Livres, émissions, podcasts : la philosophie est dans l’air du temps. Elle n’est plus réservée aux candidats au bac. Peut-elle nous aider à y voir clair à notre époque de crises ? Peut-elle nous inspirer de nouveaux repères dans un monde de plus en plus complexe ? C’est l’idée qui guide le festival international de philosophie Phil.Cologne. Sa 12^e édition vient d’ouvrir ses portes à Cologne. Une quarantaine de débats d’idées, pour certains d’une brûlante actualité, pour d’autres plus classiques, sont à l’affiche jusqu’au 18 juin.

Un éventail très large de thèmes structure le programme. Qu’est-ce que la réalité ? L’universalisme radical d’Emmanuel Kant est-il toujours d’actualité dans notre monde en crise ? À quoi tient l’hésitation de nos sociétés à agir face à la menace du changement climatique ? L’intelligence artificielle va-t-elle tous nous transformer en producteurs de copies, en faussaires ? Quel avenir pour l’idée européenne ? Comment s’inspirer de la philosophie de Shaolin pour gagner en force intérieure ? Il y en a pour tous les goûts et pour tous les publics.

Éclairages sur la situation au Proche-Orient

En ouverture, le sociologue israélien Natan Sznaider a échangé avec l’écrivain Navid Kermani, ancien lauréat du Prix de la paix des libraires allemands, sur la guerre et la paix au Proche-Orient. Les deux hommes, liés par une amitié de 20 ans, viennent de publier leur correspondance dans un livre, « Israel. Eine Korrespondenz  ».

En ce début de festival, plusieurs débats ont cherché à éclairer les conséquences de l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023 contre Israël et la guerre contre le Hamas. L’ancien ambassadeur d’Israël Avi Primor a présenté « Bedrohtes Israel: Ein Land im Ausnahmezustand  ». Dans cet ouvrage tout juste paru, il déploie une réflexion experte sur la guerre actuelle et sur l’avenir d’Israël.

La sociologue franco-israélienne Eva Illouz sera également présente. Connue pour la clarté de ses positions, son humanisme et sa critique envers le gouvernement de Benjamin Netanyahou, elle développera sa réflexion sur les menaces qui pèsent sur le Proche-Orient, l’antisémitisme et les possibilités d’évolution de la situation.

Penser l’époque présente

L’actualité sera globalement très présente durant le festival. La psychologue Marina Weisband, née à Kiev (Ukraine), expliquera son engagement pour un apprentissage de la démocratie, et ce dès l’école.

L’écrivain allemand Robert Menasse, auteur de romans et d’un essai sur les arcanes de l’Union européenne, exposera sa vision d’une Europe postnationale et cosmopolite.

Le faussaire Wolfgang Beltracchi, reconnu comme l’un des plus talentueux contrefacteurs d’œuvres d’art au monde, s’interrogera sur l’avenir de la notion d’original à l’heure où l’intelligence artificielle démultiplie les possibilités de copie et de plagiat.

Les sociologues Steffen Mau et Hartmut Rosa, fin observateurs de nos sociétés, se demanderont à quel point elles sont divisées.

Kant à l’affiche

Agrandir l'image

Fermer

Le festival réserve aussi une place particulière à l’histoire de la philosophie. Plusieurs débats seront consacrés au philosophe allemand Emmanuel Kant, dont on célèbre cette année le 300^e anniversaire. L’écrivain Daniel Kehlmann et le philosophe Omri Boehm offriront un accès contemporain et original à sa pensée.

De son côté, la philosophe britannique Sarah Bakewell, proposera au public un voyage dans l’histoire de la philosophie humaniste depuis la Renaissance.

D’une manière générale, le festival invite à la curiosité. Il propose des débats et des ouvertures sur une vaste palette de sujets allant de l’Asie (Japon, Chine) à la puissance des GAFAM en passant par une réflexion contemporaine sur la vulnérabilité et la liberté dans nos sociétés, sur la mort, sur la tolérance, sur l’argent et le pouvoir, sur l’avenir du travail ou encore sur le sens de la vie.

A.L.