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Se remémorer la frontière entre les deux États allemands

L’East Side Gallery à Berlin – le Mur et ses peintures

L’East Side Gallery à Berlin – le Mur et ses peintures, © picture alliance/dpa

02.10.2023 - Article

Quand l’histoire interallemande devient tangible : les lieux du souvenir veillent à ce que le passé ne soit pas oublié.

Pour beaucoup, la RDA appartient à un lointain passé, la fin de la partition de l’Allemagne remontant à plus de 30 ans. Il est donc d’autant plus important de préserver les lieux qui perpétuent le souvenir de cette époque.

Le Mur de Berlin

Le Mur n’est plus depuis longtemps mais il en reste quelques vestiges. Le plus long d’entre eux est la célèbre East-Side-Gallery, dans le quartier berlinois de Friedrichshain. Sur cette portion de mur d’1,3 kilomètre de long, sont immortalisés les graffitis de 118 artistes de 21 pays. L’un d’entre eux représente le mythique « baiser fraternel » entre le président du Conseil d’État de la RDA Erich Honecker et le dirigeant de l’Union soviétique Leonid Brejnev.

Le poste-frontière Checkpoint Charlie se trouve aujourd’hui au cœur de Berlin
Le poste-frontière Checkpoint Charlie se trouve aujourd’hui au cœur de Berlin© picture alliance / ZB

Entre les quartiers de Mitte et de Wedding, sur la Bernauer Straße, le Mémorial du Mur de Berlin nous plonge plus profondément dans l’Histoire. Aucun autre lieu ne permet une telle immersion dans la réalité de l’époque de la partition allemande : le couloir de la mort, le mirador et le chemin de patrouille ont été reconstitués et une « fenêtre du souvenir » montre le portrait de personnes ayant perdu la vie le long du Mur. À l’époque de la RDA, déjà, la Bernauer Straße constituait une zone frontalière particulière. Ce qui est désormais un parc était en effet autrefois un cimetière. Ainsi, pour construire le Mur, plus d’un millier de tombes avaient dû être déplacées et la chapelle du cimetière, détruite. Depuis, une Chapelle de la réconciliation a été construite sur le site du Mémorial, dans laquelle se tiennent régulièrement des cérémonies de commémoration des victimes de la division de l’Allemagne.

Le point de contrôle de la Friedrichstraße

Le Mur construit le long de la Bernauer Straße a séparé les membres d’une même paroisse, des amis et des familles. Il a également rendu nécessaire l’ouverture d’un point de passage entre les deux États allemands. Le point de contrôle frontalier de Berlin-Friedrichstraße, également connu sous le nom de « palais des larmes » (Tränenpalast) a été construit à cet effet en 1962. Cette ancienne halle de contrôle des voyageurs abrite aujourd’hui une exposition émouvante. Des photos, des documents, des enregistrements sonores, des bagages ainsi qu’un authentique guichet d’enregistrement donnent un aperçu réaliste des souffrances humaines que la partition allemande n’a cessé d’infliger pendant plusieurs décennies.

Des villages traversés par un couloir de la mort

Aujourd’hui un musée, autrefois une réalité quotidienne  – le musée de Mödlareuth
Aujourd’hui un musée, autrefois une réalité quotidienne – le musée de Mödlareuth© picture alliance/dpa

La frontière a également tracé un couloir de la mort à travers des villages, par exemple celui de Mödlareuth, à 80 kilomètres au sud d’Iéna. Le petit ruisseau qui traverse le village a servi de ligne de démarcation lors de l’instauration du Rideau de fer entre l’Est et l’Ouest après la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, la partie est de Mödlareuth se trouvait dans la zone d’occupation soviétique, tandis que la partie ouest était sous la protection des États-Unis. Dans les premières années d’après-guerre, il était encore possible de traverser le ruisseau avec un laissez-passer mais à partir de 1952, le régime du SED a d’abord fait construire une haute clôture puis, en 1966, un mur en béton long de 700 mètres, transformant ce petit village de 50 habitants en un « petit Berlin ». Des fragments de ce mur ainsi qu’une ancienne tour de guet sont aujourd’hui exposés au Musée interallemand de Mödlareuth. Si une frontière subsiste aujourd’hui encore dans le village, elle est cette fois invisible : il s’agit de celle entre la Bavière, dont fait partie l’ouest du village, et la Thuringe, qui comprend la partie est. À la différence notable que le ruisseau peut désormais être franchi sans difficulté par tous ceux et celles qui le souhaitent !

Une zone frontière qui était aussi une zone de transit

À plus de 250 kilomètres au nord-ouest se trouve l’ancien poste-frontière de Duderstadt-Worbis. Ici, la partition de l’Allemagne a séparé les communes autrefois étroitement liées de Gerblingerode à l’ouest et de Teistungen à l’est. À Eichsfeld, un musée de la zone frontière rappelle à quoi ressemblait le quotidien dans l’Allemagne divisée. Dans le canton d’Eichsfeld, il était marqué par un modeste transit frontalier qui, à compter de 1973, permettait au moins aux personnes venant de l’ouest de rendre visite à leurs proches en RDA. Près de six millions de passages de la frontière ont ainsi été enregistrés à Duderstadt-Worbis entre 1973 et 1989, un chiffre énorme qui montre l’immense impact de la division du pays sur la vie et les relations au sein de la population. Le musée comprend également les infrastructures frontalières, dont le bunker d’observation ainsi que la tour de guet et son dispositif de signalisation pour les garde-frontières est-allemands, qui peuvent être visités.

Le mot d’ordre de l’époque : neutraliser les fugitifs

Le musée frontalier Schifflersgrund, près de Bad Sooden-Allendorf, montre avec quelle brutalité les tentatives de fuite étaient réprimées. L’exposition met ici l’accent sur le sort réservé à ceux qui essayaient de quitter la RDA au péril de leur vie. Rien qu’à la frontière entre la Hesse et la Thuringe, pas moins de vingt-six personnes ont ainsi trouvé la mort en tentant de passer à l’ouest. Démenti jusqu’au bout par la RDA, le document confirmant l’ordre de tirer sur les fugitifs est également exposé. Ce texte aussi triste que bouleversant prouve que les garde-frontières avaient bel et bien l’obligation de « neutraliser les fugitifs ».

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