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Révolution pacifique : pour la démocratie, la liberté et les droits humains

Manifestant qui tient une affiche avec le mot « Freiheit » (Liberté) © picture alliance / dpa / Ullstein bild
La révolution pacifique désigne la période comprise entre le printemps 1989 et les premières élections libres en RDA, en mars 1990. La réunification de l’Allemagne et une Europe unie en furent la conclusion. Retour sur les événements en images.
1989 : une année entre dans l’histoire
En 1989, des citoyens courageux firent tomber le régime de la RDA. L’événement occupe une place très particulière dans l’histoire de l’Allemagne car les protestations restèrent non violentes.
Des élections qui n’en sont pas

Élections municipales en mai 1989. Pour la première fois, le mouvement d’opposition peut apporter la preuve que les élections sont systématiquement truquées par le SED, le parti unique au pouvoir. Des protestations s’élèvent contre les fraudes électorales. Dans le même temps, la Hongrie commence à démanteler les premières clôtures à sa frontière. Cela réveille l’espoir de nombreux citoyens est-allemands et renforce leur désir de quitter le pays. Joachim Jauer, alors correspondant de la ZDF pour l’Europe de l’Est basé à Vienne, commente l’action de la Hongrie au journal télévisé : « Aujourd’hui, quarante ans de division de l’Europe entre l’Est et l’Ouest prennent fin, ici, à cet endroit. Cela aura des conséquences inimaginables : pour l’Europe, pour les Allemands en République fédérale, et surtout pour les Allemands en RDA. »

Le 7 mai 1989, des élections municipales se tiennent en RDA. Mais comme pour toutes les élections précédentes, les habitants de RDA ne peuvent pas vraiment choisir ceux qui sont appelés à les diriger politiquement.
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Les citoyens de RDA ne sont pas les seuls à prendre part au vote. Les travailleurs contractuels étrangers venus en RDA pour travailler peuvent également voter. Eux non plus n’ont cependant guère le choix : comme d’habitude, seuls les noms de candidats du « Front national de la République démocratique allemande » figurent sur les bulletins de vote.
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Peu après la fermeture des bureaux de vote, le dépouillement a lieu publiquement.
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L’observation électorale « indépendante » est censée souligner le caractère démocratique de l’élection. 98,85 pour cent des voix se portent sur les candidats du Front national de la RDA. Des membres de l’opposition observent le décompte des voix dans bon nombre de bureaux de vote et constatent des manipulations et des fraudes.
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La nouvelle de l’existence de fraudes électorales se répand rapidement dans le pays. Elle déclenche des protestations et un mouvement de résistance des citoyens. Ce sera la dernière fois que les dirigeants du SED faussent des élections. Dans les mois qui suivent, des centaines de milliers de personnes manifestent dans tout le pays et entraînent la chute du système politique de la RDA.
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Durant l’été, des milliers de citoyens tentent de quitter la RDA en passant par la Hongrie ou déposent des demandes de sortie du territoire. En août, les autorités est-allemandes reconnaissent publiquement le problème que représente cet exode. Les journaux télévisés de la RDA en parlent pour la première fois. Ils ne révèlent cependant pas que de nombreuses personnes stationnent dans les représentations diplomatiques. Il est certes rappelé que, conformément au droit international, les représentations de la République fédérale n’ont aucuns droits ni aucune obligation de prise en charge vis-à-vis de ceux qui veulent quitter la RDA. Seule la RDA elle-même est compétente. Mais la République fédérale voit les choses autrement, les ressortissants est-allemands le savent : eux aussi sont Allemands au sens de la Loi fondamentale, la constitution de l’Allemagne de l’Ouest. Dans les jours qui suivent, les représentations diplomatiques de la République fédérale à Berlin-Est, Budapest, Prague et Varsovie, débordées, ferment les unes après les autres.

