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Il y a 35 ans, la chute du Mur

Point de passage frontalier le 10 novembre 1989, © picture-alliance/ dpa | dpa
Pendant 28 ans, un mur a séparé l’Allemagne de l’Est de l’Allemagne de l’Ouest. Il est tombé le 9 novembre 1989. À l’occasion du 35e anniversaire de cette journée de liesse et de liberté, revenons sur cette date clé de l’histoire allemande et interrogeons-nous sur ce qu’elle signifie aujourd’hui.
La division de l’Allemagne 13 août 1961
C’est la capitulation sans condition de la Wehrmacht allemande le 8 mai 1945 qui met fin à la Seconde Guerre mondiale en Europe. Elle marque le début de la division de l’Allemagne et de l’Europe. Les quatre puissances victorieuses, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’URSS, découpent l’Allemagne en quatre zones d’occupation. Berlin, la capitale, est, elle aussi, divisée en quatre zones. Jusqu’en 1948, les zones des puissances victorieuses occidentales, à savoir la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, fusionnent pour former une « Trizone ».
En 1949, les divergences d’opinions insurmontables entre les puissances occidentales et l’URSS aboutissent à la création d’un double État. Sur le territoire de la Trizone, la signature de la Loi fondamentale, le 23 mai 1949, donne naissance à la République fédérale d’Allemagne. Et le 7 octobre 1949, la zone d’occupation soviétique devient la République démocratique allemande (RDA). Berlin reste divisée et Berlin-Ouest se trouve entièrement entourée par le territoire de la RDA. Bonn accueille le siège du gouvernement, puis la capitale de la République fédérale d’Allemagne.
Alors que la République fédérale est un État démocratique, l’Allemagne de l’Est devient une dictature, au même titre que tous les États du bloc de l’Est dirigé par l’URSS. Beaucoup en RDA désapprouvent le système politique et économique. Dès la fin des années 1940, un véritable exode se met en place. En août 1961, entre 2,7 et 4 millions de personnes ont quitté la RDA selon les estimations, soit jusqu’à un sixième de la population. La RDA avait déjà commencé à fermer sa frontière avec la République fédérale en 1952. Le 13 août 1961, lors de la construction du Mur à travers et autour de Berlin, la RDA ferme hermétiquement sa frontière avec l’Ouest.
Le Mur tombe après 28 ans 9 novembre 1989

Depuis les années 1980, le mécontentement gagne du terrain en RDA. La situation économique est mauvaise, les biens de consommation sont pratiquement inexistants. Par ailleurs, les citoyennes et citoyens de RDA n’ont pas le droit, à quelques exceptions près, de se rendre à l’Ouest, même pour rendre visite à des proches. Simultanément, ils apprennent par des membres de leur famille et par la télévision à quel point la vie est différente à l’Ouest.
En URSS, Mikhaïl Gorbatchev est élu secrétaire général du parti communiste le 11 mars 1985. Il amorce une politique de réformes et octroie une large autonomie aux pays satellites du bloc de l’Est. Alors que des réformes sont engagées en Pologne et en Hongrie, en RDA, le SED au pouvoir s’en tient fermement à sa ligne de conduite. Beaucoup de gens prennent la fuite via la Hongrie pour se rendre en Autriche et à l’ambassade d’Allemagne à Prague. C’est le 4 septembre 1989, à Leipzig, qu’a lieu la première manifestation du lundi. Au fil des semaines, de plus en plus de personnes rejoignent les manifestations à travers tout le pays. Le 30 octobre, rien qu’à Leipzig, 300 000 personnes se réunissent.
Le 18 octobre 1989, le secrétaire général du SED, Erich Honecker, démissionne. Egon Krenz est son successeur. Après que la Tchécoslovaquie a ouvert ses frontières pour permettre aux citoyens de la RDA de passer en République fédérale d’Allemagne et que beaucoup d’Allemands et d’Allemandes de l’Est ont à nouveau fui, le SED se voit contraint d’agir. Il prévoit une nouvelle loi sur les voyages afin d’apaiser la population.

