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« Happy Ramadan » à Francfort : un signe du vivre ensemble

Les lumières « Happy Ramadan » dans le centre-ville de Francfort

Les lumières « Happy Ramadan » dans le centre-ville de Francfort, © picture alliance / epd-bild

09.04.2024 - Article

Pour la première fois, le centre-ville de Francfort est illuminé aux couleurs du Ramadan. Nargess Eskandari-Grünberg, la maire de la ville, nous parle de l’importance de l’ouverture religieuse.

Nargess Eskandari-Grünberg (Alliance 90/Les Verts) est maire de la ville de Francfort-sur-le-Main et - au sein du conseil municipal - responsable de la diversité, de la lutte contre les discriminations et de la cohésion sociale. Grâce à son mandat, cette psychothérapeute de profession, qui a fui son Iran natal, s’engage pour l’ouverture religieuse et la tolérance dans cette grande ville multiculturelle.

Madame Eskandari-Grünberg, quels sont les engagements de votre mandat ?

Je m’engage pour le vivre ensemble. Dans le monde entier, les crises ont pris de l’ampleur. La société est clivée comme jamais auparavant et, en partie, emplie de haine. Il est important à mes yeux de travailler ensemble sur notre climat social. Il faut s’engager pleinement contre l’extrême-droite, l’antisémitisme, le racisme, l’antitsiganisme, l’homophobie et l’islamophobie.

Quel rôle joue l’ouverture religieuse d’une société pour sa cohésion ?

Nargess Eskandari-Grünberg s’engage pour la cohésion sociale
Nargess Eskandari-Grünberg s’engage pour la cohésion sociale© picture alliance / epd-bild

La liberté religieuse est un acquis qui, depuis la Shoah, est ancré dans la Loi fondamentale allemande. Il est important qu’en tant que société, nous parvenions à faire preuve de tolérance envers les religions. Et je voudrais souligner que la tolérance ne vaut pas seulement pour sa propre religion, mais doit aussi s’exprimer envers les autres religions. Cela signifie nous tendre la main mutuellement, faire bloc pour la diversité et la cohabitation dans l’égalité. Nous vivons à Francfort-sur-le-Main, dans une des villes d’Allemagne les plus pluralistes et multiconfessionnelles. C’est la réalité de notre quotidien. Nous ne pouvons pas l’ignorer. Nous ne ferions que nous couper les uns des autres.

Au début du mois musulman du jeûne, vous avez allumé les premières illuminations publiques d’Allemagne sur le thème «  Happy Ramadan » dans le centre-ville de Francfort, devant plusieurs centaines de personnes. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Cela m’a vraiment bouleversée. Je ne savais pas à quoi m’attendre car j’avais entendu de nombreuses critiques s’élever. Mais elles ne se sont pas confirmées lors de l’inauguration. Autour de moi, il n’y avait que des regards enchantés, des enfants rayonnants et de nombreuses personnes qui se prenaient en photo devant les illuminations et, même, qui appelaient leurs proches pour leur raconter cet évènement incroyable. Des friandises et des dattes ont été distribuées.

Le fait que des décorations soient prévues dans la rue pour une fête musulmane comme c’est le cas pour des fêtes chrétiennes est un symbole fort. Qu’est-ce qui a motivé cette décision et que représente-t-elle ?

Nargess Eskandari-Grünberg prononçant un discours à l’occasion du lancement des illuminations du Ramadan
Nargess Eskandari-Grünberg prononçant un discours à l’occasion du lancement des illuminations du Ramadan© picture alliance / epd-bild

Les illuminations pour le Ramadan ont été votées par le conseil municipal en 2023, sur une initiative du SPD. Et effectivement, c’est un énorme symbole. C’est un signe de tolérance pour le vivre ensemble en temps de crises. Pour moi, c’est d’un côté une reconnaissance et un signal important pour les musulmans et musulmanes de notre ville. De l’autre, il s’agit d’un devoir. Un devoir car nous luttons tous ensemble contre l’antisémitisme sur la base de la Loi fondamentale allemande et faisons preuve de tolérance envers autrui.

Quelle est la réaction de la communauté musulmane en Allemagne ?

J’ai reçu des retours très positifs. Les gens étaient touchés. Un jeune homme m’a raconté que c’était un moment historique qu’il raconterait plus tard à ses enfants. Une autre famille m’a remerciée et écrit qu’elle était venue de Stuttgart avec leurs jeunes enfants spécialement pour cet évènement. Je pense que l’écho si positif qu’ont eu ces illuminations sur les membres de la communauté musulmane tient au fait que le Ramadan est pour eux un mois exceptionnel, synonyme de recueillement de soi et de rencontres. Parallèlement, il s’agit de donner de la visibilité à ces hommes et à ces femmes. Une partie de leur identité est mise en valeur dans le centre de Francfort et c’est très important.

Vous avez été persécutée politiquement en raison de votre opposition au régime répressif des mollahs en Iran que vous avez fui avec votre fille en 1985 pour vous installer à Francfort. En 2021, vous avez été la première réfugiée à avoir été élue mairesse en Allemagne. Quelles sont les conséquences de cette biographie mouvementée sur votre travail politique ?

Mon histoire est représentative du destin de nombreuses personnes de notre ville. Mon parcours a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. À mes yeux, la dignité humaine doit toujours être un élément central.

© deutschland.de

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