Lors du « pique-nique paneuropéen », le 19 août 1989, la Hongrie ouvre symboliquement sa frontière à Sopron, en direction de l’Autriche, pendant une courte période. Près de 700 citoyens de RDA saisissent l’occasion pour fuir à l’Ouest. Dès mai 1989, la Hongrie avait commencé à démanteler les clôtures de fil barbelé à sa frontière occidentale.
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En autorisant le « pique-nique paneuropéen », la Hongrie montre sa volonté de déchirer le rideau de fer. Quelques jours plus tard, le 25 août 1989, la Hongrie assure qu’elle va ouvrir sa frontière aux réfugiés de RDA. Dans la nuit du 10 au 11 septembre 1989, elle met sa promesse à exécution.
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La nouvelle de l’ouverture de la frontière en Hongrie se répand. De plus en plus de personnes provenant de RDA s’enfuient durant l’été 1989 en direction des ambassades de la République fédérale à Prague, Budapest et Varsovie ainsi que vers sa représentation permanente à Berlin-Est. Elles espèrent obtenir une autorisation de sortie du territoire vers la République fédérale.
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« Nous sommes venus vous dire qu’aujourd’hui, votre sortie du territoire... », les acclamations couvrent le reste de la phrase. Pour les presque 6 000 réfugiés est-allemands qui attendent devant l’ambassade de la République fédérale à Prague, les mots du ministre des Affaires étrangères de la République fédérale, Hans-Dietrich Gentscher, sont le message de la délivrance. Quelques jours plus tard, des milliers de nouveaux fugitifs affluent à nouveau dans l’ambassade. À partir de début novembre, la Tchécoslovaquie autorise les gens à quitter directement le territoire en direction de la République fédérale.
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À Budapest aussi, les ressortissants de RDA attendent devant l’ambassade de la République fédérale un visa et un passeport pour passer en Allemagne de l’Ouest. Au début des vacances d’été, plus de 200 000 personnes prennent la direction de la Hongrie. La plupart partent en vacances, mais des milliers d’entre elles cherchent aussi une possibilité de fuir. Le 11 septembre, la Hongrie ouvre officiellement sa frontière pour les réfugiés de RDA se trouvant sur son territoire ; en l’espace de trois jours, 15 000 personnes fuient à l’Ouest, suivies de près de 20 000 autres jusqu’à la fin du mois.
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Les trains de Prague : le trajet des trains spéciaux de la Deutsche Reichsbahn, la compagnie ferroviaire est-allemande, qui transportent près de 5 000 réfugiés de Prague vers l’Allemagne de l’Ouest, le 5 octobre 1989, est strictement secret. Personne en RDA ne doit en effet monter dans les trains le long de leur parcours.
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Un grand mouvement d’aide et de solidarité attend les réfugiés à leur arrivée à Hof, en Bavière. À partir de l’été 1989, des dizaines de milliers de personnes fuient de la RDA vers l’Ouest.
© Bundesregierung/SchambeckManifestations dans tout le pays

Plus rien ne peut arrêter la révolution pacifique. Durant l’automne 1989, des centaines de milliers de personnes descendent dans la rue pour protester contre le système. Leipzig est le centre de la révolution pacifique et le point de départ des manifestations du lundi. Le 9 octobre 1989, 70 000 personnes s’y rassemblent courageusement pour défier le régime du SED. Une manifestation pacifique qui a pour slogan « Nous sommes le peuple » (« Wir sind das Volk ») devient le moment-clé de l’histoire allemande, qui conduira finalement à la réunification.