9 novembre 10 h 00
Au ministère de l’Intérieur de la RDA, un nouveau projet de réglementation sur les sorties du territoire est en cours d’élaboration afin de sauver la RDA de la déchéance.
© picture alliance / imageBROKER | bildbaendiger
9 novembre 17 h 30
Egon Krenz, président du Conseil d’État, remet à Günter Schabowski, porte-parole du comité central du SED, un exemplaire de la nouvelle réglementation sur les voyages et un communiqué de presse s’y rapportant.
© picture alliance / dpa
9 novembre 18 h 50
Pendant une conférence de presse internationale retransmise en direct par la télévision et la radio de la RDA, Schabowski annonce la nouvelle réglementation sur les voyages. Lorsqu’un journaliste lui demande quand cette réglementation devrait entrer en vigueur, il répond, visiblement troublé, que d’après ce qu’il sait, c’est « tout de suite, immédiatement ! ».

9 novembre 19 h 05
Ces mots ont un effet immédiat : à 19 h 05, l’agence AP diffuse une information de dernière minute : « La RDA ouvre sa frontière ». Cette nouvelle fait la une à la télévision et à la radio.

9 novembre 20 h 15
Les premiers Berlinois de l’Est arrivent aux postes-frontières de Bornholmer Straße, Invalidenstraße et Heinrich-Heine-Straße. Les gardes-frontières, censés renvoyer les gens, leur répondent de patienter jusqu’au lendemain.

9 novembre 21 h 30
Entre 500 et 1 000 personnes se trouvent, entre-temps, au poste-frontière de la Bornholmer Straße. La foule réclame bruyamment l’ouverture de la frontière. La Stasi mise sur une « solution de soupape d’échappement » et laisse certaines personnes franchir la frontière vers l’Ouest.

9 novembre 23 h 30
Vers 23 h, à la Bornholmer Straße, la situation devient dangereuse pour les gardes-frontières de la RDA. Des milliers de personnes se pressent vers le poste-frontière. Alors que certaines personnes sont autorisées à quitter le pays, la pression de celles qui attendent s’intensifie. Les gardes-frontières finissent par ouvrir la barrière. Les gens se ruent sur les dispositifs de contrôle et du côté ouest, ils sont accueillis avec enthousiasme par des Berlinois de l’Ouest qui attendent. On apprendra plus tard qu’environ 20 000 personnes ont emprunté le passage entre 23 h 30 et 0 h 15.

10 novembre 0 h 20
Pour près de 12 000 soldats, l’armée populaire nationale de la RDA décrète le niveau d’alerte « Préparation accrue au combat ». Cependant, étant donné qu’aucun autre ordre n’a été donné pendant la nuit, les commandants suspendent à nouveau – sous leur propre responsabilité – les mesures.

10 novembre 1 h 00
Entre 1 h et 2 h du matin, à la Porte de Brandebourg, des milliers de Berlinois de l’Ouest et de l’Est franchissent le Mur ; ils se promènent sur la Pariser Platz et traversent la Porte. Sur le Mur, les gens dansent de joie.

10 novembre 2 h 00
Cette nuit-là, les autorités politiques et militaires de la RDA n’apparaissent pas publiquement. Le ministère de l’Intérieur indique que la frontière peut être franchie « à titre transitoire » jusqu’à 8 h le lendemain, sur présentation de la carte d’identité.

10 novembre 8 h 00
En raison de la ruée de la foule, la tentative de revenir à une circulation contrôlée des voyageurs à partir de 8 h – comme cela avait été annoncé publiquement dans la nuit – échoue aux différents points de passage de Berlin.

10 novembre 14 h 00
À la Porte de Brandebourg, des milliers de Berlinois de l’Est et de l’Ouest continuent d’occuper le Mur.

