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Friedrich Merz appelle ses concitoyens à un « effort collectif » pour l’Allemagne

Le chancelier Friedrich Merz a prononcé mercredi sa première déclaration gouvernementale devant le Bundestag. Il a annoncé les grandes lignes de la politique de son gouvernement pour les quatre années à venir

Le chancelier Friedrich Merz a prononcé mercredi sa première déclaration gouvernementale devant le Bundestag. Il a annoncé les grandes lignes de la politique de son gouvernement pour les quatre années à venir © Gouvernement fédéral/Sandra Steins

15.05.2025 - Article

Une semaine après son élection, le chancelier a présenté son programme au Bundestag. Il a promis un « changement de politique à maints égards ». Et affirmé sa conviction : « quelle que soit l’ampleur des défis, nous pouvons les relever par nos propres moyens. »

Le chancelier Friedrich Merz a présenté mercredi 14 mai les contours de sa politique dans une déclaration gouvernementale au Bundestag. Il a promis « un changement de politique à maints égards », avec une approche davantage fondée sur la responsabilité, l’autonomie et la confiance. Il appelle ses concitoyens à un « effort collectif » pour construire l’avenir.

« Quelle que soit l’ampleur des défis, nous pouvons les relever par nos propres moyens » : telle est sa conviction, martelée à plusieurs reprises. Le monde est « en mutation, voire en ébullition », a-t-il dit. « Notre liberté est attaquée comme rarement par les ennemis de la démocratie libérale ». L’Allemagne est confrontée à « des défis énormes ». Mais « notre pays est fort », a-t-il affirmé.

L’hémicycle au grand complet pour écouter la première déclaration gouvernementale du chancelier Merz, mercredi 14 mai
L’hémicycle au grand complet pour écouter la première déclaration gouvernementale du chancelier Merz, mercredi 14 mai © picture alliance/dpa | Kay Nietfeld
Le nouveau gouvernement allemand veut redonner de l’élan au pays, renforcer sa sécurité et « défendre notre liberté avec détermination contre ses ennemis ». Il veut aussi renouer avec la croissance et retisser de la cohésion.

Ses priorités sont l'Europe, le soutien à l'Ukraine et des investissements massifs dans la défense sur le plan extérieur. Sur le plan économique, il mise sur l’investissement, la modernisation et la réduction de la bureaucratie pour relancer la croissance. Il entend également encourager le travail et relancer la construction de logements. Sur le plan intérieur, la protection de la démocratie et la lutte contre l'antisémitisme sont des thèmes centraux, de même qu’un meilleur contrôle de l’immigration illégale. Revue de détail :

EUROPE

La cohésion de l’Europe est une priorité. « En Ukraine, ce n’est rien de moins que l’ordre de paix de tout notre continent qui est en jeu. Dans cette situation historique, l’Europe doit plus que jamais faire preuve d’unité  », a affirmé Friedrich Merz.

Berlin assumera ses responsabilités en s’engageant pour une politique étrangère et de sécurité au service d’une Europe forte, et en offrant « fiabilité et prévisibilité à ses partenaires ». Friedrich Merz veut relancer les relations franco-allemandes « avec des impulsions et des projets concrets  » et resserrer les liens avec la Pologne.

UKRAINE

Pour l’Ukraine, l’Allemagne souhaite « une paix juste, durable et viable – et ce, aujourd’hui plutôt que demain. » Friedrich Merz a réaffirmé son soutien « sans réserve » à Kyïv, victime de la guerre d’agression russe au mépris du droit international. Il a refusé « une paix dictée ou la soumission à des faits militaires contre la volonté de l'Ukraine. »

Une trêve peut « ouvrir une fenêtre dans laquelle des négociations deviennent possibles », a-t-il estimé. À ses yeux, il est « d'une importance capitale que l'Occident politique ne se laisse pas diviser« .  »C'est pourquoi je mettrai tout en œuvre pour maintenir la plus grande unité possible entre nos partenaires européens et américains », a-t-il déclaré.