Le 13 mars 1989, après la prière pour la paix organisée dans l’église Saint-Nicolas à Leipzig, 300 citoyens de RDA descendent dans la rue en scandant : « Nous voulons partir ! Nous voulons partir ! » Ils entendent profiter de l’intérêt suscité par la foire de printemps de Leipzig pour attirer l’attention sur leur revendication : quitter le territoire de la RDA. Malgré la présence sur place de nombreux journalistes occidentaux ce jour-là, la Volkspolizei, la police de la RDA, décide d’intervenir et procède à de nombreuses arrestations.
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Le 13 août 1989, pour le 28e anniversaire de la construction du Mur, une foule nombreuse manifeste à Berlin-Ouest et à Berlin-Est contre le Mur et réclament sa chute, comme ici à Checkpoint Charlie.
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À Leipzig, des prières pour la paix sont organisées dès 1981. Elles trouvent leur origine dans la controverse autour du déploiement de missiles nucléaires à moyenne portée en RDA et de la réponse apportée par l’Occident face à cette nouvelle menace : la « double décision » de l’OTAN. Le mouvement pacifiste d’opposition en RDA réclame un désarmement à l’Est comme à l’Ouest. Après le trucage des élections communales du 7 mai 1989, la thématique de ces prières pour la paix évolue et porte désormais sur la démocratie et des élections libres, la liberté de voyager, de se rassembler et d’exprimer ses opinions.
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Le 4 septembre 1989, après la prière pour la paix du lundi dans l’église Saint-Nicolas de Leipzig, 1 200 personnes descendent dans la rue. Sur leurs banderoles, on peut lire : « La liberté de voyager plutôt que l’exode de masse ». À partir de cette date, les manifestations du lundi se tiennent régulièrement et deviennent le symbole des protestations en RDA.
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Le 2 octobre 1989, la quatrième manifestation du lundi à Leipzig rassemble 20 000 citoyens est-allemands. Face à eux, la police et des groupes de combat sont déployés en grand nombre. Pour la première fois, le message scandé est « Nous sommes le peuple ! » (« Wir sind das Volk! »).
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Le 7 octobre 1989, alors que le SED fait célébrer le 40e anniversaire de la RDA dans tout le pays, à Plauen, 15 000 personnes répondent à un appel à manifester diffusé par tracts. Les tentatives de la police de réprimer la manifestation par la violence sont un échec.
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À Berlin-Est aussi, les gens se rassemblent pour protester à nouveau contre la manipulation des élections municipales. L’espoir des manifestants de pouvoir exprimer pacifiquement leur mécontentement reste vain ici aussi. La police et la Stasi – la sécurité d’État – font usage de canons à eau, de gaz lacrymogène et de coups-de-poing américains, font irruption brutalement dans les logements où elles supposent que des manifestants ont trouvé refuge. Plus de 1 000 arrestations ont lieu en un week-end.
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9 octobre 1989 – Les manifestations du lundi se tiennent semaine après semaine à Leipzig. Pour pouvoir intervenir contre les manifestations, le SED mobilise ce jour-là aussi la Volkspolizei et la Stasi. Dans le centre-ville, ce sont désormais 70 000 citoyens qui sont rassemblés. Leurs slogans sont : « Nous sommes le peuple » et « Pas de violence ! ». Pour la première fois, le régime du SED n’intervient pas face à la protestation pacifique.
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Une semaine plus tard, le 16 octobre 1989, 120 000 personnes se rassemblent sur les boulevards de ceinture du centre-ville de Leipzig. À Dresde, à Magdebourg et à Halle aussi, les gens descendent dans la rue. Les médias d’État est-allemands informent pour la première fois sur les manifestations en cours dans le pays.
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Le 4 novembre 1989, la protestation gagne tout le pays. Des manifestations pacifiques ont lieu partout. À Berlin-Est, un demi-million de personnes se rassemblent sur l’Alexanderplatz. C’est la plus grande manifestation contre le système dans l’histoire de la RDA. Son objectif : la transition vers la démocratie en RDA.
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Les gens manifestent contre les abus commis par la police le jour de l’anniversaire de la République et pour la liberté de la presse, d’opinion et de réunion. Outre les nombreux artistes et militants pour les droits civiques, des membres de l’élite dirigeante socialiste tentent également de prendre la parole. Ils sont cependant sifflés par les manifestants. « C’est comme si quelqu’un avait ouvert les fenêtres d’un grand coup après toutes ces années de stagnation » (Stefan Heym, écrivain, le 4 novembre 1989 sur l’Alexanderplatz).
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Parmi les manifestants présents sur l’Alexanderplatz à Berlin, on retrouve l’écrivaine Christa Wolf (à dr.) et la militante des droits civiques et membre fondatrice du Nouveau Forum Bärbel Bohley. Dans une interview donnée en 2009, cette dernière affirme : « L’automne 1989 a été l’expérience du grand nombre ; cette joie partagée était bonne et c’est cela qui était particulier. »
© Bundesarchiv/ADN/ZB/Link, Bild 183-1989-1104-045Mouvements pour les droits civiques

Dans un tel climat politique, plusieurs groupes d’opposition envisagent de créer leur propres partis et associations, tels que Démocratie maintenant (Demokratie Jetzt), Renouveau démocratique (Demokratischer Aufbruch) et l’Initiative pour la paix et les droits de l’homme (Initiative Frieden und Menschenrechte). Dans ce contexte, le Nouveau Forum a exercé une influence particulière.
Le 4 octobre 1989, plusieurs groupes d’opposition et de défense des droits civiques signent une déclaration commune dans laquelle ils réclament des élections libres sous contrôle de l’ONU. En dépit de leur objectif commun, des désaccords subsistent entre eux sur les sujets du socialisme, de l’économie de marché, de la réunification et de la sortie du territoire.

