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L’ancienne frontière interallemande va être proposée au Patrimoine mondial de l’UNESCO
Blumenaumühle an der Saale dans le Parc naturel Schiefergebirge Obere Saale, en Thuringe. Le Ruban vert va être proposé pour rejoindre la liste du Patrimoine naturel mondial de l’UNESCO, © picture alliance / imageBROKER | Bildverlag Bahnmüller
Jadis hérissé de miradors, aujourd’hui réserve naturelle, le Ruban vert va rejoindre la liste des sites allemands proposés pour une inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Il s’étend sur une longueur de près de 1 400 km et coupe l’Allemagne en deux, du Mecklembourg-Poméranie occidentale jusqu’au Vogtland saxon-bavarois en passant par le Harz et les forêts de Thuringe. Le Ruban vert est le plus long corridor biologique d’Allemagne et d’Europe. C’est aussi l’ancienne frontière qui a séparé pendant 40 ans la RDA et la République fédérale. La conférence des ministres allemands de la Culture a décidé cette semaine de l’inscrire sur la liste des sites proposés par l’Allemagne pour une inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Premier site mixte en Allemagne ?
La conférence des ministres de la Culture renforce une décision de la conférence des ministres allemands de l’Environnement visant à faire inscrire le Ruban vert sur la liste du Patrimoine naturel de l’humanité. Le Ruban vert pourrait ainsi devenir le premier site allemand mixte, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial au titre de sa valeur naturelle autant que culturelle. Il existe 39 sites de ce type dans le monde (sur 1 200 sites classés au total), dont neuf en Europe. Mais aucun, pour l’instant, en Allemagne. L’Allemagne présentera sa liste en janvier prochain à l’UNESCO.
Nature et histoire entremêlées
Cette décision « constitue un signal fort », a salué Hubert Weiger, président d’honneur de l’association de défense de l’environnement BUND. Elle « ne confirme pas seulement la valeur naturelle du Ruban vert en tant que réserve de biodiversité, mais souligne son importance en tant que monument vivant et paysage commémoratif de l’histoire allemande et européenne. »
Le Ruban vert est un « lieu extraordinaire pour les générations présentes et à venir en Allemagne et dans le monde. [Il] offre la possibilité de faire une expérience directe de l’histoire et de préserver la mémoire. Nous voulons […] montrer que la nature et la culture ne sont pas contradictoires », abonde Olaf Zimmermann, directeur du Conseil culturel allemand.
Le long du Ruban vert, les touristes peuvent visiter différents musées et monuments, qui rappellent l’histoire de l’Allemagne divisée au temps de la Guerre froide. L’endroit était autrefois hérissé de murs, de miradors, de barbelés et de postes de tir automatique. Il était jonché de mines et surnommé la « bande la mort ». Il traversait les villages et séparait les familles. Nombre d’Allemands de l’est y ont trouvé la mort.
Mais dès cette époque, il était simultanément une zone extrêmement vivante. L’espace situé entre ses murs atteignant une largeur allant jusqu’à 200 mètres, il était devenu un refuge pour d’innombrables espèces naturelles, dont certaines rares et/ ou menacées.
Mélitées du Torfwiesen, loutres, chats sauvages, grues, cigognes noires, pie-grièche, orchidées rares : les associations de défense de l’environnement ont recensé plus de 1 200 espèces animales et végétales entre ses murs. Dès 1989, l’association BUND de Bavière a ainsi pris l’initiative de créer formellement un corridor vert baptisé « Ruban vert ».
Aujourd’hui, 82 % du Ruban vert est classé monument naturel national et protégé.
A.L.