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Auschwitz : « Il n’y a pas de fin à la mémoire »
Le président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, et le chancelier Olaf Scholz ont participé lundi en Pologne à la commémoration du 80e anniversaire de la libération du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz, © picture alliance/dpa | Bernd von Jutrczenka
80 ans après la libération du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz, le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, le chancelier Olaf Scholz, et plusieurs représentants officiels allemands ont participé lundi aux commémorations officielles.
Le 27 janvier 1945, les soldats de l’Armée rouge libéraient le camp de concentration et d’extermination nazi d’Auschwitz. Environ 1,5 million de personnes, dont environ un million de juifs, y ont été assassinées entre 1940 et 1945. Quatre-vingt ans après, Auschwitz symbolise aux yeux du monde la Shoah et le meurtre méticuleusement planifié et exécuté de millions de personnes. Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, et le chancelier Olaf Scholz ont participé lundi aux commémorations officielle à Oświęcim, en Pologne, aux côtés de nombreux chefs d’État et de gouvernement.
« Nous tolérerons aucun oubli, ni aujourd’hui, ni demain »
Ils étaient accompagnés d’une importante délégation, dont faisaient partie la présidente du Bundesrat, Anke Rehlinger, le vice-chancelier, Robert Habeck, et le président du Conseil central des juifs d’Allemagne, Josef Schuster.
M. Steinmeier a arpenté le camp principal d’Auschwitz I. Ému, il a déposé des fleurs devant le Mur de la mort. « Nous, en Allemagne, nous n'oublions pas« , a-t-il déclaré. »Il n'y a pas de fin à la mémoire, par donc à la responsabilité non plus. »
Auschwitz « symbolise la monstruosité d’un crime contre l’humanité inédit », a-t-il dit. Ce qui s’est passé à Auschwitz-Birkenau et dans les autres camps nazis « fait partie de notre histoire, et ce faisant aussi de notre identité, à laquelle nous devons nous confronter ».
« Plus d’un million de personnes avec des rêves et des espoirs ont été assassinées à Auschwitz, assassinées par des Allemands, […] Nous tolérerons aucun oubli, ni aujourd’hui, ni demain », a renchéri sur X le chancelier Olaf Scholz.
Les témoins, de plus en plus rares, au cœur de la cérémonie
Lors de sa visite, M. Steinmeier était accompagné de deux anciens déportés, Pavel Taussig et Christian Pfeil. Persécutés par les nazis, ils ont été détenus dans plusieurs camps et ont survécu. Ils étaient au centre de la cérémonie officielle, avec une quarantaine d’anciens détenus du camp.
Ces témoins sont malheureusement de plus en plus rares. C’était l’une des particularités de cette cérémonie que d’être sans doute l’une des dernières grandes occasions de les réunir. « Ce que les témoins ont à dire est d’une valeur inestimable », a souligné M. Steinmeier. « Mais c’est à nous qu’il revient désormais de faire passer aux générations suivantes leurs exhortations et leurs attentes. »
Le défi de la transmission a été accentué, à l’occasion de ce 80e anniversaire, par la recrudescence du racisme et de l’antisémitisme. La responsabilité et la mémoire ne doivent pas être aveugles au présent, a averti M. Steinmeier. Il a fait notamment référence à la multiplication des déclarations et agressions antisémites dans l’espace public ou dans les écoles.
« Ce qui s’est passé à l’époque ne doit plus jamais se produire », a renchéri l’ancienne déportée allemande Margot Friedländer. « Nous ne devons jamais oublier, mais la mémoire ne suffit pas. […] Soyez des êtres humains ! », a exhorté la créatrice de la Fondation pour la tolérance et l’humanité, âgée de 103 ans.
Nombreuses commémorations, 80 ans après
80 ans après, la mémoire demeure, même si le défi de la transmission grandit. À Berlin, la Porte de Brandebourg s’est illuminée d’une banderole portant l’inscription de la campagne du Congrès juif mondial #WeRemember. Le chancelier Olaf Scholz a participé à deux commémorations à l’invitation de la communauté juive de Francfort et du Comité international d'Auschwitz.
Et à Paris, l’ambassadeur d’Allemagne en France, Stephan Steinlein, publié dans la presse une tribune conjointe avec son homologue israélien, Joshua L. Zarka. Les deux hommes se sont rendus ensemble au Mémorial de la Shoah de Drancy. Cette visite « m’a fortement ému », a commenté M. Steinlein. « Quel signal d’espoir qu’une telle chose soit possible. Ensemble nous devons lutter contre la haine, l’antisémitisme, pour la démocratie et les droits de l’homme. »
A.L.