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Les adolescents allemands, une génération soucieuse mais optimiste
Préoccupés, mais optimistes : tels sont les adolescents de 14 à 17 ans d’aujourd’hui, selon une étude, © picture alliance / Zoonar | Olena Mykhaylova
Qu’y a-t-il dans la tête des adolescents ? C’est ce qu’analyse tous les quatre ans une étude socio-économique de l’institut SINUS de Heidelberg. La génération actuelle des 14-17 ans se révèle préoccupée par l’état du monde, mais optimiste.
Comment vont les jeunes ? À quoi rêvent-ils ? Quelles sont les valeurs importantes à leurs yeux ? Comment voient-ils l’avenir ? Tous les quatre ans, l’institut SINUS de Heidelberg pose son thermomètre au sein de la génération des 14-17 ans. L’objectif : en savoir plus sur la manière dont ils « fonctionnent ». La méthode n’est pas celle du sondage à grande échelle. C’est celle de l’étude qualitative, approfondie, auprès d’un petit groupe de 72 jeunes aux profils divers. La dernière édition révèle une génération soucieuse mais optimiste, avec des aspirations très classiques mais un esprit ouvert.
Graves, préoccupés… mais optimistes
Le premier constat des chercheurs n’étonnera personne : les jeunes d’aujourd’hui sont plus graves et préoccupés que jamais. Ils vivent dans un monde en crise marqué par les guerres, la raréfaction des ressources énergétiques, l’inflation et le changement climatique. Le souci de l’environnement et du climat, déjà vif en 2020, s’est encore accru. S’y est ajoutée une pointe d’inquiétude devant une dynamique migratoire difficile à évaluer, qui entraine une hausse du racisme et des discriminations. Sans compter l’anxiété persistante liée à l’entrée dans la vie adulte et professionnelle.
Ce fond de gravité est toutefois tempéré par l’allant de la jeunesse. En dépit du contexte, la jeune génération n’a rien perdu de son optimisme. La majorité des adolescents qui ont participé à l’étude se projette de manière positive dans l’avenir, et conserve un optimisme de principe. Peu se disent enthousiastes, mais presque aucun ne se dit insatisfait de sa vie. Beaucoup ont développé des stratégies pour surmonter les difficultés et se montrent résilients.
Une génération résiliente, qui a grandi avec les crises
Selon les chercheurs, cela peut s’expliquer par le fait que ces jeunes ont vécu dans un monde en crise « depuis qu’ils sont en âge de penser ». « Dès lors, leur optimisme ne butte pas sur une nostalgie d’un passé qui n’a jamais existé pour eux », expliquent les auteurs. « Beaucoup disent aller bien parce que leurs besoins essentiels sont couverts et parce qu’ils se sentent bien intégrés socialement. La vision du monde de la jeune génération ne correspond en rien au cliché d’une jeunesse dorée. Elle est empreinte de réalisme et de bon sens concret. »
Des rêves sages, des valeurs altruistes
Les perspectives diffèrent selon l’environnement socio-économique dans lequel les adolescents grandissent. Mais de manière générale, leurs rêves de jeunesse ressemblent à ceux des générations précédentes : une relation heureuse avec le ou la partenaire, des enfants, des animaux de compagnie, une maison ou un appartement, un bon emploi et suffisamment d’argent pour ne pas avoir à s’en soucier.
Les adolescents d’aujourd’hui ont en majorité troqué l’hédonisme de leurs parents pour le rêve d’une « biographie normale ». Ils aspirent à des vertus classiques. Le désir d’appartenance, de réconfort et de sécurité est une tendance marquée, qui tend à croître. La famille est très importante, tout comme les amis et la fidélité.
Ces valeurs traditionnelles se marient toutefois avec une forte dose d’ouverture d’esprit et d’altruisme. Aux yeux des 14-17 ans, la tolérance va de soi, non seulement à l’égard des autres cultures mais aussi de la pluralité des choix de vie. Pour la première fois depuis le début de l’étude, en 2008, la jeune génération apparaît fortement sensibilisée à la question de l’égalité hommes-femmes. En majorité, les jeunes sont très ouvertement favorables à ce qu’une personne puisse se définir comme non-binaire. Ils sont aussi très conscients des stéréotypes de genre, et très sensibles aux discriminations et aux inégalités.
Une génération peu politisée
Mais ce n’est pas une génération politisée. La politique a peu de place dans leur vie. Les crises incitent certains à faire des recherches et à s’informer, mais sans conduire à un engagement durable. D’autres se sentent dépassés intellectuellement et/ ou émotionnellement, et préfèrent fuir le sujet.
Selon les chercheurs, la raison principale de ce désintérêt réside dans le sentiment qu’ont les jeunes ne pas avoir d’influence, ni de compétence. La plupart voudraient être davantage entendus, respectés et pris au sérieux, que ce soit en famille, dans leurs activités de loisir, avec leurs pairs ou dans une communauté religieuse. Mais tous ne sont pas prêts à participer activement à la vie collective.
A.L.