DÉFENSE

Le chancelier a annoncé des investissements massifs pour faire de la Bundeswehr « la force armée conventionnelle la plus puissante d'Europe ». « Nous devons être capables de nous défendre, afin de ne pas avoir à nous défendre », a-t-il justifié. L’Allemagne respectera l’objectif fixé dans le cadre de l’OTAN de consacrer 2 % de son produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires. Elle entend aussi renforcer sa coopération avec nos voisins européens et instaurer un nouveau service militaire volontaire.

ÉCONOMIE

Le gouvernement Merz mise sur les investissements (publics et privés) et sur les réformes pour faire de l’Allemagne « une locomotive de croissance que le monde regarde avec admiration ». Son diagnostic : l’économie allemande reste majoritairement compétitive, mais son potentiel est corseté par un excès de régulation et de bureaucratie, la vétusté des infrastructures, la cherté de l’énergie et des taxes relativement élevées.

Il initiera des mesures avant l’été pour changer la donne. À l’ordre du jour figurent des allègements fiscaux pour stimuler les investissements dans la transformation de l’industrie (verdissement, numérisation, IA) et lancement d’un grand programme d’investissements dans les infrastructures. Celui-ci sera étalé sur 12 ans et doté de 150 milliards d’euros pour l’actuelle législature, c’est-à-dire jusqu’en 2029. La plus grande partie de ces investissements doit être financée par le secteur privé et les marchés financiers, a précisé M. Merz. Le chancelier a appelé à manier le recours à l’endettement public « avec une extrême prudence ».

Sur le versant des réformes, le gouvernement veut réduire l’excès de bureaucratie et promouvoir un changement de mentalités. Il entend abroger la loi sur le devoir de vigilance dans les chaînes d'approvisionnement, ainsi que nombre de contraintes (information, reporting, etc.) auxquelles les entreprises sont soumises. Un nouveau ministère aura pour mission d’accélérer la numérisation et la modernisation de l’État et des services publics. Une loi sur la liberté d’innovation est en préparation pour soutenir la recherche, de même qu’un agenda high-tech pour promouvoir les technologies de pointe et la mise en place d’un guichet unique numérique pour les formalités administratives.

COMMERCE EXTÉRIEUR

Le commerce extérieur, dont dépend un emploi sur quatre en Allemagne, sera aussi une priorité. Friedrich Merz plaide pour la ratification rapide de l’accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur. Il veut soutenir l’Union européenne dans la conclusion de nouveaux accords commerciaux. Il souhaite régler le conflit commercial avec les États-Unis par un accord visant à réduire les tarifs douaniers et les autres obstacles au commerce.

Avec la Chine, il a dit vouloir poursuivre la logique de réduction stratégique des risques et des dépendances unilatérales. « Inquiet » du rapprochement sino-russe, il entend s’engager pour que Pékin apporte sa contribution au règlement de la guerre en Ukraine.

Au-delà, il veut développer les partenariats avec les économies en croissance de l’Asie du Sud-Est et façonner activement la relation de voisinage avec l’Afrique.

Il mettra l’accent sur le marché intérieur européen, « le marché de loin le plus important pour nos entreprises  », qu’il veut approfondir. Il a aussi annoncé la signature d’un nouvel accord d’amitié et de partenariat avec le Royaume-Uni pour développer la coopération notamment sur l’économie, le commerce et la recherche.

CLIMAT ET ÉNERGIE

L’Allemagne remplira ses objectifs internationaux, a assuré le nouveau chancelier. Mais elle empruntera pour ce faire des voies nouvelles. La tarification du CO2, « un mécanisme de marché », en sera la pierre angulaire. Le gouvernement visera la baisse des prix de l’électricité et l’allègement des coûts pour les consommateurs.