10 novembre 15 h 00
Edouard Chevardnadze, le ministre soviétique des Affaires étrangères, déclare que l’Union soviétique considère les « événements en RDA comme une affaire relevant de la compétence propre de ses nouveaux dirigeants et de son peuple, et leur souhaite à cet égard un succès total ». Les 350 000 soldats soviétiques présents en RDA restent dans les casernes.

10 novembre 17 h 00
Lors d’un rassemblement devant la mairie de Schöneberg, des hommes politiques ouest-allemands prennent la parole devant 20 000 à 40 000 personnes : le maire de Berlin Walter Momper, le ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher, le chancelier Helmut Kohl et l’ancien chancelier Willy Brandt. Kohl met l’accent sur l’unité de la nation et invite à « rester pondéré et à agir avec sagesse ».
Sous le signe du tournant (Wende)
Art et culture
La période du tournant allemand et la chute du Mur ont marqué toute une génération d’artistes et d’acteurs culturels. Séparation, réunification, nouveau départ et liberté seront des motifs très présents dans la littérature, la musique et la peinture. Les œuvres explorent l’Histoire, se penchent sur la réunification et en préservent ainsi le souvenir.
« Freiheit, schöner Götterfunken ! »

En signe de joie, deux concerts sont donnés à Noël 1989 : des musiciennes et musiciens de Munich, Dresde, Londres, Paris, New York et de l’ancienne Leningrad jouent les « Berlin Celebration Concerts » le 23 décembre 1989 à la Philharmonie de Berlin-Ouest et le 25 décembre au Schauspielhaus de Berlin-Est. Le légendaire chef d’orchestre américain Leonard Bernstein dirige le chœur et l’orchestre. Et pour ajouter une touche symbolique supplémentaire, le maestro réécrit l’« Ode à la joie » de Friedrich Schiller à partir de la 9e symphonie de Ludwig van Beethoven. Au lieu de « Freude, schöner Götterfunken » (Joie, belle étincelle divine), il fait chanter « Freiheit, schöner Götterfunken » (Liberté, belle étincelle divine).
Nous avons beaucoup fait la fête tout autour de nous. L’ambiance était incroyable. C’était la joie, la joie, la joie, la joie.
- Claudia Ulbrich, choriste
De l’art pour la liberté

En 1984, Kiddy Citny et son collègue Thierry Noir peignent pour la première fois des parties du Mur de Berlin. « Nous voulions entourer Berlin-Est d’art », précise Kiddy. Bien qu’ils aient peint sur le côté ouest du Mur, ils se sont ainsi déplacés sur le territoire de la RDA. Par ses œuvres, Kiddy Citny fait partie des pionniers du mouvement appelé « street art » en Allemagne. En tant que « peintre du Mur », il connaît par la suite une renommée internationale. Son art aux couleurs vives symbolise la paix, la liberté et l’humanité. Les œuvres de Kiddy Citny sont aujourd’hui exposées dans des musées et des galeries aux quatre coins du monde. Certaines de ses peintures sur le Mur de Berlin font partie de l’East Side Gallery, abritant la plus longue section du Mur de Berlin encore conservée aujourd’hui.
Je voulais montrer que l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest pouvaient ne faire qu’un, qu’elles appartenaient l’une à l’autre. Voilà pourquoi j’ai peint les cœurs. Un seul cœur ne suffit pas pour aimer. Il en faut deux.
- Kiddy Citny, artiste
La prochaine génération
Préserver la liberté
De la liberté de voyager à la liberté d’expression, la période du tournant a permis à beaucoup de gens de prendre conscience de l’importance d’une société libérale. 35 ans après la chute du Mur, de jeunes adultes se penchent sur cet événement historique majeur.
Nous pouvons être fiers d’être un pays uni par des valeurs telles que la liberté, la justice et l’unité.
Je pense que la liberté d’expression est très importante, en particulier au regard du passé allemand. En RDA, la liberté d’expression n’existait pas. C’est pourquoi je souhaite m’exprimer et m’engager pour des thèmes qui me tiennent à cœur. Par le biais des médias sociaux, j’entre ainsi en contact avec d’autres personnes qui ne sont pas de mon avis : c’est un aspect important de la liberté d’expression.
De la liberté de voyager à la liberté d’expression, la période du tournant a permis à beaucoup de gens de prendre conscience de l’importance d’une société libre. Trente-cinq ans après la chute du Mur, de jeunes adultes se penchent sur cet événement historique majeur.
Voyage dans le temps : Berlin hier et aujourd’hui
Le Mur a occupé le paysage urbain de Berlin pendant près de trois décennies. Aujourd’hui, il a presque entièrement disparu. Un montage de photos montre les lieux à l’époque du Mur et ce à quoi ils ressemblent aujourd’hui.

