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Exposition : à la redécouverte d’Otto Dix

Otto Dix, Flandres, 1934-1936.  200 × 250 cm

Otto Dix, Flandres, 1934-1936. 200 × 250 cm, © VG Bild-Kunst Bonn, 2023, Avec l’aimable autorisation des Musées nationaux de Berlin, Nationalgalerie. Photo: bpk-Bildagentur

10.10.2023 - Article

Une grande exposition à Hambourg explore pour la première fois l’œuvre tardive du peintre allemand Otto Dix (1891-1969), figure de la Nouvelle objectivité. Elle montre aussi son influence sur l’art jusqu’à nos jours.

Vue de l’exposition Otto Dix et les contemporains aux musée des Deichtorhallen de Hambourg. Œuvres de : Otto Dix, Ron Mück, Simone Haack, Catherine Opie
Vue de l’exposition « Otto Dix et les contemporains » aux musée des Deichtorhallen de Hambourg. Œuvres de : Otto Dix, Ron Mück, Simone Haack, Catherine Opie© Deichtorhallen, Hambourg 2023, Photo: Henning Rogge

L’expérience des tranchées, les contradictions de la grande ville, les tabous, la vulnérabilité humaine et la solitude existentielle : reflet d’une époque, celle de la République de Weimar et des Années folles, les toiles et les dessins d’Otto Dix ont marqué l’histoire de l’art, et peut-être l’histoire tout court. Mais que sait-on de son œuvre tardive, réalisée après l’accession des nazis au pouvoir, en 1933 ? Souvent assez peu de choses, mis à part la mise au ban d’une partie de ses travaux, estampillés « art dégénéré ». Une grande exposition aux Deichtorhallen de Hambourg vient aujourd’hui combler cette lacune. Elle propose aussi une relecture de cette partie de l’œuvre.

L’exposition est à visiter jusqu’au 25 février 2024. Intitulée « Otto Dix et les contemporains », elle rassemble 50 œuvres du maître de la Nouvelle objectivité, et une centaine d’autres d’artistes contemporains, dont la Française Anne Laure Sacriste. Il s’agit d’illustrer la réception d’Otto Dix dans l’art jusqu’à nos jours. Son influence se lit dans de nombreux domaines, allant des sujets à l’iconographie politique en passant par le style, la technique ou la peinture de genre.

Focus sur l’œuvre tardive

L’ambition de l’exposition ne s’arrête toutefois pas là. Spécialiste de Dix, la commissaire, Ina Jessen a surtout voulu apporter une nouvelle pierre à la compréhension de son œuvre. Pour la première fois, elle propose une rétrospective complète des travaux réalisés durant la dictature nazie. On y constate l’impact de la censure politique sur l’ambition artistique, la nécessité de s’adapter et l’évolution de l’iconographie politique.

L’une des découvertes de l’exposition réside dans la mise en perspective du caractère prétendument apolitique de cette partie de l’œuvre. Pour l’amateur d’art, qui a à l’esprit les travaux populaires, radicaux et provocateurs réalisés dans les années 1920, Otto Dix semble s’être réfugié après 1933 dans un art plus lisse et consensuel. Les expériences de la guerre et la pratique d’une critique sociale sans concession à travers le portrait ont laissé la place à la peinture de paysage, à des portraits de commande et, à partir de 1937, à des motifs allégoriques d’inspiration chrétienne.

Or, explique l’exposition, Otto Dix a renouvelé son mode d’expression sans délaisser la critique sociale. Sous le nazisme, il a élaboré un style moins offensif, moins subversif, et pour partie très subtil. L’exposition invite à le découvrir et à le décrypter.
A.L.

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