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Face à une croissance au ralenti, l’Allemagne veut renforcer sa compétitivité
Le ministre allemand de l’Économie et de la Protection du climat, Robert Habeck, a présenté mercredi le Rapport économique annuel du gouvernement, © picture alliance/dpa | Carsten Koall
Le gouvernement a adopté son rapport économique annuel. Il prévoit une croissance de 0,2 % en 2024, conséquence d’une crise multifactorielle. Parmi les tendances positives figure le reflux de l’inflation. La compétitivité devient la première préoccupation.
« Renforcer la compétitivité de manière durable » : ainsi s’intitule le rapport économique du gouvernement allemand pour 2024. Il a été adopté mercredi en conseil des ministres à Berlin.
Deux ans après le début de l’invasion de l’Ukraine, et après la récession de 0,3 % enregistrée en 2023, Berlin constate que l’économie allemande navigue toujours « dans des eaux difficiles ». « Nous sortons plus lentement de la crise que nous ne l’espérions », a commenté le ministre fédéral de l’Économie, Robert Habeck.
Vers une croissance atone en 2024
Le gouvernement a revu sa prévision de croissance à la baisse. Il table sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,2 % en 2024, au lieu des 1,3 % encore anticipés à l’automne dernier.
M. Habeck a énuméré les nombreux facteurs qui sont à l’origine de ce ralentissement. « Le contexte économique international est instable », a-t-il dit. « La croissance du commerce mondial est historique faible. Cela représente un défi pour une nation exportatrice comme l’Allemagne. De plus, la nécessité de lutter contre l’inflation a conduit à une hausse des taux d’intérêt qui a des répercussions négatives sur l’investissement. Nous constatons un recul principalement dans la construction. À cela s’ajoutent des facteurs exceptionnels, dont l’obligation de resserrer les priorités budgétaires, imposée au gouvernement par l’arrêt de la cour constitutionnel fédéral de novembre dernier. »
Inflation jugulée et prix de l’énergie en baisse
Cette morosité conjoncturelle est, toutefois, en partie contrebalancée par des tendances positives. Tout d’abord, l’Allemagne s’est montrée très résiliente face à l’arrêt des livraisons de gaz russe. Grâce à la mobilisation de tous, « l’approvisionnement énergétique est garanti, et les prix de l’énergie ont nettement baissé », a souligné M. Habeck. Même en hiver, les réservoirs de gaz sont remplis, et les prix devraient continuer à baisser.
Deuxième motif de satisfaction, l’inflation poursuit sa décrue. Elle devrait refluer autour de 2 % d’ici à la fin de l’année. Le gouvernement table sur un taux d’inflation de 2,8 % sur l’ensemble de l’année.
Dans le même temps, les accords tarifaires passés ces derniers mois contribuent à une forte hausse des salaires. Le rapport anticipe une hausse du revenu disponible de 3,8 % cette année. Cela se traduira par une nouvelle hausse du pouvoir d’achat en 2024.
Le marché du travail étant, par ailleurs, toujours en forte demande de main-d’œuvre, cette hausse devrait alimenter la confiance des consommateurs et relancer la consommation, espère le gouvernement.
Des causes structurelles au ralentissement
L’analyse ne s’arrête cependant pas là. « On doit à la vérité de dire que l’Allemagne souffre aussi de problèmes structurels », a souligné Robert Habeck. Ils se sont « accumulés au fil des années. »
Le ministre a cité en priorité la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. C’est « le plus grand défi pour l’Allemagne », a-t-il dit. S’y ajoute « la bureaucratie » qui « est devenue un supplice pour les entreprises » et qui représente « un grand obstacle à l’investissement ».
Sans changement, l’Allemagne devrait conserver un potentiel de croissance modeste au cours des prochaines années. Le rapport l’évalue à 0,5 % par an jusqu’en 2028.
La compétitivité durable au cœur des débats pour l’avenir
« Nous avons besoin d’accélérer les réformes », a ainsi affirmé M. Habeck. « L’enjeu n’est rien de moins que de défendre la compétitivité du site industriel allemand ».
Pour cela, le ministre a tracé des pistes. Face à la pénurie de main-d’œuvre, « nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ramener les personnes vers l’emploi », a-t-il dit : « éducation, possibilités offertes aux femmes, incitations à travailler plus longtemps pour les seniors, application courageuse de la loi sur l’immigration de main-d’œuvre qualifiée et meilleure intégration des réfugiés sur le marché du travail. »
Contre l’excès de bureaucratie, il faut aller plus loin, estime le ministre. Les mesures récemment mises en place « ne peuvent être qu’un début ». Il faut se mobiliser à tous les échelons pour faciliter la vie des entreprises : État fédéral, länder, communes, Union européenne.
Par ailleurs, « il importe de renforcer l’investissement, et d’améliorer les incitations à l’investissement privé », a exhorté M. Habeck. Un projet de loi sur les opportunités de croissance est actuellement en discussion au Parlement. Il vise notamment à alléger la fiscalité des entreprises et à stimuler l’investissement.
Dans son rapport, le gouvernement identifie dix domaines d’action prioritaires pour renforcer la compétitivité de manière durable. Il cite : la dynamique d’investissement, la réduction de la bureaucratie, le soutien à l’innovation, l’accroissement de l’offre de main-d’œuvre, l’amélioration des conditions de financement, l’augmentation de l’offre d’énergie renouvelable, la promotion de la production industrielle climatiquement neutre, la diversification du commerce extérieur, la création de logements abordables et durables et la modernisation des infrastructures de transports.
Par ailleurs, depuis plusieurs semaines, M. Habeck, ainsi que le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, mettent en avant la nécessité de renforcer la compétitivité du site allemand. Pour l’heure, ils diffèrent sur la question du financement. Selon M. Linder, le gouvernement devrait présenter sa stratégie au printemps.
A.L.