Il faut remonter à 1965 pour trouver une élection aussi large. Christiane Benner a été élue dans un fauteuil à la tête du syndicat IG Metall, lundi, lors du congrès du syndicat à Francfort/M, avec 96,4 % des voix. Elle est la première femme à accéder à la présidence du plus grand syndicat allemand, en 132 ans d’histoire. Âgée de 55 ans, elle va devoir faire face à des défis majeurs. La lutte contre la désindustrialisation, la transformation écologique de l’industrie et la visibilité intérêts des salariés sont ses priorités.

Nouvelle tête, nouveau style

Son arrivée promet un changement de style. Christiane Benner veut renforcer le travail d’équipe. Elle n’a pas suivi le parcours classique de ses prédécesseurs. Ils étaient passés par des emplois dans la métallurgie, la sidérurgie ou l’électronique, principales branches couvertes par IG Metall avec la construction mécanique et le textile. Elle a débuté comme assistante multilingue. Puis elle a entrepris des études de sociologie. Elle a obtenu une licence aux États-Unis et poursuivi son cursus à l’Université de Francfort. IG Metall l’a recrutée en 1997. Elle y a gravi les échelons jusqu’à devenir vice-présidente du syndicat ces huit dernières années.

Défense du site industriel allemand

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Consciente des attentes qui pèsent sur ses épaules, la nouvelle présidente affiche son assurance et sa combativité. Sa priorité sera la défense de l’industrie en Allemagne, notamment face au risque de délocalisation et de désindustrialisation. « Supprimer des emplois au lieu de réfléchir à temps à d’autres solutions pousse les gens dans une voie sans perspectives », a-t-elle affirmé dans son discours devant le congrès. « Nous devons stopper cette désindustrialisation rampante. »

Son credo est de mettre en avant les opportunités que recèle la transformation industrielle. « Nous voulons tout faire pour transformer l’industrie et la rendre neutre sur le plan climatique », martèle-t-elle. « D’un point de vue comptable, la transformation se présente bien. Il y a suffisamment d’emplois dans les industries vertes. »

Christiane Benner appelle ainsi les pouvoirs publics à donner de visibilité et de la sécurité aux entreprises et aux salariés. Elle plaide pour une politique industrielle active, et défend le plafonnement temporaire du prix de l'électricité pour les industries très consommatrices d'énergie (Brückenstrompreis), une idée actuellement controversée en Allemagne. Elle appelle aussi les entreprises à élaborer des stratégies pour la transformation écologique et numérique.

La semaine de 32 heures en étendard

Par ailleurs, elle veut renforcer la visibilité des intérêts des salariés. Étendre les conventions collectives et défendre la cogestion figurent au centre de son programme. Et la généralisation de la semaine de 32 heures sera l’une de ses premières revendications. « Nous entamerons la prochaine négociation tarifaire en demandant la semaine de 32 heures sans baisse de salaire », annonce-t-elle. « Cela renforcera l’attractivité de l’industrie pour les jeunes et les femmes, qui travaillent à temps partiel. »

Enfin, elle devra affronter un autre défi : approfondir l’implantation de son syndicat dans les PME. Fort de quelque 2,2 millions d’adhérents, IG Metall est, en effet, le plus imposant syndicat allemand et le premier syndicat mondial indépendant de l’État. Mais il est beaucoup plus présent dans les grandes entreprises que dans les PME, qui sont la colonne vertébrale de l’économie. Par ailleurs, comme les autres syndicats, il voit fondre le nombre de ses adhérents depuis plusieurs années. Christiane Benner veut inverser la tendance.

A.L.