Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères

État Providence : l’Allemagne engage un « automne des réformes »

L'Etat social en chantier : vers un automne des réformes en Allemagne

L'Etat social en chantier : vers un « automne des réformes » en Allemagne © picture alliance / Geisler-Fotopress | Christoph Hardt/Geisler-Fotopress

19.09.2025 - Article

L’Allemagne ouvre le chantier des réformes pour relancer son économie et pérenniser son État Providence. Le chancelier Merz veut faire émerger un « nouveau consensus » pour plus d’équité. Le président Steinmeier juge lui aussi venue l’heure d’une « politique courageuse ».

Renforcement des capacités de défense, service militaire volontaire, tournant migratoire « engagé avec succès » : le chancelier Friedrich Merz a dressé mercredi un bilan positif de l’action de son gouvernement lors du débat général, point culminant du débat budgétaire au Bundestag. « L’automne des réformes est déjà bien engagé », s’est-il félicité. Mais ce n’est qu’un début. Devant les députés, le chancelier a annoncé des réformes de grande ampleur, notamment pour garantir la pérennité des systèmes sociaux.

Des « réformes courageuses » sont nécessaires

Le chancelier Friedrich Merz lors du débat général au Bundestag, mercredi 1è septembre 2025
Le chancelier Friedrich Merz lors du débat général au Bundestag, mercredi 1è septembre 2025 © picture alliance/dpa | Kay Nietfeld

Des « réformes courageuses » sont nécessaires, a fait valoir le chancelier. « Il en va ni plus ni moins de l’avenir de notre pays : de notre façon de vivre, d’être ensemble, de travailler, de gérer l’économie et de la pérennité ou non de nos valeurs ».

« Il n’y a plus de temps à perdre », a-t-il souligné. « Notre pays doit sentir dès maintenant que les choses s’améliorent, et qu’on s’attaque vraiment aux problèmes connus de longue date. »

Friedrich Merz a demandé aux Allemands de soutenir un marathon de réformes, qui requerra de l’endurance. « L’automne des réformes ne sera pas la dernière saison durant laquelle nous transformerons notre pays dans le bon sens », a-t-il expliqué. « Un hiver, un printemps, un été et un prochain automne de réformes vont se succéder ».

La croissance, condition du financement de l’État social

La priorité est de relancer la croissance, atone depuis trois ans. La croissance est la condition pour pouvoir financer l’État social, a argué M. Merz. Pour ce faire, le gouvernement mise notamment sur l’investissement et sur l’incitation au travail.

Dans son discours, le chancelier a aussi fait une large place à la réforme de l’État Providence. Fin août, il avait expliqué que l’État social allemand, dans sa forme actuelle, n’était « plus finançable » face aux réalités démographiques et aux contraintes budgétaires. « Nous devons changer les structures. Nous devons réorganiser les choses afin qu’elles continuent à remplir leurs fonctions à l’avenir », a-t-il affirmé devant le Bundestag.

La réforme devrait embrasser les retraites, la santé et la transformation du revenu citoyen en une nouvelle allocation de base pour les demandeurs d’emploi. « Il ne s’agit pas de rendre la vie encore plus difficile aux personnes qui ne peuvent pas travailler », a précisé le chancelier. « Mais nous voulons que tous ceux qui peuvent travailler travaillent. C’est une question d’équité. »

État social : rechercher un « nouveau consensus » sur la notion d’équité

De manière générale, le chef du gouvernement a appelé à la formation d’un « nouveau consensus » sur ce que signifie aujourd’hui l’équité. Il faut repenser le contrat entre les générations, a-t-il plaidé. Il ne faut pas alourdir la charge qui pèse sur les épaules des jeunes générations au seul motif qu’elles sont moins nombreuses. Quant aux séniors, ils doivent pouvoir jouir de la sécurité financière durant leur retraite. L’objectif est d’assurer que l’État pourra continuer à remplir ses promesses à l’avenir.

Au cours de l’été, le gouvernement a dévoilé deux projets pour 2026 : des incitations au travail pour les séniors pensionnés et la formation précoce de capital pour les 6-18 ans sous la forme d’un versement de dix euros mensuels par l’État.

La ministre fédérale du Travail et des affaires sociales, Bärbel Bas, a, par ailleurs, mis en place en août une commission pour la modernisation et la débureaucratisation de l’État social. Ses membres feront des propositions à la fin de l’année. Des commissions spécifiques travailleront sur la santé, les retraites et la dépendance.

Frank-Walter Steinmeier pour une réforme « en profondeur » de l’État social

La volonté réformatrice du chancelier Friedrich Merz est explicitement appuyée par le président fédéral. Frank-Walter Steinmeier est monté au créneau en début de semaine pour souligner la nécessité d’une « réforme en profondeur » de l’État social.

« Il est impératif que nous nous engagions rapidement et avec détermination dans une réforme pour rendre l’État social plus efficace et plus proche du citoyen », a-t-il plaidé. « Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’une politique courageuse qui connaisse ses responsabilités. »

L’Allemagne a démontré par le passé sa capacité à se réformer, a rappelé le président. Elle « est de nouveau arrivée à un point où les réformes sont nécessaires. Cela grince dans le système. » Il faut rétablir la confiance dans la justice et l’équité du système.

M. Steinmeier a appelé de ses vœux « la correction des mauvaises orientations, un meilleur ciblage des prestations sociales » et « la lutte contre les abus ». Il souhaite aussi davantage d’échanges entre les administrations sociales et la numérisation des procédures administratives.

« L’État social est un trésor », a-t-il souligné. « Réformons-le pour préserver la prospérité, la solidarité et la cohésion sociale ».

Le président a toutefois appelé à réformer « avec mesure ». « Soyez prudent », a-t-il exhorté. « Une réforme sociale ne se règle pas à la tronçonneuse ».

A.L.

En savoir plus :

Discours du chancelier Friedrich Merz au Bundestag (version francaise)

Discours du président fédéral Frank-Walter Steinmeier (en allemand)

Retour en haut de page