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Exposition : le football sous le nazisme et ses leçons pour aujourd’hui
Le stade olympique de Berlin, où se déroula la finale de l’EURO 2024 le 14 juillet prochain, © picture alliance / Xinhua News Agency | Inaki Esnaola
A l’occasion de l’EURO 2024, une exposition retrace à Berlin l’histoire du football sous le nazisme. Elle illustre les rapports entre sport et pouvoir. Elle est également riche d’enseignements pour la lutte contre l’antisémitisme aujourd’hui.
L’histoire du football est étroitement liée à celle de la société. Cela vaut d’hier à aujourd’hui. A l’occasion de l’EURO 2024, une exposition présentée à Berlin met en lumière le rôle du football sous l’ère national-socialiste. Elle en tire des leçons pour la lutte contre les discriminations dans le sport aujourd’hui. Elle est présentée jusqu’au 31 juillet à la Maison du sport allemand, au parc olympique de Berlin. Elle s’intitule « Sport. Masse. Pouvoir. Le football sous le national-socialisme ».
Le sport, relais de pouvoir
Cette exposition explique l’enjeu que le sport a représenté pour le pouvoir nazi. Le régime d’Hitler accordait au sport une grande importance. Il devait garantir la bonne santé de la population et la préparer à la guerre. C’était aussi un moyen de montrer qui faisait partie de la nouvelle société qu’ils voulaient créer, la « Volksgemeinschaft », ou non. Enfin, il permettait également de grandes mises en scènes, comme lors des Jeux Olympiques de 1936.
Après l’arrivée au pouvoir des nazis, en 1933, des clubs de football ont ainsi commencé à exclure certains de leurs membres parce qu’ils étaient juifs. En 1938, le régime a interdit aux juifs la pratique du sport. Et pendant la Seconde Guerre mondiale, des centaines de clubs juifs allaient être condamnés à la disparition dans l’Europe occupée.
Les sportifs de haut niveau étaient loin d’être épargnés par les persécutions. L’exposition retrace les destins de Lilli Henoch, Heinz Kerz, Béla Guttmann, Eddy Hamel et Julius Hirsch, quatre footballeurs et d’un athlète qui ont vu leur carrière brisée par les nazis ou qui ont été assassinés.
Du football dans les camps de concentration
Il n’en demeure pas moins que le sport a pu aussi apporter un soutien au beau milieu de l’horreur. L’exposition lève le voile sur un aspect méconnu de l’histoire du nazisme : la pratique du football dans les camps de concentration. Parfois, le ballon rond a pu apporter un peu de réconfort aux détenus malgré les mauvais traitements qu’ils subissaient. Ils y ont trouvé un peu d’humanité, de dignité, de retour à la normalité du quotidien.
Pour rendre tout cela palpable, l’exposition s’appuie sur des photos et des objets, mais aussi sur des formats narratifs innovants comme le roman graphique.
Tout au long du parcours, elle a pour fil conducteur une interrogation : dans quelle mesure le pouvoir du football est-il un facteur de cohésion sociale, et dans quelle mesure un facteur de discrimination ? Elle pose cette question non seulement au passé, mais aussi au présent.
La lutte contre les discriminations, un enjeu pour aujourd’hui
En effet, si le nazisme a disparu en 1945, tel n’a pas été le cas du racisme, ni de l’antisémitisme. Ils ont notamment refait surface dans les stades de football des années 1980 et 1990. A l’époque, beaucoup de supporteurs se sont levés pour dire non et lancer des initiatives contre la haine de l’autre.
Aujourd’hui encore, la discrimination reste malheureusement une réalité dans le monde du football. Mais elle suscite aussi de plus en plus de réactions. On voit naître nombre d’initiatives en faveur de la diversité et de la démocratie dans le milieu sportif.
A.L.