Les Allemands sont-ils heureux ? C’est le sujet d’une étude menée chaque année par l’Université de Fribourg-en-Brisgau (Bade-Wurtemberg). En 2024, elle constate « un grand bond » du niveau de satisfaction des Allemands. En un an, il est passé de 6,92 à 7,06 points sur une échelle allant de zéro (pas du tout heureux) à 10 (extrêmement heureux). « L’Allemagne est de nouveau sur le chemin du bonheur », résument les auteurs.

Effacement de la pandémie et de l’inflation

Deux facteurs à l’origine du phénomène, selon l’étude : l’effacement de la pandémie et de ses conséquences pour la majorité de la population, et le sentiment que les crises des deux dernières années (crise énergétique, crainte d’un conflit nucléaire, inflation) se sont révélées moins graves que prévu.

Ainsi, le niveau de satisfaction a davantage augmenté parmi les catégories les plus affectées par la pandémie : familles monoparentales, jeunes et jeunes adultes, mères qui travaillent. Quant à l’inflation, son reflux est allé de pair avec de fortes hausses de salaires qui ont stabilisé le niveau de vie. Les Allemands se disent aujourd’hui beaucoup plus satisfaits de leurs revenus qu’il y a un an.

Selon les chercheurs, le niveau de bonheur des Allemands n’égale pas encore le record de 2019 (7,14 points). Mais « il a retrouvé la trajectoire des années 2010 ».

Des émotions plus présentes

L’étude montre, par ailleurs, un rôle accru des émotions. Elles sont plus présentes dans le quotidien, qu’elles soient positives ou négatives. 27 % des sondés se déclarent « souvent » ou « très souvent » en colère (+ 5 points en un an). 19 % sont souvent en proie à la peur (+ 5 points). 25 % sont souvent tristes (+ 4 points). Et 49 % « souvent » ou « très souvent » heureux (+ 4 points). Ces moments de joie se vivent dans un très large éventail de situations allant de l’écoute de musique et des jeux avec les enfants jusqu’au sentiment de « flow  » dans le travail.

De fortes disparités régionales

Un autre enseignement est que le sentiment d’être heureux varie beaucoup d’une région à l’autre. Hambourg (nord), la Bavière (sud) et le Schleswig-Holstein (nord) sont les länder les plus heureux. La ville hanséatique affiche un niveau de satisfaction très au-dessus de la moyenne (7,38). Il s’explique par le haut niveau de création de richesses et par la qualité de l’offre de soins et d’éducation.

La Bavière, forte d’un indice de bonheur de 7,23, bénéficie de sa prospérité, de la beauté de ses paysages et du fort sentiment d’appartenance au sein de sa population. Quant au Schleswig-Holstein, il a longtemps caracolé en tête du classement. Pourtant, contrairement à Hambourg et à la Bavière, son score de satisfaction de 7,23 ne s’explique pas par les conditions de vie matérielles, mais plutôt par une mentalité « à la danoise » : confort et bien-être (« hygge  »), incluant promenades dans la nature, thé et repas pris en commun.

Où est-on le plus heureux ?

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C’est l’autre grand enseignement de ce sondage : le niveau de bonheur des habitants ne dépend pas de leurs conditions de vie objectives. Les mentalités y sont pour beaucoup. L’étude distingue entre des länder où l’on est plus heureux qu’on ne devrait l’être du fait des conditions matérielles objectives (Schleswig-Holstein, Hambourg, Saxe, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Saxe-Anhalt), et des régions où on l’est moins que ce que les conditions matérielles ne permettraient de l’espérer (Bavière, Bade-Wurtemberg, Hesse, Basse-Saxe, Thuringe, Brandebourg, Sarre, Mecklembourg-Poméranie occidentale).

Et si l’on se penche sur les villes, ce sont les villes à taille humaine, à l’atmosphère familiale, sûres et vertes qui ont la population la plus comblée. Kassel, Erfurt, Aix-la-Chapelle, Kiel, Krefeld, Münster, Augsbourg, et Düsseldorf arrivent en tête du classement. À l’inverse, un haut niveau de revenus ou de richesse ne garantit pas des citadins plus heureux.

A.L.

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