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La chimie, un moteur d’innovation au rayonnement mondial

BASF à Ludwigshafen : le plus grand site industriel chimique au monde

BASF à Ludwigshafen : le plus grand site industriel chimique au monde © BASF SE

17.06.2025 - Article

Qu’il s’agisse de produits de tous les jours ou de matériaux de haute technologie, les entreprises chimiques allemandes comptent parmi les principaux acteurs mondiaux – et doivent faire face à des défis majeurs.

Sur les rives du Rhin se dresse une gigantesque structure d’acier, de tuyaux et de cheminées : il s’agit de l’usine BASF, à Ludwigshafen. Le plus grand site chimique du monde s’étend sur une surface de plus de dix kilomètres carrés. Fondée en 1865, l’usine est aujourd’hui parcourue par 2 850 kilomètres de canalisations, à l’image d’un système nerveux dynamique qui relie les matières premières, les produits intermédiaires et les produits finis. Près de 39 000 personnes travaillent 24 heures sur 24 dans plus de 200 installations et produisent les éléments qui façonnent notre vie moderne – allant des matières plastiques pour les voitures et smartphones jusqu’aux produits phytosanitaires.

Outre BASF, le géant du secteur, l’industrie chimique allemande compte plus de 2 000 entreprises, essentiellement des PME, mais également des « champions cachés », peu connus mais leaders mondiaux dans leurs domaines. Enregistrant un chiffre d’affaires annuel dépassant les 220 milliards d’euros et employant directement près de 480 000 personnes rien qu’en Allemagne, la chimie est le troisième secteur industriel du pays, après la construction mécanique et l’automobile.

Une mise en réseau mondiale

Sur le plan international également, l’industrie chimique allemande est un poids lourd : elle occupe la première place en Europe et la troisième dans le monde derrière la Chine et les États-Unis. Quelque 60 pour cent de la production chimique sont exportés, essentiellement vers les pays de l’Union européenne, les États-Unis et l’Asie. En 2023, les investissements des entreprises chimiques allemandes dans les immobilisations corporelles à l’étranger, c’est-à-dire notamment dans des machines et de la production, se sont élevés à douze milliards d’euros, et ils ne cessent d’augmenter.

Les nombreuses implantations d’entreprises allemandes à l’étranger soulignent cette interconnexion mondiale. BASF, l’un des plus grands groupes chimiques dans le monde, exploite des sites de production, de distribution et de recherche dans plus de 80 pays. D’autres grandes entreprises allemandes telles que Bayer, Evonik, Wacker, Lanxess, Henkel ou Altana sont également largement présentes à l’international et coopèrent étroitement sur place avec d’autres entreprises et institutions.

L’innovation, un moteur de croissance

La protection des végétaux figure parmi les missions de l’industrie chimique
La protection des végétaux figure parmi les missions de l’industrie chimique © Bayer AG

La capacité d’innovation de l’industrie chimique allemande étant un facteur de compétitivité décisif, le secteur investit des milliards dans la recherche et développement. Pour la seule année 2023, ces investissements se sont élevés à environ 5,6 milliards d’euros (sans compter la branche pharmaceutique). Résultat : 9,4 pour cent de tous les brevets chimiques déposés dans le monde proviennent d’Allemagne, soit 24 800 brevets pour l’année 2022.

Dans ce contexte, le thème de la durabilité constitue une priorité. De nombreux brevets sont fondamentaux pour atteindre les objectifs de durabilité des Nations unies et pour la transition de toute l’économie vers la neutralité climatique. « Si l’on compare la contribution de la chimie par rapport à tous les brevets pertinents pour atteindre les objectifs de durabilité, la chimie, en tant que fournisseur de technologies, arrive en première position », constate Christian Rammer, du Centre Leibniz pour la recherche économique européenne, à Mannheim.

Priorité à la durabilité et à la numérisation

Les solutions envisagées vont des craqueurs (c’est-à-dire de grandes installations industrielles qui, à l’aide d’électricité verte et non de gaz naturel, décomposent en petites molécules les chaînes de carbone – par exemple issues du pétrole), au recyclage chimique (qui consiste à réintroduire dans l’économie circulaire des déchets plastiques jusqu’ici non recyclables, au lieu de les incinérer), en passant par l’utilisation d’algues ou de bois endommagé par des coléoptères comme ressources naturelles pour des matières plastiques biosourcées. Ces innovations visent non seulement à réduire les déchets plastiques, mais aussi à ouvrir de nouvelles perspectives de marché, par exemple dans le domaine des solutions d’emballage durables.

Accroître l’efficacité grâce à la numérisation est également un objectif prioritaire. C’est ainsi que dans la production, des processus peuvent être surveillés et optimisés en temps réel à l’aide de « jumeaux numériques », soit des répliques virtuelles d’installations de production. L’intelligence artificielle facilite notamment la maintenance prédictive des installations. L’utilisation des ressources est ainsi plus efficace et les temps d’arrêt sont réduits.

Les défis : le prix de l’énergie, les réglementations et le manque de personnel qualifié

Malgré sa puissance, l’industrie chimique allemande doit faire face à d’importants défis. Les prix élevés de l’énergie, en particulier, constituent un enjeu de taille pour les productions à forte consommation d’énergie. Anna Wolf, experte du secteur de la chimie à l’institut ifo, déclare ainsi dans une interview : « Il est impératif de réaliser des économies d’énergie dans le secteur de la chimie. » Certes, depuis 1990, le secteur a réduit sa consommation d’énergie de 22 pour cent et ses émissions de gaz à effet de serre de 54 pour cent. Cependant, les coûts élevés, la bureaucratie, les obligations environnementales strictes et les exigences réglementaires, comme celles imposées par le règlement européen REACH sur les produits chimiques, imposent des adaptations continues, des investissements et parfois des suppressions de postes. La pénurie de personnel qualifié, touchant particulièrement les métiers des sciences naturelles et de l’ingénierie, vient encore aggraver la situation.

Saisir les opportunités

Dans le secteur de la chimie, l’ambiance oscille entre pessimisme et confiance en l’avenir et le nouveau gouvernement allemand est source d’espoir. « La politique doit désormais apporter des résultats, de manière pragmatique, sans idéologie et avec le courage de faire des compromis. Il est temps de prendre un nouveau départ », estime Markus Steilemann, président de la Fédération allemande de l’industrie chimique. Si l’évolution de l’industrie chimique vers des processus plus efficaces, des technologies numériques et des produits durables est une tâche ambitieuse, elle offre aussi, à en croire les experts du secteur, d’énormes opportunités. Comme le souligne également une étude récemment publiée par le cabinet de conseil Boston Consulting, il est plus important que jamais d’investir dans des projets d’avenir et de poser les bons jalons. S’il y parvient, le secteur chimique allemand sera solidement armé pour conserver sa position de leader mondial.

Rédaction et traduction : © deutschland.de / Révision : Ambassade d’Allemagne

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