Le « Kaiser » s’est éteint. Franz Beckenbauer est mort dimanche à l’âge de 78 ans. Légende du football allemand au palmarès hors du commun, au style élégant et à l’intelligence inspirante, il laisse plusieurs générations d’amateurs de football en deuil en Allemagne et à travers le monde. Les hommages pleuvent depuis l’annonce de sa mort.

« Champion du monde comme joueur et comme entraîneur : Franz Beckenbauer était l’un des plus grands footballeurs allemands, et pour beaucoup ‘der Kaiser’ [l’empereur, ndlr], parce qu’il a aussi passionné plusieurs générations pour le football allemand », a écrit sur X le chancelier Olaf Scholz. « Il va nous manquer. »

Style et vision

« Personne n’a probablement autant marqué le football allemand que Franz Beckenbauer », a commenté le président allemand, Frank-Walter Steinmeier. « Comme joueur, chef d’équipe et entraîneur, il a écrit l’histoire du football. C’était une personnalité d’exception, le mot ‘libéro’ dans toute son acception semble avoir été inventé pour lui. »

Le président a loué l’élégance, la légèreté, la vision et l’esprit d’équipe du pilier du Bayern Munich et de l’équipe d’Allemagne. « Franz Beckenbauer a fait de la Mannschaft l’ambassadeur de notre pays à travers le monde par son style de leadership et par sa philosophie du jeu », a-t-il dit. L’Allemagne lui doit aussi d’avoir organisé le Mondial en 2006, un événement gravé dans la mémoire allemande comme un « conte d’été » par l’atmosphère conviviale qu’il avait su créer.

Une page de l’histoire du football

Né en 1945 à Munich, Franz Beckenbauer était un enfant de l’après-guerre. Il avait été formé au Bayern Munich, club resté le fil rouge de sa carrière. Il a d’abord joué comme milieu de terrain. Puis il a évolué en tant que défenseur central. Il a révolutionné son poste de libéro en lui donnant une orientation plus offensive et technique. Devenu une référence, il a été le premier défenseur couronné par le Ballon d’or en 1972, puis à nouveau en 1976.

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Son palmarès est impressionnant. Franz Beckenbauer est l’une des très rares personnalités du football à avoir décroché le titre de champion du monde à la fois comme joueur (1974) et comme entraîneur (1990). Il a remporté cinq fois le titre de champion d’Allemagne (quatre fois avec le Bayern Munich, une fois avec Hambourg) et trois fois la Coupe d’Europe des clubs champions, ancêtre de la Ligue des champions.

Il a marqué l’histoire de son sport, et laissé des images impérissables. La plus célèbre est probablement celle de son bras en écharpe lors de la demi-finale du Mondial au Mexique contre l’Italie, en 1970. Victime d’une fracture de la clavicule, Franz Beckenbauer n’avait pas voulu laisser ses compatriotes jouer à dix, le nombre de remplacements possibles ayant été atteint.

L’annonce de sa mort a laissé le monde du football sous le choc. De Didier Deschamps à Lionel Messi en passant par les anciennes vedettes de la Mannschaft Lothar Matthäus, Rudi Völler, Thomas Müller, Bastian Schweinsteiger ou Philipp Lahm, les hommages ont afflué du monde entier. On ne compte pas les unes et les pages que lui consacre la presse sportive dans de nombreux pays.

Et ceux qui l’ont côtoyé comme entraîneur ou dirigeant louent également l’homme par-delà le footballeur. « Tous ceux qui l’ont connu savent quel homme grandiose et généreux il était. Un bon ami nous a quittés », a déclaré l’ancien joueur Lothar Matthäus. « Il était la plus grande personnalité que le Bayern Munich ait jamais eue », confirme Uli Hoeneß, président d’honneur du club bavarois. « Comme joueur, comme entraîneur, comme président, comme homme : inoubliable. »

Le Bayern Munich réfléchit à lui rendre hommage en organisant une cérémonie de funérailles devant les 75 000 spectateurs de l’Allianz Arena. Berti Vogts, ancien coéquipier de Franz Beckenbauer, a, par ailleurs, suggéré l’idée de rebaptiser la Coupe d’Allemagne à son nom.

A.L.