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Sandra Hüller, anatomie d’une ascension

L’actrice allemande Sandra Hüller a remporté le Prix du film européen pour son rôle dans « Anatomie d’une chute » de la Française Justine Triet

L’actrice allemande Sandra Hüller a remporté le Prix du film européen pour son rôle dans « Anatomie d’une chute » de la Française Justine Triet, © picture alliance / Eventpress | Eventpress Fuhr

12.12.2023 - Article

C’est l’un des visages de l’année au cinéma. Après son succès à Cannes, l’actrice allemande Sandra Hüller vient de remporter le Prix du film européen… et d’être nominée pour les Golden Globes.

Sandra Hüller et Justine Triet au Festival de Cannes, en 2023. Le film « Anatomie d’une chute », réalisé par la Française et interprété par la comédienne allemande, a remporté la Palme d’or
Sandra Hüller et Justine Triet au Festival de Cannes, en 2023. Le film « Anatomie d’une chute », réalisé par la Française et interprété par la comédienne allemande, a remporté la Palme d’or© picture alliance / Xinhua News Agency | Gao Jing

C’est désormais l’actrice dont tout le monde parle. L’Allemande Sandra Hüller collectionne les prix comme on enfile des perles. Celle qui fut révélée en 2016 dans la comédie « Toni Erdmann » de Maren Ade a brillé cette année sur les planches de la Croisette, nominée pour deux films simultanément. Le premier, « Anatomie d’une chute » de Justine Triet, a décroché la Palme d’or, le second «  The Zone of Interest  » de Jonathan Glazer, le Grand Prix du jury. Mais ce double succès n’était peut-être qu’une mise en bouche.

Samedi, à Berlin, Sandra Hüller a remporté le Prix du film européen pour son rôle dans « Anatomie d’une chute ». Deux jours plus tard, elle était lauréate du Prix d’interprétation décerné par l’Association de critiques de cinéma de Los Angeles (Los Angeles Film Critics Association) pour ses deux rôles-titres dans « Anatomie d’une chute » et « The Zone of Interest  ». Puis elle a été nominée pour les Golden Globe. La prochaine étape sera-t-elle la consécration d’une nomination aux Oscars ?

« Une comédienne d’exception »

« Sandra Hüller est une comédienne d’exception », salue Claudia Roth, ministre fédérale adjointe à la Culture. « Elle sait remplir des rôles très différents dans toute leur richesse et avec une grande intensité. Elle va sonder jusqu’à l’extrême les profondeurs des personnages qu’elle joue. »

Tel est bien le grand talent de Sandra Hüller, en effet. Avec des moyens modestes, peu spectaculaires, elle est capable de faire émerger l’authenticité, la complexité et toute la profondeur de personnages de composition très différents les uns des autres.

Dans « Anatomie d’une chute », elle interprète une romancière traduite devant la justice car accusée d’avoir assassiné son mari. Un rôle complexe, écrit pour elle par la réalisatrice française Justice Triet. Elle y soutient avec maestria toute l’ambiguïté du personnage.

Polyvalente et polyglotte

Rien de tel, à l’inverse, dans «  The Zone of Interest  ». Sandra Hüller y incarne le personnage glaçant de l’épouse de Rudolf Höss, commandant du camp d’extermination d’Auschwitz. Et tout est encore différent dans «  Sissi et moi », sorti cet automne sur les écrans, où elle incarne Irma Sztarazay, dame de compagnie de l’impératrice Élisabeth d’Autriche.

Sandra Hüller est une actrice polyvalente. C’est aussi une comédienne polyglotte. Elle est capable de tourner en anglais et en français. « Travailler en français m’a paru être un très beau défi », confie-t-elle à propos d’« Anatomie d’une chute ». « De manière générale, je trouve les langues très intéressantes et je m’y intéresse aussi à titre personnel. J’aime pouvoir parler d’autres langues ou découvrir comment elles fonctionnent. »

Du théâtre au cinéma

La « magie » Sandra Hüller opère. Une magie qui n’a pas débuté au cinéma, mais à Suhl, une petite ville de Thuringe. Sandra Hüller y est née le 30 avril 1978. Elle a grandi à Friedrichroda, un peu plus au nord, mais toujours en RDA. Adolescente, elle y a découvert le théâtre et forgé tôt sa vocation.

De 1996 à 2000, elle a fait ses études à l’École supérieure d’art dramatique Ernst Busch (Hochschule für Schauspielkunst Ernst Busch, « HfS »), à Berlin. Puis elle a commencé sa carrière sur les planches sur différentes scènes germanophones, dont celle du Schauspiel Leipzig et celle des Münchner Kammerspiele.

En 2006, Hans-Christian Schmid lui a offert son premier rôle à l’écran, dans « Requiem ». Son interprétation d’une jeune femme atteinte d’épilepsie qui se croit possédée lui a valu d’emblée les louanges de la critique et plusieurs prix d’interprétation (Prix du film bavarois, Prix du film allemand), ainsi que l’Ours d’argent de la Berlinale.

Ont suivi « Anonyma – Eine Frau in Berlin  » (2008) et «  The Brownian Movement  » (2010), puis «  Toni Erdmann » (2016). Le film de Maren Ade a révélé Sandra Hüller au grand public. Nominé aux Oscars, il lui a fait aussi découvrir Hollywood.

Depuis, les films et les récompenses se sont enchaînés. En 2017, Sandra Hüller a rejoint l’Académie des Arts de Berlin. Et en 2019, elle a été membre du jury de la Berlinale.

Aujourd’hui âgée de 45 ans, l’actrice se décrit comme passionnée par son métier, mais plus détendue. Elle vit à Leipzig avec son mari et sa fille. Elle a appris à séparer sa vie d’actrice de sa vie de famille.

A.L.

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