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Bernhard Schlink, la lettre et le droit
L'écrivain allemand Bernhard Schlink, © picture alliance / Horst Galuschka/dpa | Horst Galuschka
« Le liseur », « Le retour », « La petite-fille » : Bernhard Schlink est l’un des auteurs allemands les plus lus et les plus traduits à travers le monde. Explorateur interrogatif de l’histoire allemande au style dépouillé et professeur de droit, il fêtait samedi 6 juillet ses 80 ans.
Son premier bestseller, Le liseur (Der Vorleser, 1995), a été traduit en plus de 50 langues. Il a été le premier livre allemand à se classer en tête de la liste des bestsellers du New York Times. En 2009, son adaptation au cinéma, forte d’une distribution prestigieuse (Kate Winslet, David Kross, Ralph Fiennes, Bruno Ganz), a décroché aux Oscars un prix d’interprétation. Bernhard Schlink est sans doute le plus lu, le plus traduit et le plus connu des auteurs allemands contemporains. Il a fêté samedi ses 80 ans.
D’une plume précise, concise et sans fioritures, il explore dans ses romans les rapports entre le droit et la morale, et interroge l’histoire allemande. La justice est son affaire. Avant d’être écrivain, ce fils de pasteur, né en 1944 près de Bielefeld, est un juriste renommé. Docteur en droit, Bernhard Schlink a été professeur de droit public et de philosophie du droit dans plusieurs universités, dont l’Université Humboldt de Berlin de 1992 à 2018. De 1987 à 2006, il a aussi exercé comme juge au tribunal constitutionnel du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Son aventure littéraire débute à la fin des années 1980. Avec un ami, il se lance dans l’écriture d’un roman policier, Brouillard sur Mannheim, qui rencontre le succès. Il poursuit, seul, l’aventure. En 1993, son livre Selbs Betrug reçoit le Prix allemand du polar.
Les interrogations au cœur de l’Histoire
Deux ans plus tard, il quitte le genre policier et fait sensation avec Le liseur. Il y fait le récit d’une histoire d’amour qui naît entre un adolescent et une femme plus âgée sur fond de passion pour les livres, et évolue vers une interrogation sur le passé allemand. Alors qu’Hannah avait disparu, Michaël devenu étudiant en droit, la retrouve sur le banc des accusés d’un procès. Elle a été gardienne d’un camp de concentration pendant la guerre.
Bernhard Schlink met le doigt sur une question qui a hanté sa génération, née dans l’immédiat après-guerre : comment se comporter vis-à-vis de la génération précédente, celle de ses parents, qui a commis ou laissé commettre les pires des crimes ?
Fort de ce succès, Bernhard Schlink poursuit sa double vie de juriste et d’écrivain. Il publie d’autres romans à succès : Le retour, Le week-end, La femme sur l’escalier, Olga, La petite-fille. Il y déploie à nouveau une réflexion sur l’histoire et la manière dont elle est vécue, en articulant la petite et la grande histoire : celle d’un destin féminin au 20e siècle, celle des générations ayant vécu de part et d’autre du Rideau de fer, etc.
A l’automne dernier, Bernhard Schlink a publié Das späte Leben, un livre émouvant sur un homme qui vient d’apprendre qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Il y est question du bilan d’une vie, mais aussi d’amour, de jalousie et d’attente de la mort.
A.L.