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50 entreprises allemandes testent la semaine de quatre jours

La semaine de quatre jours, quels avantages ? Quels inconvénients ? Une cinquantaine d’entreprises allemandes ont décidé de tester ce nouveau modèle d’organisation pendant six mois

La semaine de quatre jours, quels avantages ? Quels inconvénients ? Une cinquantaine d’entreprises allemandes ont décidé de tester ce nouveau modèle d’organisation pendant six mois, © picture alliance / Zoonar | BENIS ARAPOVIC

01.02.2024 - Article

Après la Grande-Bretagne, l’Australie, la Belgique ou l’Islande, c’est au tour de l’Allemagne de tester la semaine de quatre jours. Cinquante entreprises ont débuté jeudi 1er février une expérience pilote de six mois.

Régulièrement évoquée dans les débats, souhaitée par une majorité de salariés, la semaine de quatre jours est-elle adaptée au contexte allemand ? Pourrait-elle-même devenir un modèle pour l’avenir ? C’est ce que cinquante entreprises allemandes testent depuis le 1er février du nord au sud du pays. Elles ont débuté une expérience pilote sous la houlette de l’entreprise berlinoise Intraprenör, avec l’accompagnement d’experts scientifiques de l’Université de Münster (Rhénanie-du-Nord-Westphalie).

Il existe plusieurs modèles de semaines de quatre jours. On en distingue en général deux : le temps de travail « comprimé » sur quatre jours, avec maintien de la durée du travail et de la rémunération, et la semaine de travail « réduite » à quatre jours avec baisse de la durée du travail et, le plus souvent, de la rémunération. L’expérience pilote allemande se déroule selon la règle suivante : 100 % de la performance, 80 % du temps de travail, 100 % de la rémunération.

Des effets positifs

Intraprenör s’est associée avec l’organisation 4 Day Week Global, qui a mené de tels projets dans d’autres pays. En Grande-Bretagne, l’expérience s’était achevée sur la satisfaction des salariés et des entreprises. 56 des 61 sociétés volontaires en 2022 ont conservé le modèle de la semaine de quatre jours à l’issue de l’expérience.

De manière générale, les études menées dans divers pays constatent des effets positifs. Les salariés sont plus satisfaits, en meilleure santé et ils jouissent d’un meilleur équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle. « Les gens ont moins de problèmes de sommeil, ils se sentent moins stressés et ils ont plus de temps à consacrer à leurs enfants et à leurs proches », rapporte Philipp Frey, chercheur spécialiste du travail à l’Institut de technologie de Karlsruhe (KIT), interrogé par la radio Deutschlandfunkkultur.

… et des débats

Avec ou sans réduction de la durée du travail, avec ou sans compensation salariale : il existe plusieurs modèles possibles pour mettre en place la semaine de quatre jours
Avec ou sans réduction de la durée du travail, avec ou sans compensation salariale : il existe plusieurs modèles possibles pour mettre en place la semaine de quatre jours © picture alliance / CHROMORANGE | Christian Ohde

La productivité diminue-t-elle ? Les avis divergent. Certaines études ne constatent pas d’impact négatif sur la productivité. De fait, argumente Philipp Frey, « plus le temps de travail est élevé, plus la productivité baisse et plus le risque d’accident augmente dans certaines professions. » Une analyse que ne partage pas Stefan Sell, professeur d’économie et sciences sociales à l’Université de Coblence. Selon lui, « beaucoup de secteurs ne sont pas en capacité de dégager des gains de productivité suffisants » pour compenser une baisse de 20 % du temps de travail sans baisse de rémunération.

En Allemagne, le débat porte aussi sur l’opportunité d’une réduction de la durée du travail dans le contexte actuel. Pour Rainer Dulger, président de la Fédération du patronat allemand, « la semaine de quatre jours, a fortiori sans baisse de salaire, est l’exact contraire de ce dont nous avons besoin dans une période de pénurie massive de main-d’œuvre. » Pour d’autres, au contraire, l’équation n’est pas aussi simple. Une semaine de travail réduite pourrait ramener vers l’emploi des publics qui s’en sont éloignés. Ainsi , selon Philipp Frey, la pénurie de main-d’œuvre résulte de mauvaises conditions de travail. « Si l’on veut la combattre, il faut créer de meilleures conditions de travail. »

Un relatif consensus règne, en revanche, sur le fait que la semaine de quatre jours n’est pas adaptée de la même manière à tous les secteurs. Elle est plus facile à mettre en place pour les emplois de bureau que dans le secteur médico-social ou la logistique. Elle peut aussi être bien adaptée pour aider certains secteurs à amortir des périodes difficiles. Le syndicat IG Metall en a d’ailleurs fait l’une de ses principales revendications dans ses négociations avec le patronat dans le secteur de la sidérurgie.

Quant aux aspirations des salariés, elles semblent relativement claires : la majorité y est favorable. Selon un sondage de la Confédération des caisses d’assurance maladie d’entreprise auprès de 3 000 travailleurs, 52 % souhaitent passer à la semaine de quatre jours. Une étude de la Fondation Hans Böckler évoque même 81 % de sondés très favorables, surtout en cas de maintien du salaire (73 %). 8 % resteraient favorables à la semaine de quatre jours avec une baisse de salaire. 17 % s’y opposent.
A.L.

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