À la fin de l’été 1989, des citoyens engagés commencent à se rassembler toujours plus nombreux en mouvements politiques et à se soulever publiquement contre le régime de la RDA. Alors que les sujets qui préoccupent l’opposition sont multiples, la volonté de démocratisation de la RDA est ce qui les unit. Le 23 octobre 1989, des représentants des groupes d’opposition donnent leur première conférence de presse à Berlin-Est et s’expriment sur les interventions policières lors de manifestations dissoutes dans la violence.
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Dès le début de septembre 1989, 30 membres de l’opposition signent l’appel fondateur du Nouveau Forum. Quelques semaines plus tard, le Nouveau Forum demande son agrément en tant qu’association politique, demande qui est toutefois rejetée par le régime. On retrouve parmi les premiers membres du Nouveau Forum, notamment, l’artiste Bärbel Bohley, le scientifique Jens Reich, l’opposante Katja Havemann et le physicien médical Sebastian Pflugbeil. En l’espace de quelques mois, des centaines de milliers de personnes en RDA signent l’appel fondateur du Nouveau Forum. Celui-ci compte jusqu’à 10 000 membres.
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Le régime du SED motive son refus d’agrément du Nouveau Forum en affirmant que ce dernier ne répond à aucun besoin. Des milliers de personnes dans le pays voient les choses autrement et réclament l’autorisation du mouvement pour les droits civiques lors de manifestations, comme ici à Rostock.
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Depuis que les trains transportant les réfugiés de l’ambassade de Prague passent par Dresde, la police réprime à coups de matraques les manifestations des candidats au départ. Des centaines de personnes sont arrêtées dans les rues. Après des journées de violence, la situation change radicalement à Dresde. Le 8 octobre 1989, les manifestants désignent 20 citoyens chargés de négocier avec les autorités locales. Après une discussion, les policiers déposent leurs boucliers, ouvrant ainsi la voie à un dialogue pacifique.
© Imago Images/Ulrich Hässler
En octobre 1989, dans les milieux proches de l’Église protestante, se constitue le Renouveau démocratique (Demokratischer Aufbruch), dont fait partie également le théologien Rainer Eppelmann. Alors que le mouvement promeut initialement un socialisme réformé, son programme évolue considérablement après quelques mois seulement : l’économie sociale de marché et l’unification de la RDA et de la République fédérale sont désormais ses objectifs. La jeune physicienne Angela Merkel est désignée porte-parole du Renouveau démocratique.
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Le groupe Démocratie maintenant (Demokratie Jetzt) se forme en septembre 1989 : il trouve ses racines dans des initiatives proches de l’Église. Parmi ses fondateurs figurent notamment Hans-Jürgen Fischbeck, Konrad Weiß, Wolfgang Ullmann et Ulrike Poppe. Ce mouvement citoyen a pour revendication, en plus d’une communauté solidaire et de l’état de droit dans une société pluraliste, la prise en compte du lien entre l’économie et l’écologie. En mars 1990, Démocratie maintenant s’associe avec d’autres initiatives pour former l’Alliance 90 (Bündnis 90).
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Des représentants de plusieurs groupes d’opposition et de défense des droits civiques signent une déclaration commune le 4 octobre 1989. Ils y réclament la libération de leurs compagnons emprisonnés et des élections libres et secrètes.
© Robert-Havemann-GesellschaftLe Mur tombe

Le 9 novembre 1989, le bureau politique du SED adopte des nouvelles règles relatives à l’autorisation de sortie du territoire et aux voyages hors de RDA ; la nouvelle doit être diffusée le lendemain par l’intermédiaire de l’agence de presse d’État ADN. Günter Schabowski, membre du bureau politique, se présente devant la presse vers 18 h 45. Les journalistes veulent connaître les détails des décisions prises. Quelles facilités de voyager sont concrètement prévues ? Qui concernent-elles ? À un correspondant qui lui demande quand la nouvelle réglementation entre en vigueur, Schabowski répond : « Maintenant – Immédiatement ». Il est presque 19 heures.