Berlin Mitte - Brandenburger Tor
La Porte de Brandebourg, symbole de la division de Berlin, puis de l’unité de l’Allemagne. En 2024, là où se trouvait le Mur en 1986, seule une clôture de chantier sépare temporairement Berlin-Est et Berlin-Ouest.
© Stephan Pramme / © picture alliance / dpa | Wolfgang Kumm
Berlin Mitte/Kreuzberg - Wilhelmstraße
Photographié en 1982 et 2024. En arrière-plan, le siège du ministère allemand des Finances ; en RDA, il s’agissait de la « Maison des ministères ».

Berlin Mitte/Wedding - Bernauer Straße
Depuis l’ouest, la vue sur la tour de télévision de Berlin sur l’Alexanderplatz à l’est de Berlin est dégagée en 2024, alors qu’elle était encore cachée par le Mur en 1982.

Berlin Mitte/Wedding - Bernauer Straße
Au lieu d’un Mur qui sépare, une ligne de tramway qui relie : la Bernauer Straße au croisement de la Oderberger Straße en 1982 avec le Mur, et en 2024, 35 ans après la chute du Mur.

Berlin Mitte - Spreeufer
Là où se trouvait le Mur en 1982, se trouve en 2024 la maison Marie-Elisabeth-Lüders du Bundestag allemand. Non visible sur la photo : une passerelle qui relie deux bâtiments au-dessus de la Spree.

Mitte/Kreuzberg - Friedrichstraße
La Friedrichstraße à Berlin-Ouest, peu après la construction du Mur en octobre 1961 et aujourd’hui. Aujourd’hui, une rue très fréquentée se trouve à l’endroit où se trouvait le Mur à l’époque. Et le panneau de signalisation a dû être repositionné sur le côté.
Les traces du Mur: Vivre l’histoire

Dans un siècle marqué par deux terribles guerres, la période du tournant et la chute du Mur sont entrées dans l’Histoire sous l’appellation de « révolution pacifique ». Et pourtant, les années précédentes avaient fait de nombreuses victimes. Entre 1961 et 1989, au moins 140 personnes ont perdu la vie le long du Mur de Berlin en raison du régime frontalier de la RDA, la plupart d’entre elles ayant été abattues par les gardes-frontières de la RDA au cours de tentatives de fuite.
Le passé d’une Allemagne divisée est aujourd’hui commémoré en de nombreux lieux. Rien qu’à Berlin, on trouve une multitude de monuments commémoratifs. Citons par exemple la gare de Friedrichstraße, le « Palais des Larmes », où les Allemands de l’Est devaient faire leurs adieux à leurs proches de l’Ouest. Le lieu de mémoire principal, la « Gedenkstätte Berliner Mauer » (mémorial du Mur de Berlin) se trouve sur la Bernauer Straße. Il comprend un centre de documentation, des espaces de rencontre ainsi qu’une « chapelle de la réconciliation ».
Traduction : Deutschland.de / Révision : Ambassade d’Allemagne