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École : l’Allemagne inquiète des performances de ses élèves d’après l’étude PISA
Selon la dernière étude PISA de l’OCDE, les jeunes Allemands rejoignent la moyenne des pays de l’OCDE en mathématiques et en lecture. Ils ne réalisent plus de performances significativement supérieures qu’en sciences, © picture alliance/dpa | Roland Weihrauch
Les performances des élèves allemands ont nettement baissé depuis 2018 en mathématiques, en lecture et en sciences, selon la dernière étude PISA de l’OCDE. Un constat « inquiétant », selon le gouvernement, qui veut miser sur les compétences fondamentales et sur un soutien ciblé.
Le constat est le même en Allemagne qu’en France. Selon la dernière étude PISA de l’OCDE sur l’éducation, le niveau des adolescents a fortement baissé en mathématiques, en compréhension écrite et en sciences entre 2018 et 2022. Ces résultats sont « inquiétants », a commenté le chancelier Olaf Scholz. Selon les experts et les commentateurs, les raisons de ce recul sont plurielles.
Selon l’OCDE, c’est en mathématiques et en compréhension écrite que la baisse est la plus notable. Sur ces deux compétences, l’Allemagne perd son avance et revient dans la moyenne des pays testés. En mathématiques, le niveau baisse de 25 points par rapport 2022. C’est deux fois plus vite que la moyenne de l’OCDE, où le niveau recule de 17 points. En compréhension écrite, les élèves allemands perdent 18 points, contre 11 points, en moyenne, dans l’OCDE.
En sciences, les jeunes Allemands conservent un niveau supérieur à leurs camarades de l’OCDE. Mais leur avance se réduit. Leur niveau a baissé de 11 points par rapport à 2018. Dans l’OCDE, il a baissé de deux points.
Les effets de la pandémie, mais pas seulement
Plusieurs explications sont avancées pour expliquer ce que de nombreux responsables éducatifs, politiques et économiques n’hésitent pas à qualifier de « désastre ». Il y a, tout d’abord, les conséquences des fermetures de classes durant la pandémie. L’enseignement en distanciel a moins fait appel aux outils numériques en Allemagne que dans la moyenne de l’OCDE. La comparaison des données entre les pays montre toutefois qu’il n’existe pas de lien systématique entre la durée de la fermeture des classes et la baisse du niveau des élèves.
En ce qui concerne les performances en mathématiques, un deuxième facteur explicatif réside, selon les auteurs de l’étude, dans l’hétérogénéité des classes. Un lien étroit demeure, en effet, en Allemagne entre l’origine sociale et la réussite scolaire. À cela s’ajoute, pour les familles issues de l’immigration, un niveau socio-économique souvent plus faible.
Selon les auteurs de l’étude, les performances en mathématiques ont baissé pour tous les élèves et tous les types de classes. Mais les adolescents de la première génération, nés à l’étranger, affichent un niveau en mathématiques plus faible que la moyenne. En revanche, à la deuxième génération, celle des enfants nés en Allemagne de parents étrangers, seuls le niveau socio-économique et la langue parlée à la maison expliquent encore des différences.
« L’hétérogénéité des élèves place le système éducatif et les enseignants devant des défis immenses », reconnaît Katharina Günther-Wünsch, présidente de la Conférence des ministres de l’éducation des länder (KMK), compétents en matière d’éducation. « Tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut maintenant renforcer les compétences fondamentales et ce, le plus tôt possible. »
Origine sociale et réussite scolaire
« Il nous faut rapidement renverser la tendance, et redoubler d’efforts pour consolider les compétences fondamentales de l’ensemble des élèves », renchérit Jens Brandenburg, secrétaire d’État parlementaire au ministère fédéral de l’Éducation et de la Recherche. « Et il nous faut rapidement offrir une aide ciblée aux enfants et aux adolescents issus de milieux socialement défavorisés. »
Vers un soutien ciblé aux élèves
Pour la ministre fédérale de l’Éducation, Bettina Stark-Watzinger, aussi, « il serait trop facile de dire : cela s’explique par les fermetures de classes pendant la pandémie ou par l’augmentation de l’immigration ».
Après un premier choc « PISA » au sujet des performances de ses élèves, l’Allemagne avait redressé la barre et nettement amélioré ses performances éducatives. Mais « voilà plusieurs années que l’on observe une baisse globale des résultats », explique la ministre dans les colonnes du quotidien « Frankfurter Allgemeine Zeitung ».
« Il nous faut malgré tout nous confronter au débat : à quoi doit ressembler une bonne politique éducative dans un pays d’immigration ? Cela commence avec les compétences linguistiques, et cela va pour partie jusqu’au manque de soutien reçu au sein de la famille. »
« L’éducation a été en partie privatisée », précise Mme Stark-Watzinger. « Les parents pour qui l’éducation est importante s’occupent beaucoup » des résultats de leurs enfants. « Je ne veux pas empêcher les parents de tirer le meilleur de leurs enfants. Nous avons besoin d’eux. Mais l’État doit veiller à assurer la meilleure éducation et l’égalité des chances ».
La ministre souhaite donc développer un soutien ciblé aux élèves qui en ont le plus besoin. « Dans les foyers où il n’y a pas de bibliothèque, ou dans ceux où l’on ne parle pas assez allemand. C’est là qu’interviendra notre programme pour l’égalité des chances. »
Selon le ministère de l’éducation, ce programme fournira un soutien ciblé à quelque 4 000 établissements dont les élèves sont particulièrement défavorisés socialement. L’objectif est de diviser par deux la proportion d’élèves qui ne maîtrisent pas les bases en lecture, en écriture et en calcul. Le programme sera financé par l’État fédéral et par les länder, qui débourseront un total de 20 milliards d’euros sur dix ans.
A.L.