Des milliers de citoyens est-allemands affluent vers les postes frontières et réclament leur ouverture immédiate. Les soldats stationnés à la frontière n’ont cependant même pas été informés de la nouvelle réglementation relative aux voyages. Sous l’assaut de la foule, les gardes-frontière de la Bornholmer Straße ouvrent le passage vers 21 h 20. C’est le premier poste frontière ouvert. La dictature de la RDA a cessé d’exister. Tout Berlin est en liesse. Ses habitants pleurent de joie et font la fête pendant toute la nuit. Le lendemain de l’ouverture de la frontière, ils se massent devant la Porte de Brandebourg au cri de : « Le Mur doit disparaître » (« Die Mauer muss weg »).

La nouvelle sensationnelle se répand dans le monde en quelques minutes : le Mur est ouvert. Des milliers de personnes affluent vers les postes frontières et réclament leur ouverture immédiate. Vers 21 h 20, les gardes-frontière de la Bornholmer Straße ouvrent le passage.
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Tous les postes frontières dans la ville de Berlin sont ouverts avant minuit. Incrédules et au comble du bonheur, des amis, des membres de mêmes familles, des gens qui ne se connaissent pas tombent dans les bras les uns des autres. Après 28 ans, le Mur est tombé.
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Dans les premiers jours après l’ouverture de la frontière, une atmosphère de joie envahit tout le pays. Des citoyens de l’Est et de l’Ouest affluent vers les postes frontières. Les Allemands de l’Est veulent aller à l’Ouest. Et les Allemands de l’Ouest veulent découvrir ce pays derrière le Mur, dont ils savent si peu de choses.
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Le 9 novembre 1989 s’écrit une page de l’histoire d’Allemagne. Les « Mauerspechte », ces citoyens armés de marteaux et de burins qui arrachent de morceaux du Mur, le savent aussi.
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Le 10 novembre 1989, tout Berlin est en liesse. Pleurant de joie, les Berlinois ont fêté la chute du Mur pendant toute la nuit, ont dansé sur le Mur devant la Porte de Brandebourg et ont fait des allers et retours aux postes frontières.
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Hors de Berlin aussi, l’ouverture de la frontière est célébrée : au poste frontière de Helmstedt-Marienborn, les citoyens de RDA entrant en République fédérale sont accueillis chaleureusement.
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Des bouchons se forment sur des kilomètres aux postes frontières dans tout le pays : des milliers de citoyens veulent traverser la frontière en voiture, comme ici à Zarrentin, près de Schwerin.
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Des bouchons se forment aussi sur l’autoroute près d’Eisenach, en Thuringe, mais rien ne peut freiner la joie suscitée par la chute du Mur.
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À Berlin-Ouest, les rues sont pleines. En nombre incalculable, des habitants de Berlin-Est et du reste de la RDA profitent de leur nouvelle liberté de voyager, veulent retrouver des parents et des amis, ou simplement découvrir la ville. Pour quiconque l’a vécue, l’ouverture du Mur reste inoubliable.
© Bundesstiftung Aufarbeitung/Günter Bersch, Bild Bersch-045-A072-2017Accès à la démocratie

Après la chute du Mur, des représentants de l’opposition se réunissent avec le gouvernement de la RDA. Ils veulent contrôler l’action de ce dernier et porter de l’avant la démocratisation. En novembre, le chancelier fédéral Helmut Kohl présente au Bundestag allemand son « plan en dix points pour surmonter la division de l’Allemagne et de l’Europe », dont l’objectif est le rétablissement de l’unité étatique de l’Allemagne. Le 3 décembre 1989, le secrétaire général du SED Egon Krenz ouvre la 12e réunion du comité central du SED, qui sera aussi la dernière.
Premières élections libres en RDA

Le 18 mars 1990, les citoyens de RDA peuvent élire leur parlement pour la première fois dans le cadre d’élections libres et secrètes. Ce jour est considéré comme la victoire définitive de la révolution pacifique sur la dictature de la RDA. Les élections sont remportées par l’Alliance pour l’Allemagne, emmenée par la CDU. Le nouveau gouvernement dirigé par Lothar de Maizière a désormais pour mission de préparer la voie menant à l’unité de l’Allemagne.
Souvenir et travail de mémoire

Le moment où la RDA entre dans le champ d’application de la Loi fondamentale, la constitution de la République fédérale, marque la réunification de l’Allemagne après une partition qui a duré 41 ans. Le 3 octobre 1990 à minuit, la cloche de la Liberté sonne à Berlin. La division du pays appartient enfin au passé. Aujourd’hui, beaucoup de lieux dans le pays rappellent ce que furent la RDA et la division de l’Allemagne par la frontière interallemande.

