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Pablo Picasso et Max Beckmann, si loin, si proches

Pablo Picasso, Femme nue couchée jouant avec un chat, 1964. Musée Von der Heydt, Wuppertal

Pablo Picasso, Femme nue couchée jouant avec un chat, 1964. Musée Von der Heydt, Wuppertal, © Succession Picasso / VG Bild-Kunst, Bonn 2023

15.09.2023 - Article

Une exposition qui s’ouvre ce week-end à Wuppertal, dans la Ruhr, confronte pour la première fois les œuvres de ces deux artistes majeurs du XXe siècle. Bien que différentes et parfois opposées dans leurs démarches, elles présentent de stimulants parallèles.

Le cinquantenaire de la mort de Pablo Picasso (1881-1973) offre des opportunités inédites. À Wuppertal, dans la Ruhr, le musée Von der Heydt a conçu l’idée d’une confrontation originale entre le maître espagnol et son contemporain allemand Max Beckmann (1884-1950). L’exposition qui s’ouvre ce week-end (« Homme – Mythe – Monde », jusqu’au 7 janvier 2024) met en évidence les nombreux parallèles entre leurs œuvres, au-delà des divergences.

Pablo Picasso et Max Beckmann ne se sont très probablement jamais rencontrés de leur vivant. Ce n’était pas écrit. Ils ont tous les deux vécu à Paris. Ils connaissaient leurs œuvres respectives. Et ils ont, l’un et l’autre, apporté une contribution décisive à la redéfinition des possibilités et du rôle de l’art figuratif. Enfin, ils ont en commun d’avoir traversé les grandes tragédies de la première moitié du 20e siècle (les deux guerres mondiales, le nazisme, le franquisme et la guerre d’Espagne).

200 œuvres

L’exposition présente près de 200 œuvres, principalement des tableaux et des dessins, mais également quelques sculptures. Elles proviennent des fonds du musée von der Heydt et du musée Sprengel de Hanovre, établissement partenaire qui accueillera l’exposition l’an prochain. Des prêts venant du Centre Pompidou, du musée Picasso de Paris, ainsi que du musée d’art de Bâle, des Collections d’art nationales bavaroises de Munich et de collections privées complètent la palette.

Dialogue posthume

Ce dialogue posthume met en évidence la manière dont Picasso et Beckmann ont révolutionné l’art. Il montre aussi les réponses, similaires ou opposées, qu’ils ont trouvées aux grands défis de leurs temps.

Toujours, les deux artistes placent l’être humain au centre de leur travail. Et ils s’intéressent à son rapport au monde. Au début de leur carrière, ils concentrent ainsi tous les deux leur attention sur les démunis et les marginaux, qui attirent leur compassion. Plus tard, ils recourent à la puissance du mythe pour donner de la profondeur à leurs tableaux et forger des allégories des grandes crises et des grandes ruptures du siècle. Et toujours, ils s’intéressent aux rapports entre l’homme et la femme.

Révolution sur la toile

[G.] Max Beckmann, autoportrait en ambulancier, 1915, huile sur toile, 55,5 x 38,5 cm, Von der Heydt-Museum Wuppertal ; [Dr.] Pablo Picasso, Homard et siphon, 1948, Von der Heydt-Museum Wuppertal
[G.] Max Beckmann, autoportrait en ambulancier, 1915, huile sur toile, 55,5 x 38,5 cm, Von der Heydt-Museum Wuppertal ; [Dr.] Pablo Picasso, Homard et siphon, 1948, Von der Heydt-Museum Wuppertal© Musée Von der Heydt, Wuppertal / © Succession Picasso / VG Bild-Kunst, Bonn 2023

Sur le plan formel, Picasso et Beckmann ont cherché à révolutionner le rapport à la figuration. Dans le cubisme, Picasso a cherché l’expérimentation formelle, tandis que Beckmann a trouvé un moyen d’exprimer le vécu traumatique de la Première Guerre mondiale. C’est dans les années 1920 que leurs œuvres se sont le plus rapprochées. Ils ont utilisé la toile comme une scène peuplée de corps humains compacts, ressemblant à des statues. Comme de nombreux artistes européens de l’époque, ils ont cherché un retour à l’ordre et à la clarté à travers la forme. Mais le monde qu’ils ont peint est tout sauf indemne.

Par la suite, leurs œuvres ont suivi leur chemin, parfois opposés, parfois parallèles. Ils ont tous les deux cherché dans la nature morte de nouvelles stratégies artistiques.

Picasso et Beckmann « ont pris des voies artistiques différentes, et pourtant leur rapport au monde les fait se rejoindre à beaucoup d’égards », constate François Delattre, ambassadeur de France à Berlin et parrain de l’exposition. « Ce rapprochement nous rappelle toute la richesse que l’Europe doit à sa diversité ».

A.L.

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