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L’Assemblée parlementaire franco-allemande souligne l’importance des langues
L’Assemblée parlementaire franco-allemande souligne l’importance des langues, © Picture alliance/ Caro / Ruffer
Réunis à Bonn en séance plénière, les cent députés du Bundestag et de l’Assemblée nationale qui composent l’Assemblée parlementaire franco-allemande ont auditionné lundi Gabriel Attal, ministre français de l’Éducation nationale, et Anke Rehlinger, ministre-présidente de la Sarre et plénipotentiaire de la République fédérale chargée des relations culturelles franco-allemandes.
Après un hommage aux victimes de l’attentat qui s’est déroulé samedi soir à Paris, ils ont débattu de la baisse de l’apprentissage de l’allemand en France et du français en Allemagne. Mme Rehlinger et M. Attal ont appelé à appliquer concrètement les Stratégies pour le développement de la langue du partenaire présentées en 2022.
Il importe « au moins de stopper la baisse, et pour l’avenir de relancer » l’apprentissage de la langue du partenaire, a déclaré Mme Rehlinger. À ses yeux, il convient aussi de s’interroger sur les raisons qui poussent, ou au contraire, qui détournent les élèves de choisir d’apprendre la langue du partenaire. Et ce, afin de savoir quelles incitations mettre en place.
Selon la ministre-présidente de la Sarre, région qui met en place une politique volontariste de l’apprentissage du français, il faut explorer toutes les pistes, et ne pas négliger l’aspect utilitaire de cet apprentissage. Les perspectives personnelles et professionnelles ouvertes par la langue du voisin sont un point important qu’il convient de mettre davantage en avant, a-t-elle souligné. Mme Rehlinger a également appelé à relancer les partenariats entre les établissements scolaires en France et en Allemagne, qui ont diminué pendant la pandémie.
De son côté, Gabriel Attal a reconnu l’évolution préoccupante du nombre d’élèves qui apprennent l’allemand en France, et ce « depuis de nombreuses années ». La pandémie a encore aggravé la situation, a-t-il ajouté. Au cours des trois dernières années, le nombre d’élèves germanistes est passé de 15,7 % à 13,5 %. Le ministre a pointé l’insuffisance des instruments pédagogiques, le manque de professeurs et d’assistants d’allemand, ainsi qu’un faible intérêt des élèves français pour la langue de Goethe.
M. Attal souhaite relancer l’intérêt des élèves pour les doubles diplômes, tels que l’Abibac. La langue est un instrument majeur pour renforcer la compréhension mutuelle, a-t-il souligné. « Nous avons besoin de possibilités de rencontres entre nos deux pays pour apprendre la culture et la langue », a-t-il dit. C’est une priorité, et simultanément un défi au sein de la relation franco-allemande.
En France comme en Allemagne, la situation de l’apprentissage de la langue du partenaire demeure toutefois très variable d’une région à l’autre. En France, 75 % des établissements scolaires le proposent, a indiqué M. Attal. Mais l’offre est nettement plus faible dans le sud du pays. L’objectif est d’accroître le nombre d’élèves apprenant l’allemand de 10 % d’ici à 2030, a fait savoir le ministre.
En Allemagne, le français se porte encore relativement bien au lycée, mais il pâtit dans les autres formes d’enseignement secondaire, a exposé Mme Rehlinger. Les écarts sont, par ailleurs, importants entre les länder. Un élève sur deux l’apprend dans le land frontalier de la Sarre, mais seulement 10 % l’étudient dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale, au nord-est du pays. Selon Mme Rehlinger, des facteurs géographiques interviennent. Mais ils n’expliquent pas tout. Ainsi, Un quart des élèves apprennent le français dans les länder frontaliers du Bade-Wurtemberg et de la Rhénanie-Palatinat. Mais cette proportion atteint également 18,4 % en Thuringe, dans l’est du pays. Il vaudrait la peine de se pencher sur « ce qui est fait différemment » en Thuringe, a souligné la ministre-présidente.
A.L.