Le lieu central du souvenir de la division de Berlin est aujourd’hui le Mémorial du Mur de Berlin de la Bernauer Straße. Chaque année, des centaines de milliers de personnes provenant du monde entier visitent l’exposition en plein air du Mémorial.
© Sebastian Bolesch
De 1961 à 1989, 138 personnes ont été tuées le long du Mur de Berlin ou ont perdu la vie dans des circonstances imputables au régime de surveillance des frontières de la RDA. Les portraits des victimes du Mur sont exposés au Mémorial de la Bernauer Straße.
© Sebastian Bolesch

L’ancien hall des départs du point de passage frontalier de Berlin-Friedrichstraße est surnommé le « Palais des larmes » (« Tränenpalast »). Ce nom rappelle que c’était le lieu où de nombreux Est-Allemands prenaient congé de leurs proches et de leurs familles venus d’Allemagne de l’Ouest. Le « Palais des larmes » est aujourd’hui un lieu de mémoire et un espace d’exposition.
© Felix Zahn/photothek.net
Le « Palais des larmes » fait partie de la Fondation Haus der Geschichte der Bundesrepublik Deutschland. Les visiteurs peuvent y découvrir l’exposition permanente consacrée au quotidien de la division de l’Allemagne.
© Sebastian Bolesch
La frontière interallemande a coupé en deux pendant 40 ans le village de Mödlareuth, également surnommé le « petit Berlin ». La localité abrite aujourd’hui une partie des installations frontalières dans un musée en plein air.
© Sebastian Bolesch
Mödlareuth se situe directement à la limite entre la Bavière et la Thuringe. Aujourd’hui, le village appartient toujours pour moitié au Land de Bavière et pour moitié au Land de Thuringe.
© Sebastian Bolesch
En Saxe-Anhalt, dans le village de Hötensleben, des éléments de la frontière interallemande ont également été conservés.
© Sebastian Bolesch
Le mémorial de Hötensleben montre les installations fortifiées de la frontière de la RDA telles qu’elles étaient en 1989. Il fait partie du Mémorial de la division allemande de Marienborn.
© Sebastian Bolesch
Le Mémorial de la division allemande de Marienborn se trouve sur l’ancienne esplanade du plus grand point de passage frontalier entre la RDA et la République fédérale. Près de 12 millions de voyageurs – principalement ouest-allemands – passaient chaque année par cette frontière dans les années 1980. Pour la plupart des habitants de RDA, voyager vers l’Ouest resta interdit jusqu’en novembre 1989.
© Judith AffolterJadis bande de la mort, aujourd’hui ceinture verte

Le plus grand biotope d’un seul tenant en Allemagne s’étend depuis plus de 30 ans sur 1 400 kilomètres le long de l’ancienne frontière interallemande. La « ceinture verte » (« Grünes Band ») est un projet de protection de la nature qui relie les bords de la mer Baltique au Vogtland, en Bavière, et offre un habitat précieux à de nombreuses espèces animales et végétales menacées.

1985 : les clôtures et les miradors marquent l’entrée du port fluvial de Boizenburg, dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale.
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Aujourd’hui : les installations de la frontière sont démantelées depuis longtemps. Une tour d’observation offre une vue dégagée sur l’Elbe près de Boizenburg.
© ullstein bild/Jürgen Ritter
1984 : la frontière interallemande sur les pentes de la Junkerkuppe entre Lindewerra, en Thuringe, et Oberrieden, en Hesse.
© ullstein bild/Jürgen Ritter
Aujourd’hui : la Junkerkuppe entre Lindewerra et Oberrieden après sa renaturation.
© ullstein bild/Jürgen Ritter
1984 : à la frontière interallemande de Rottenbach, en Bavière, des touristes observent le paysage en direction d’Eisfeld, en Thuringe.
© ullstein bild/Jürgen Ritter
Aujourd’hui : la route nationale nº 4 relie Rottenbach en Bavière et Eisfeld en Thuringe sans aucun contrôle frontalier.
© ullstein bild/Jürgen Ritter© Gouvernement fédéral