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L’habitat, toute une histoire
Au commencement, il y avait le feu. Vue sur la salle de l’exposition consacrée au feu, à la lumière et à la cuisine, © LfA/smac, Annelie Blasko
Comment habitons-nous nos intérieurs ? À Chemnitz (Saxe), une exposition retrace l’histoire de l’habitat, de la Grèce à l’Allemagne en passant par la Mongolie. Cette « archéologie de l’habitation » s’achève sur la question du futur, à l’heure du changement climatique.
« Home sweet home », dit l’adage. Le nid douillet offre les nuits les plus reposantes, les repas en famille ou entre amis les plus conviviaux, les lieux les plus calmes pour lire. Pourquoi ? Comment nos habitats ont-ils évolué jusqu’à nos jours ? Quels défis pour demain ? À Chemnitz, une exposition retrace l’histoire de l’habitation depuis les origines. Intitulée « Home Sweet Home » et présentée jusqu’au 28 avril, elle ouvre des perspectives pour faire face aux défis de demain, tels que le changement climatique.
Les fonctions de l’habitat au cours du temps
Prédateurs, intempéries : l’habitation a eu pour première fonction de protéger, explique Christina Michel. Selon la commissaire de l’exposition au Musée national d’archéologie de Chemnitz, « les débuts sont assez obscurs. Notre plus ancienne preuve vient d’une grotte en Afrique du Sud, il y a quelque 1,2 million d’années. »
Comment en est-on arrivé au pavillon cossu avec lit matelassé, canapés, cuisine aménagée, chaîne stéréo, W.C. et salle de bain privative ? Comment les différentes fonctions de l’habitation se sont-elles développées, à toutes les époques et sous toutes les latitudes : se tenir au chaud, trouver un sommeil réparateur, protéger ce qui nous est cher, accumuler des provisions, assurer son hygiène corporelle, embellir son lieu de vie, etc. ? C’est ce que raconte l’exposition.
Des pièces originales
Plus de 450 objets et meubles sont les témoins de la créativité humaine. Le plus antique est « le plus ancien briquet d’Europe » : un silex avec des traces de frottements, datant de 30 000 ans avant J.C. et trouvé dans le Bade-Wurtemberg. Les plus précieux sont une statuette représentant un harpiste de Santorin, en Grèce, vers 2500 ans avant J.C. et un vase du peintre grec Makron, datant de 490 avant J.C.
Les pièces présentées proviennent de plusieurs musées d’Allemagne, de Grèce, de Serbie et d’Autriche. L’éventail va de l’Antiquité greco-romaine à la Mongolie en passant par l’Europe du Moyen-Âge ou l’Allemagne du 19e siècle.
Le visiteur découvre ainsi un pot de chambre en porcelaine orné de roses qui aurait servi à Napoléon, à Guillaume III de Prusse et au futur empereur Guillaume Ier. Il admire aussi une chaise de cuisine réalisée pour son propre usage par le dirigeant est-allemand Walter Ulbricht, ancien menuisier. Il peut tester par lui-même plusieurs équipements tels qu’un lit antique égyptien.
La section consacrée à l’assise est très instructive. On découvre que s’asseoir confortablement a très longtemps été réservé aux aristocrates et aux puissants. Le peuple devait se contenter d’assises basses ou de chaises en bois simple.
L’exposition fait aussi prendre conscience d’évolutions assez peu remarquées. Elle souligne, par exemple, le fait que les postes de radio, puis de télévision apparus au 20e siècle ont modifié la disposition traditionnelle des sièges au sein de l’habitation. De chaises disposées en cercle autour de la table, nos pièces de vie sont passées à des fauteuils tournés dans la même direction. Résultat : les habitants se tournent le dos au lieu de se faire face.
Et demain ?
Cette archéologie de l’habitat montre à quel point le lien entre l’homme, ses murs et ses meubles a pu évoluer au cours du temps. En conclusion, elle nous invite aussi à réfléchir sur les défis de demain : la concentration des populations dans les villes, le changement climatique, les difficultés croissantes d’accès au logement.
La construction et les bâtiments sont responsables de 40 % des émissions de gaz à effet de serre, rappelle le dernier chapitre de l’exposition, intitulé « Comment pouvons-nous, voulons-nous, devrions-nous, allons-nous habiter demain ? ». Mais la créativité humaine n’a pas dit son dernier mot, est-il souligné. Les architectes travaillent d’arrache-pied à inventer les modes d’habitation de demain.
A.L.