Berlin voit dans l’innovation une priorité centrale pour garantir à l’avenir la compétitivité et la souveraineté allemandes et européennes. Le chancelier Friedrich Merz a lancé cette semaine le déploiement d’un Agenda pour les technologies de pointe, dont le projet avait été adopté fin juillet en conseil des ministres. Son ambition : positionner l’Allemagne comme un leader de l’innovation technologique en vue de garantir sa prospérité et son indépendance dans un monde contemporain en recomposition.

« Nous ne pouvons pas laisser les États-Unis et la Chine déterminer seuls l’avenir de la technologie »

Face à la profonde transformation politique et économique que connaît le monde, et devant l’émergence d’un conflit systémique entre État autoritaires et libéraux, « nous avons besoin […] d’être technologiquement souverains en Europe, et partant aussi en Allemagne, partout où cela nous est accessible », a affirmé M. Merz.

« Nous connaissons actuellement des dépendances unilatérales […], et ces dépendances sont instrumentalisées à des fins de pouvoir. Nous constatons notre vulnérabilité ». Dans ce contexte, « seul le leadership en matière d’innovation nous permettra d’être une puissance d’influence », a fait valoir le chancelier.

« Nous ne pouvons pas laisser les États-Unis et la Chine déterminer seuls l’avenir de la technologie - pour notre prospérité, pour notre sécurité et finalement aussi pour notre liberté », a-t-il ajouté en citant le récent Prix Nobel français d’économie, Philippe Aghion.

Six technologies clés

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À travers son Agenda pour les technologies de pointe, le gouvernement allemand réoriente sa politique scientifique, technologique et de l’innovation vers la compétitivité, la création de valeur et la souveraineté technologique.

Il concentre les moyens sur six technologies considérées comme essentielles : l’intelligence artificielle (IA), les technologies quantiques, la microélectronique, les biotechnologies, la fusion nucléaire et la production d’énergie climatiquement neutre, ainsi que les technologies pour une mobilité respectueuse du climat.

Il vise, par ailleurs, à créer des conditions favorables à l’innovation. L’Agenda comporte des mesures pour la réduction des freins bureaucratiques, l’ouverture de nouvelles possibilités de partenariats public-privé dans la recherche et développement, la consolidation du marché allemand du capital-risque et un meilleur cadre réglementaire.

Favoriser la coopération entre la science et l’entreprise

Aux yeux du gouvernement, l’un des enjeux majeurs consiste à faciliter le passage de la recherche fondamentale au développement de produits commercialisables. L’Allemagne possède une industrie et des PME compétitives, ainsi qu’une recherche fondamentale d’excellence, a souligné Friedrich Merz. Mais « nous avons des marges de progression dans la création de valeur grâce aux nouvelles technologies telles que l’IA ». « Si notre pays veut être à la pointe de la technologie, nous avons besoin d’une coopération étroite entre les entreprises et les chercheurs ».

À travers cet Agenda, le gouvernement espère créer un effet d’entraînement auprès du secteur privé et des innovateurs. Il en a posé les premiers jalons au cours des dernières semaines. Il vient d’adopter un plan d’action pour la fusion nucléaire, qui vise à construire en Allemagne la première centrale à fusion nucléaire, et une stratégie nationale pour la microélectronique.

A.L.

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