coalition internationale anti‑EI, reste donc particulièrement important.
Les objectifs du mandat anti-EI
Avec ses partenaires, l’Allemagne souhaite consolider sur le long terme les progrès accomplis en matière de stabilisation, empêcher une résurgence de l’EI et continuer de promouvoir la réconciliation en Iraq. Par conséquent, le mandat pour l’engagement de la Bundeswehr dans le cadre de la mission de l’OTAN en Iraq et de la coalition internationale anti-EI a été prolongé jusqu’en janvier 2026.
Ce renouvellement du mandat vise principalement à développer les capacités des forces armées et de sécurité iraquiennes ainsi qu’à soutenir l’Iraq dans l’établissement de structures de sécurité durables. Ces deux volets sont mis en place dans le cadre de la mission de l’OTAN en Iraq et de la coalition internationale anti-EI. L’Allemagne soutient par ailleurs la lutte contre l’EI au sein de la coalition internationale anti-EI, notamment par des missions de ravitaillement en vol et de transport aérien. L’engagement militaire de l’Allemagne est associé à un engagement civil global alliant coopération au développement, stabilisation et aide humanitaire.
Iraq : soutenir le travail de mémoire, la réconciliation et une stabilisation de longue haleine
L’Iraq est engagé depuis janvier 2024 dans un dialogue de sécurité structuré avec les États-Unis. À l’avenir, les forces de sécurité iraquiennes devront poursuivre de manière quasiment autonome la lutte contre l’EI. À moyen terme, le gouvernement iraquien souhaite donc que se termine l’opération Inherent Resolve, le volet militaire de la coalition anti-EI. L’Allemagne est étroitement impliquée dans ce processus décisionnel aux côtés de nos partenaires internationaux, les États-Unis et la coalition anti-EI, afin d’éviter tout vide sécuritaire lors du processus de transition à venir. L’Allemagne et la mission de l’OTAN en Iraq restent en outre invitées à apporter un soutien sur le plan sécuritaire.
En tant que co-présidente du groupe de travail pour la stabilisation de la coalition internationale anti-EI ainsi que du groupe de travail pour la stabilisation à Bagdad, l’Allemagne assume une responsabilité politique pour la stabilisation des régions libérées de l’emprise de l’EI. Depuis 2013, le ministère fédéral des Affaires étrangères a consacré au total quelque 300 millions d’euros à des mesures de stabilisation en Iraq, en particulier dans les territoires repris à l’EI. Une grande partie de ces fonds a été allouée au mécanisme de financement pour la stabilisation. Ces ressources sont mobilisées par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Lorsque ce financement prendra fin en 2026, les mesures de stabilisation qu’il aura permis de réaliser seront transférées au gouvernement iraquien.
Par ailleurs, l’Allemagne appuie aujourd’hui notamment la mise en place d’une police de proximité, le jugement des crimes perpétrés par l’EI, le soutien psychosocial des victimes de violations des droits humains ainsi que le retour, la réintégration et la déradicalisation des personnes considérées comme étant proches de l’EI. Ensemble, ces mesures visent à renforcer la confiance de la population envers l’État iraquien, à continuer d’encourager le retour des dernières personnes déplacées ainsi qu’à empêcher une résurgence de l’EI et à stabiliser durablement l’Iraq grâce à un travail de mémoire autour des crimes perpétrés.
Depuis le début de la lutte contre l’EI en Iraq, l’Allemagne a fourni une aide civile (notamment sous forme d’aide humanitaire, de coopération au développement et de stabilisation) d’un montant total de plus de trois milliards d’euros.
Syrie : la stabilisation des territoires repris à l’EI reste indispensable
La menace exercée par l’EI ne s’arrête pas à la frontière iraquienne. L’Allemagne met également des mesures civiles en œuvre dans les régions libérées de l’emprise de l’EI dans le nord-est de la Syrie afin de conforter les acquis actuels dans la lutte contre l’EI et d’empêcher sa résurgence. Celles-ci prévoient des programmes de déradicalisation pour les membres de la famille des anciens combattants de l’EI ainsi que des projets de réintégration pour ces familles, mais aussi pour les nombreux déplacés internes sans véritables liens avec l’EI qui font fréquemment l’objet d’une stigmatisation après leur retour depuis les camps du nord-est de la Syrie.
Dans le cadre de l’approche globale du gouvernement fédéral, des mesures de soutien sont accordées aux communes d’origine en Syrie qui accueillent ces rapatriés, ainsi que des mesures visant à améliorer les conditions de vie de la population, notamment grâce à la remise en état des réseaux d’approvisionnement, au renforcement de la sécurité alimentaire et à l’amélioration des infrastructures de santé. Avec près de 117 millions d’euros versés pour des mesures de stabilisation depuis 2021, l’Allemagne est le deuxième donateur dans le cadre de la coalition anti‑EI dans le nord-est de la Syrie et elle y joue un rôle de chef de file.
