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Une industrie en pleine mutation

L’Allemagne compte 6 500 entreprises dans le génie mécanique et la construction d’équipements © industrieblick.net
De la technologie de l’hydrogène aux puces haute performance : en génie mécanique et construction d’équipements, l’Allemagne reste en tête et entend amorcer une transition.
Un monde sans combustibles fossiles : telle était la vision de la start-up Sunfire lorsqu’elle a commencé à développer et à construire des électrolyseurs, il y a 15 ans à Dresde. La jeune entreprise fait ainsi partie des pionniers de l’économie mondiale de l’hydrogène : les électrolyseurs décomposent les molécules d’eau à l’aide d’énergie électrique afin d’obtenir l’hydrogène tant convoité. Employant plus de 650 personnes, Sunfire compte aujourd’hui parmi les leaders mondiaux de ce secteur. En 2024, elle a récolté quelque 500 millions d’euros de la part d’investisseurs et de la Banque européenne d’investissement. « Les fonds mis à disposition nous aideront à poursuivre notre croissance et à faire progresser rapidement l’industrialisation de nos technologies », se réjouit Nils Aldag, le PDG de Sunfire.
Le premier employeur industriel

Sunfire fait partie des plus de 6 500 entreprises allemandes du secteur du génie mécanique et de la construction d’équipements. Outre les grands acteurs tels que Siemens, ThyssenKrupp Industrial Solutions, Bosch Rexroth ou encore Trumpf, ce secteur comprend de nombreuses PME et start-up. Son champ d’activité extrêmement large va des techniques de propulsion jusqu’à la robotique, en passant par les machines-outils et la manutention. Il a généré un chiffre d’affaires de près de 263 milliards d’euros en 2023 et emploie en Allemagne plus d’un million de personnes, ce qui en fait le premier employeur dans l’industrie. Ce secteur se caractérise en outre par son taux d’exportation élevé : plus de 80 pour cent des produits sont livrés à l’étranger. Selon Thilo Brodtmann, directeur général de l’Association de l’industrie mécanique allemande (VDMA), les entreprises allemandes se distinguent à l’échelle mondiale avant tout par « leur capacité à trouver des solutions, leur faculté d’innovation et leur qualité ». Ainsi, ce secteur est « le pilier de l’industrie allemande, un fournisseur de technologies qui livre ses produits à toutes les autres industries ».
L’IA, moteur de l’innovation
À l’instar de l’ensemble de l’industrie, la numérisation et l’intelligence artificielle (IA) modifient, dans le génie mécanique également, la conception et l’utilisation des nouveaux produits. Ce que l’on appelle les jumeaux numériques (en anglais « digital twins ») offrent à cet égard un immense potentiel. « Cette technologie est déjà utilisée à plus grande échelle pour créer des modèles virtuels de machines et d’installations physiques », explique Bernd Jung, responsable du groupe de pratique Industrial Manufacturing chez PwC Strategy&, une société de conseil en stratégie. Les jumeaux numériques permettent de mieux surveiller, entretenir et optimiser les machines, ce qui aide à améliorer leur efficacité et à réduire les mises à l’arrêt. À cet effet, des algorithmes d’IA collectent et traitent de grandes quantités de données hétérogènes issues de sources très diverses, ce qui permet de définir des marges d’optimisation.
Des jumeaux numériques à l’échelle d’usines entières

L’un des précurseurs dans ce domaine est Siemens AG. Dès l’automne 2023, le groupe basé à Munich et le constructeur de machines DMG Mori, dont le siège est à Bielefeld, ont présenté un premier jumeau numérique de l’ensemble du processus d’usinage de machines-outils. Peu après, Siemens a annoncé que le recours aux jumeaux numériques ne se limiterait plus seulement aux machines individuelles, mais s’étendrait désormais également à la gestion énergétique d’usines entières. Pour ce faire, le groupe munichois s’est allié au constructeur automobile Mercedes-Benz. « Grâce à la modélisation exacte des processus d’exploitation et d’utilisation de l’énergie, le jumeau énergétique numérique permet une prise de décision plus rapide et plus transparente dans les premières phases de planification », explique Matthias Rebellius, PDG de Siemens Smart Infrastructure. Arno van der Merwe, vice-président de la planification de la production chez Mercedes-Benz, ajoute que « le jumeau énergétique numérique est notre réponse pour réussir à visualiser, analyser et optimiser durablement les processus énergétiques dans les bâtiments. »
Leader mondial des usines de fabrication de puces

Il ne fait aucun doute que les innovations numériques et l’IA représentent un immense potentiel pour l’industrie mécanique. Mais elles requièrent des capacités de calcul que seules des micropuces haute performance peuvent fournir. Or, celles-ci sont presque exclusivement produites en Asie et aux États-Unis. Face à la montée des conflits commerciaux internationaux, cette dépendance pourrait devenir problématique pour l’industrie européenne. Mais les producteurs de puces à travers le monde sont, quant à eux, dépendants de la technologie de pointe allemande. Ainsi, le constructeur de machines néerlandais ASML, qui détient le quasi-monopole des usines de production de micropuces haute performance, mise sur un partenariat industriel avec Zeiss et Trumpf, deux entreprises technologiques allemandes implantées de longue date. Tandis que Zeiss fournit des systèmes optiques de pointe, Trumpf contribue au bon fonctionnement des machines avec ses lasers particulièrement puissants. Des décennies de recherche, des milliards d’investissements et la volonté de coopérer étroitement ont ainsi permis à ces trois entreprises de se hisser en première position dans la fabrication de puces.
Confiance en l’avenir malgré les défis
Tout comme d’autres industries en Allemagne, le secteur du génie mécanique et de la construction d’équipements doit faire face à des défis majeurs tels que les fluctuations conjoncturelles et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Il est d’autant plus vulnérable qu’il est fortement tourné vers l’exportation : M. Brodtmann, le directeur général de la VDMA, explique en effet que « les entreprises doivent faire face à d’importants bouleversements mondiaux, d’ordre géopolitique ou économique ». Néanmoins, le secteur parvient à maintenir un rythme d’innovation élevé : pour la seule année 2024, les dépenses consacrées à l’innovation dans le domaine du génie mécanique en Allemagne ont représenté quelque 17,8 milliards d’euros. Et lors d’un sondage effectué par la VDMA à l’automne 2024, près de la moitié des entreprises ont indiqué vouloir intensifier leurs efforts de recherche et développement en 2025. Dans ce sondage, l’Allemagne était également classée en tête des sites de recherche les plus attractifs au monde, notamment en raison de son excellent niveau en sciences de l’ingénieur.
Rédaction et traduction : © deutschland.de / Révision : Ambassade d’Allemagne