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L’Université de Bielefeld innove en créant une Académie du conflit
L’académie ConfliktA, récemment inaugurée à l’Université de Bielefeld, s’est fixé pour mission d’explorer les voies de résolution des conflits, qui essaiment partout dans la société en période de crise, © picture alliance / PhotoAlto | Frederic Cirou
Géopolitiques, sociétaux, familiaux : les conflits sont partout en cette période de crises. Comment les comprendre ? Les résoudre ? Ces compétences sont de plus en plus en demandées. L’Université de Bielefeld vient de lancer une initiative innovante : ConfliktA.
Comment mieux comprendre les conflits ? Apprendre à les résoudre d’une manière constructive ? Innovante ? En tirer des leçons ? La question intéresse chacun en cette époque de crises traversée de multiples conflits, de la sphère familiale à l’échiquier mondial. Souvent, les compétences manquent, et l’impuissance est de mise. Pour y remédier, l’Université de Bielefeld (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) vient de créer la première académie universitaire des conflits.
ConflitkA a été lancée officiellement le 30 octobre dernier. Elle était en gestation depuis plus d’un an au sein l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les conflits et la violence (IKG), et sera en phase pilote jusqu’en 2027. Elle reçoit un soutien de huit millions d’euros du ministère fédéral de l’Education et de la Recherche.
De la théorie à la pratique
Elle aura pour missions d’étudier les conflits pour mieux les comprendre, mais aussi de développer des compétences pour apprendre à les résoudre, d’explorer des approches innovantes et de transmettre ce savoir aux professionnels et au grand public.
« A travers ConfliktA, nous créons une plateforme pour analyser les conflits qui traversent la société et développer des stratégies pour les gérer d’une manière constructive », explique Kerstin Eppert, directrice scientifique de l’académie.
ConfliktA réunit plus d’une trentaine de professionnels venus d’horizons variés : des psychologues, des sociologues, des pédagogues ou encore des historiens. L’approche mêle volontairement la recherche fondamentale, la pratique et le conseil dans le domaine politique. « Nous réunissons sous un même toit l’analyse des conflits, les débats et la recherche de solutions », souligne le professeur Andreas Zick, directeur scientifique de l’IKG et initiateur du projet.
Comment sortir de la polarisation ?
Dissensions politiques, débats non résolus sur l’immigration sur fond de menace terroriste, attaques des climatosceptiques contre les militants pour le climat : la division et la polarisation sont devenus un trait de l’époque. En retour, les attentes envers les scientifiques se font de plus en plus pressants. Avec la montée des extrêmes et du populisme, ils constituent un enjeu de plus en plus important, notamment pour les institutions.
« On nous demande quelle attitude adopter face aux forces antidémocratiques », relate M. Zick. « Comment, en période de crise, faire en sorte que les sentiments de discrimination ne conduisent pas les gens à s’écarter des orientations démocratiques ? Ce sont des questions auxquelles nous pourrons apporter de meilleures réponses à travers une académie. »
Le travail au sein des communes, où naissent de nombreux conflits, sera l’une des priorités des chercheurs. L’académie entend notamment développer une boîte à outils pour aider les acteurs de terrain. Elle compte aussi développer des offres de formation et de professionnalisation.
Compétences
« Souvent, il manque une connaissance concrète des phénomènes conflictuels, de leurs causes, de leurs conséquences et des possibilités de gérer les conflits », souligne M. Zick. « Et en tant que société, nous prenons trop rarement le temps de réfléchir à ces questions. Or, là où cette connaissance existe, la prévention des conflits est meilleure, grâce à la négociation. Nous le savons grâce aux entreprises qui se sont engagées dans une démarche de gestion des conflits ou ont recours à du conseil en prévention des conflits. »
« L’enjeu réside aussi dans l’amélioration de la culture du débat public et social », ajoute Kerstin Eppert. « En d’autres termes », il s’agit d’apprendre « comment rendre possible un débat concret sur des thèmes potentiellement conflictuels à fort contenu émotionnel ».
A.L.