Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères
Est-Ouest : en 35 ans, c’est toute l’Allemagne qui a changé
L’Allemagne célèbre ce jeudi la Journée de l’Unité allemande, qui marque le 34e anniversaire de la Réunification, © picture alliance / CHROMORANGE | Udo Herrmann
L’Allemagne célèbre ce jeudi la Journée de l’Unité allemande, qui marque le 34e anniversaire de la Réunification. Celle-ci a transformé tout le pays, l’Est comme l’Ouest, montre un rapport du délégué du gouvernement fédéral pour l'est de l'Allemagne.
Le 3 octobre 1990, l’Allemagne se réunifiait. Où en sommes-nous, 34 ans plus tard ? Selon le rapport annuel du délégué du gouvernement fédéral pour l'Est de l'Allemagne, Carsten Schneider, c’est le pays dans son ensemble qui a changé de visage, l’Est comme l’Ouest. Et s’il reste évidemment des différences, il existe davantage de convergences qu’il n’y paraît.
Accepter les différences culturelles, réduire les écarts matériels
« Avec la Réunification, c’est toute l’Allemagne qui a changé. C’est aujourd’hui une autre Allemagne qu’en 1989 », constate M. Schneider. « À l’intérieur, comme dans ses relations extérieures, l’Allemagne a, en quelque sorte, dû se réinventer. »
Selon le délégué, il convient d’accepter les différences culturelles, qui constituent une richesse, et de travailler à réduire les écarts matériels entre l’Est et l’Ouest.
Aujourd’hui, les conditions de vie se sont beaucoup rapprochées. Mais l’écart n’est pas totalement comblé, qu’il s’agisse du revenu moyen, de la puissance économique, du patrimoine ou de l’espérance de vie. Année après année, les sondages révèlent aussi un sentiment répandu parmi les habitants de l’Est d’être des citoyens de seconde classe.
L’est sous-représenté parmi les cadres dirigeants
Le délégué s’irrite particulièrement d’un fait : les personnes originaires de l’Est restent nettement sous-représentées parmi les cadres. Alors qu’elles représentent 20 % de la population, elles ne constituent que 8 % des dirigeants dans les médias, 4 % des patrons de grandes entreprises et 15 % des cadres dirigeants de grandes administrations.
À cela s’ajoutent les défis d’une démographie vieillissante, du manque de main-d’œuvre qualifié et de la percée de l’extrême droite, même si cette dernière n’est pas un phénomène uniquement observé à l’Est.
Mais l’objectif initial de parvenir à des conditions de vie équivalentes demeure. « Il reste un certain nombre de choses à faire » pour parvenir à l’équivalence des conditions de vie, a déclaré le chancelier Olaf Scholz sur X. « Malgré tout ce qui nous réunit, permet à l’est de se développer et d’être pionnier, cela reste notre mission pour parfaire l’unité. »
« Est et Ouest. Libres, unis et imparfaits »
Le rapport, intitulé « Est et Ouest. Libres, unis et imparfaits », décrit un échantillon des projets lancés par le gouvernement pour consolider l’industrie est-allemande, créer des emplois dans les régions charbonnières en reconversion ou faire progresser le développement durable. Berlin y consacrera 25 milliards d’euros d’ici à 2038. De leur côté, les entreprises investissent plus de 50 milliards à l’est, notamment dans les semi-conducteurs (TSMC), l’acier vert (ArcelorMittal), la microélectronique, les batteries ou l’hydrogène.
« Je ne suis pas partisan de convaincre les Allemands de l’Est qu’ils seraient des victimes. Au contraire », affirme M. Schneider. « Au cours des 35 dernières années, ce sont eux qui se sont donné le pouvoir de construire quelque chose à partir de ce qui restait de l’économie et de la substance de la RDA. »
« Plus étroitement entrelacés qu’il n’y paraît »
Afin de parvenir à une vision réaliste, le rapport fait également appel à une vingtaine de plumes extérieures. Il intègre, par ailleurs, les résultats d’un sondage (« Deutschland-Monitor ») réalisé auprès de plus de 4 000 personnes par les universités de Halle, Iéna et Mannheim. On y découvre un sentiment d’appartenance national plus faible à l’Est qu’à l’Ouest.
Mais on observe aussi de fortes convergences. Il semble, en effet, régner entre l’Est et l’Ouest un large consensus sur le type de société souhaité. Ainsi, plus de neuf sondés sur dix aspirent à une société fondée sur l’égalité entre les genres, à l’égalité des chances en termes d’épanouissement personnel, à la coexistence pacifique entre les religions, à un « vivre ensemble vécu au sein de la société » et à la justice sociale.
« Les deux parties du pays sont depuis longtemps beaucoup plus étroitement entrelacées qu’il n’y paraît parfois », conclut M. Schneider.
A.L.