TRAVAIL ET SOCIAL

Le nouveau gouvernement mise sur l’incitation au travail. Il veut rémunérer l’engagement et la performance : défiscalisation des majorations pour heures supplémentaires, avantages fiscaux pour les primes versées pour l’allongement du temps de travail, « retraite active », instauration d’une durée maximale de travail hebdomadaire et non plus quotidienne. Une réduction de l’impôt sur le revenu est prévue pour les petits et moyens revenus lorsque la situation budgétaire le permettra. Friedrich Merz juge, par ailleurs, possible et souhaitable la hausse du salaire minimum à 15 euros de l’heure en 2026, mais cela ne passera pas par la loi.

Pour les minima sociaux, il est prévu de remplacer l’allocation citoyenne (Bürgergeld) par un nouveau système de revenu de base, avec davantage d’incitations au travail rémunéré pour les bénéficiaires.

En matière de retraites, Friedrich Merz a annoncé la stabilisation du niveau des pensions à l’horizon 2031. Il veut également inciter les jeunes à se constituer un capital dès le plus jeune âge. Une commission de réforme des retraites sera mise en place.

LOGEMENT

Le chancelier a décrit la difficulté de se loger à un prix abordable comme « l’une des questions sociales les plus importantes de notre époque ». Il a annoncé une relance massive de la construction.

LUTTE CONTRE LES ENNEMIS DE LA DÉMOCRATIE ET L’ANTISÉMITISME

En matière de sécurité, Friedrich Merz a annoncé le renforcement des autorités et une lutte déterminée contre les ennemis de la démocratie. « Nous ne nous permettrons aucun angle mort en la matière  », a-t-il promis.

« Nous combattrons avant tout l'intolérable antisémitisme, qu’il prenne des formes anciennes ou nouvelles », a-t-il ajouté. Au regard de l’histoire, l’antisémitisme « doit nous faire honte », a-t-il souligné. « L’Allemagne doit être une zone de sécurité pour les Juifs ».

PROCHE-ORIENT

Le chancelier a assuré l’Etat hébreu du « soutien indéfectible ». Il l’a réaffirmé : « L’existence et la sécurité d’Israël sont notre raison d’État  ».

Friedrich Merz a plaidé pour une paix rapide dans la région. « Nous espérons que les négociations pour un cessez-le-feu aboutiront et que la libération de tous les otages, y compris des citoyens allemands toujours détenus par le Hamas, sera rendue possible. Nous soutenons tous les efforts en ce sens et attendons des initiatives pour améliorer l'aide humanitaire à la population de Gaza, dont nous voyons la souffrance, notamment celle des enfants, des femmes et des personnes âgées ».

« La reconstruction de Gaza, sans le Hamas, et la perspective d’une solution à deux États, aussi lointaine qu'elle paraisse aujourd’hui, restent, selon nous, la meilleure chance de paix et de sécurité pour Israël et ses voisins », a-t-il ajouté.

IMMIGRATION

Le nouveau chancelier a réaffirmé que l’Allemagne « est un pays d’immigration  ». Mais il a exposé la nécessité d’organiser la migration. Cela passera par « plus de restrictions, de renvois, de régulation et de rapatriements  ». Plusieurs mesures sont prévues : renforcement du contrôle aux frontières, rejet systématique des tentatives d’entrées illégales, suspension des programmes d’accueil volontaires, suspension du regroupement familial pour les personnes bénéficiant d'une protection subsidiaire, rapatriement accru, y compris vers la Syrie ou l'Afghanistan.

« Nous n’agirons pas de manière isolée sur le plan national et respecterons le droit européen », a assuré Friedrich Merz. « Nous mettrons en œuvre la réforme de l'asile de l'Union européenne de manière cohérente et, avec nos partenaires européens, nous créerons les conditions nécessaires pour que des procédures d'asile puissent être mises en place dans des pays tiers ».

Cette politique ira de pair avec le renforcement des efforts pour l’intégration, notamment par l’emploi.

A.L.

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