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Rebond inattendu de la croissance allemande au premier trimestre

La croissance allemande entre stagnation et espoirs de reprise pour 2026, selon le Conseil allemand des experts économiques © Thomas Trutschel/ picture alliance/photothek || Model released
L’Allemagne a enregistré au premier trimestre une croissance de 0,4 %, deux fois plus élevée que prévu. Selon le rapport des « Cinq Sages » du Conseil des experts économiques, toutefois, il faudra attendre 2026 pour assister à une véritable reprise.
Bonne surprise pour l’économie allemande : elle a retrouvé au premier trimestre 2025 un dynamisme inespéré. La création de richesse a augmenté de 0,4 %, deux fois plus vite que prévu, selon l’Office fédéral des statistiques (destatis). Exportations, consommation des ménages, investissement : beaucoup d’indicateurs sont en hausse. Faut-il s’attendre à ce que l’Allemagne sorte de la stagnation dès cette année ?
Effets d’anticipation
Les chiffres du premier trimestre sont encourageants. Selon la présidente de l’Office fédéral des statistiques, Ruth Brandt, « ce rebond de croissance […] s’explique par une amélioration inattendue de la conjoncture. La production de l’industrie manufacturière et les exportations, surtout, ont connu une évolution meilleure que prévu. » Il faut remonter au troisième semestre de 2022 pour retrouver une croissance trimestrielle aussi forte.
La reprise des exportations s’observe tout particulièrement dans l’automobile et la pharmacie, deux filières qui exportent beaucoup vers les États-Unis. « Des effets d’anticipation liés au conflit commercial non résolu » avec Washington « ont sans doute contribué à une évolution positive », écrivent les statisticiens.
L’investissement a augmenté de 0,5 % dans la construction et de 0,7 % dans les équipements. Quant à la consommation des ménages, elle est en hausse de 0,5 % sur trois mois. Elle a probablement bénéficié du reflux de l’inflation et de la forte hausse des salaires.
Un espoir de reprise semble donc se faire jour. Il est confirmé par plusieurs signaux conjoncturels. Les carnets de commandes se remplissent à nouveau dans l’industrie. Le baromètre Ifo du climat des affaires a connu en mai sa cinquième hausse consécutive. Et le baromètre des attentes des exportateurs a fait un bond de – 9,4 à – 3,0 points.
La croissance allemande entre stagnation et espoirs de reprise pour 2026
Mais la prudence reste de mise, ne serait-ce qu’en raison des incertitudes liées à la politique commerciale américaine. Par ailleurs, économistes et institutions s’attendent très majoritairement à une stagnation économique en Allemagne en 2025. C’est le cas du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne.
Le rapport semestriel du Conseil allemand des experts économiques a enfoncé le clou cette semaine. Selon les Cinq Sages, « l’Allemagne se trouve toujours dans une période de net ralentissement économique ». La croissance devrait être nulle en 2025. Mais une reprise (1 %) est attendue à partir de 2026.
Cing Sages : débureaucratiser, réformer, investir
Selon le rapport, l’économie allemande se heurte à des freins internes, dont « l’ampleur des exigences bureaucratiques » auxquelles les entreprises sont soumises et « la longueur des procédures d’autorisation ». Les Sages appellent le gouvernement à s’attaquer à la « bureaucratie inutile » « de manière plus systématique que par le passé » pour délester les entreprises.
Ils évoquent également les défis structurels que sont la sortie des énergies fossiles, le vieillissement de la population et le développement de l’intelligence artificielle. « La transformation structurelle s’accélère, et elle va affecter à l’avenir des régions dont l’économie a été jusqu’à présent solide », anticipent-ils.
Ils appellent à des réformes pour accompagner ces changements. Ils plaident notamment pour la qualification de la main-d’œuvre et pour une politique économique régionale ciblée. La présidente du Conseil, Monika Schnitzer, ne s’attend pas à des « licenciements massifs ». Mais des emplois devraient être perdus dans certains secteurs, et de nouveaux emplois créés dans d’autres domaines.
Incertitudes liées aux droits de douane américains
À cela s’ajoutent, selon les Sages, un risque et un espoir. Le premier est lié aux incertitudes de la politique commerciale américaine. Les droits de douane annoncés par le président Donald Trump mettent en danger la croissance mondiale, énonce le rapport. À court terme, ils « constituent un poids supplémentaire pour des exportateurs allemands déjà affaiblis ».
Opportunités du plan d’investissement du nouveau gouvernement
L’espoir, quant à lui, réside dans le plan d’investissement annoncé par le chancelier Friedrich Merz. Ses effets se déploieront à partir de 2026. « Ce paquet financier offre l’opportunité de moderniser les infrastructures et de retrouver une trajectoire de croissance plus élevée », estiment les Sages.
Le rapport émet toutefois une mise en garde : ces fonds doivent être résolument orientés vers l’investissement. « Il convient d’éviter les dépenses de consommation financées par l’endettement et de créer des garde-fous institutionnels pour garantir une utilisation des fonds orientée vers l’investissement », affirme-t-il. Les Sages formulent des propositions concrètes en ce sens.
A.L.
En savoir plus :
Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre (Office fédéral des statistiques)
Rapport du Conseil allemand des experts économiques