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L’Allemagne se prépare à commémorer le 85e anniversaire de la Nuit des pogroms

Il y a 85 ans, le 9 novembre 1938, la violence se déchaînait contre la minorité juive en Allemagne à l’instigation des nazis

Il y a 85 ans, le 9 novembre 1938, la violence se déchaînait contre la minorité juive en Allemagne à l’instigation des nazis, © picture alliance/dpa | Moritz Frankenberg

07.11.2023 - Article

Synagogues incendiées, magasins détruits, agressions et déportations : dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, la violence se déchaînait contre les juifs allemands à l’instigation du régime nazi. L’Allemagne se prépare à commémorer le 85e anniversaire de ce jour funeste.

« Plus jamais ça » : c’est dans cet esprit que sera commémoré cette semaine partout en Allemagne le 85e anniversaire de la Nuit des pogroms.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, dans l’Allemagne nazie, la violence s’est déchaînée contre la population juive. 1400 synagogues furent détruites, 7000 magasins attaqués, plus de 1300 personnes de confession juive tuées et 30 000 juifs déportés dans des camps, selon le Musée historique allemand.

Les exactions furent commises par des membres des SA et de la SS, des membres du parti nazi mais aussi de simples citoyens. L’attentat d’un jeune juif allemand, Herschel Feibel Grynszpan, qui venait d’apprendre la déportation de sa famille, contre un diplomate allemand, Ernst von Rath, à Paris, le 7 novembre 1938, servit de prétexte au régime hitlérien pour laisser déferler la violence à l’égard des juifs.

Berlin, 10 novembre 1938, au lendemain de la Nuit des pogroms où plus de 1300 juifs furents tués
Berlin, 10 novembre 1938, au lendemain de la Nuit des pogroms où plus de 1300 juifs furents tués© picture-alliance / akg-images | akg-images

Le ministre de la Propagande du Reich, Joseph Goebbels, en donna le signal lors d’une réunion des cadres du NSDAP à Munich. Dans l’opinion, le régime tenta de faire croire à des manifestations spontanées contre les juifs. Dans la réalité, les instructions étaient précises. La police avait, par exemple, pour consigne de ne pas empêcher les manifestations, mais seulement de respecter les consignes. Quant aux magasins et aux appartements, ils devaient être détruits, mais non pillés.

Cette nuit funeste, et les pogroms qui l’accompagnèrent durant plusieurs jours, du 7 au 13 novembre 1938, eurent pour effet d’anesthésier toute vie juive dans l’Allemagne nazie. Ils marquèrent aussi le début de la spoliation des biens juifs. Trois ans plus tard, en 1941, commençait la déportation systématique des juifs dans les camps de la mort.

De nombreuses commémorations partout en Allemagne

85 ans plus tard, de nombreuses commémorations auront lieu jeudi partout en Allemagne. La cérémonie de commémoration centrale se déroulera à Berlin dans la matinée, à l’invitation du Conseil central des juifs d’Allemagne, en présence du président allemand, Frank-Walter Steinmeier, et avec la participation du chancelier Olaf Scholz. Elle aura lieu à la synagogue Beth Zion, Kahal Adass Jisroel. Un symbole fort, car elle est située dans un bâtiment qui a été attaqué aux cocktails Molotov après l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier.

Toujours dans la capitale, le maire de Berlin, Kai Wegner, et l’ambassadeur d’Israël en Allemagne, Ron Prosor, participeront à une cérémonie de commémoration à l’invitation de la communauté juive de Berlin. Une image de l’ancienne synagogue Fasanenstraße sera projetée sur la façade de l’actuel bâtiment communautaire, où les noms des 55 696 juifs berlinois assassinés par les nazis défileront tout au long de la journée. Plus tôt dans l’après-midi, une marche silencieuse traversera Berlin à l’invitation des églises évangélique et catholique, avec la participation du délégué du gouvernement fédéral à l’antisémitisme, Felix Klein.

D’autres commémorations sont prévues dans d’autres villes d’Allemagne. À Hambourg, par exemple, une cérémonie aura lieu avec la participation de personnalités de la société civile, telles que le journaliste Denis Yücel et l’activiste pour le climat Luisa Neubauer. Les organisateurs souhaitent faire passer un message : la vie juive fait partie de l’Allemagne, et elle est au cœur de notre société. À Hambourg, les citoyens ont décidé de reconstruire l’ancienne synagogue de la Bornplatz. Construite en 1906, elle avait été incendiée en 1938. Les nazis avaient ensuite contraint les membres de la communauté juive à la détruire.

À Paris

Enfin, le 85e anniversaire de la Nuit des pogroms sera commémorée dans plusieurs pays du monde, dont la France. Ce mercredi 8 novembre, la ministre allemande adjointe à la Culture, Claudia Roth, participera aux côtés de son homologue française, Rima Abdul Malak, à une cérémonie au Mémorial de la Shoah, à Paris.

Après les attaques du Hamas contre Israël et dans un contexte de recrudescence des actes antisémites en Allemagne et ailleurs, ces commémorations devraient faire résonner avec force le message « plus jamais ça ». Au moment où beaucoup de juifs peinent à se sentir en sécurité, le gouvernement allemand a renforcé les mesures de protection aux abords des synagogues et réaffirmé l’importance que revêt la lutte contre l’antisémitisme.

Il faut donner aux juives et aux juifs la certitude absolue que 2023 n’est pas 1938, a souligné Nancy Faeser, en début de semaine, dans un entretien accordé au quotidien « Handelsblatt  » Selon la ministre allemande de l’Intérieur, la société doit se faire entendre davantage et s’opposer à la haine. C’est, dit-elle, plus qu’une responsabilité historique.

A.L.

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