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Caspar David Friedrich : il y a 250 ans, naissait le maître du romantisme allemand
Caspar David Friedrich, Lever de Lune sur la mer, 1822, © picture alliance / Heritage Images | Ann Ronan Pictures
Mort dans la pauvreté, il est célébré deux siècles plus tard. Caspar David Friedrich est né le 5 septembre 1774, il y a 250 ans. Le maître de la peinture romantique allemande a révolutionné le genre du paysage. De nombreuses expositions lui sont consacrées.
Un randonneur de dos, perché sur un rocher, cheveux au vent, contemplant une mer de brouillard quasi impénétrable. Cette métaphore de la vie comme voyage vers l'inconnu est l’un des tableaux les plus célèbres du peintre Caspar David Friedrich (1774-1840). Le maître du romantisme allemand a révolutionné la peinture de paysage en inventant le « paysage état d’âme », dans lequel la nature se fait le reflet des émotions. Mort dans la pauvreté, il est aujourd’hui partout célébré. Il est né il y a 250 ans, le 5 septembre 1774.
Caspar David Friedrich a vu le jour à Greifswald (Mecklembourg-Poméranie occidentale), sur les rives de la mer Baltique. Fils d’un fabricant de savons, sixième de dix enfants, il est élevé dans une famille très pieuse. Son enfance est marquée par la perte précoce de sa mère et de plusieurs membres de la fratrie.
Dresde, la nature et le paysage
Il grandit à une époque marquée par les Lumières, puis les guerres napoléoniennes. Doué pour le dessin, il est envoyé à l’Académie des Beaux-Arts de Copenhague en 1794 pour se former. À partir de 1798, il déménage à Dresde. Il y vivra pendant quarante ans. L’ensemble de son œuvre y voit le jour.
Caspar David Friedrich a choisi très consciemment de s’établir dans la ville de Saxe, frappé par la beauté des paysages environnants. Amoureux de la nature, il s’y plonge quotidiennement lors de longues promenades. Toujours accompagné de son carnet de croquis, il fixe ses impressions sur le vif. Ses dessins, réalisés avec une précision et une minutie infinies, sont des études préparatoires. Mais ils sont en eux-mêmes des chefs-d’œuvre.
Le peintre devient ainsi un précurseur de la modernité en révolutionnant le genre du paysage. Esprit profond et méditatif, il réfléchit à la question de la reproduction de la nature en peinture, à la subjectivité du point de vue, à la transmission au spectateur. Il développe une approche fine et sensible. Son pinceau ne se contentera pas de reproduire l’environnement. Il proposera une nouvelle façon de regarder la nature, ainsi que les rapports entre l’homme et la nature.
Magie et nostalgie
Ses paysages sont reconnaissables entre tous : clairs de lune, crépuscules, bords de mer, paysages enneigés, églises, forêts, rochers, vallées, falaises de craie. Ils exhalent une beauté magique, presque mystique, teintée de mélancolie.
Caspar David Friedrich voulait créer une œuvre qui produise un effet et touche la psyché du spectateur. Il laisse toutefois une grande liberté d’interprétation à ce dernier.
Le peintre de Dresde est aujourd’hui l’icône du romantisme allemand. La Mer de glace (1823-24), Les falaises de craie sur l’île de Rügen (1819-20), Le moine au bord de la mer (1808-10), Le lever de lune sur la mer (1822), L’arbre solitaire (1822), La Montagne des Géants (1830-35), Les âges de la vie (1834) ou Le Watzmann (1824-25) : ses toiles fascinent le monde entier.
Nombreuses expositions
Ainsi, son 250e anniversaire donne lieu à une profusion d’expositions. En Allemagne, trois expositions événements se sont succédé depuis le début de l’année à Hambourg, Berlin et Dresde. La dernière, présentée par les Collections nationales d’art de Dresde jusqu’au 5 janvier 2025, vient d’ouvrir ses portes.
Elle s’intitule « Wo alles begann » (« Là où tout a commencé », allusion à l’installation du peintre à Dresde). Elle retrace la carrière de dessinateur et de peintre de Caspar David Friedrich dans le contexte de son temps. Elle explore sa fascination pour la nature, son approche du paysage et la manière dont il construisait ses toiles, à la manière d’un habile metteur en scène.
Elle se déploie en deux parties. Le musée de l’Albertinum approfondit la thématique du paysage à travers 47 toiles du peintre. Il les confronte aux œuvres de la Galerie des maîtres anciens de Dresde qui les ont inspirées. De son côté, le Cabinet des estampes (Kupferstichkabinett) s’intéresse aux dessins. Il présente plus de 200 œuvres de Friedrich et de ses contemporains, ainsi que des carnets d’esquisses.
Dresde, Greifswald, Weimar, New York
Plusieurs expositions sont également à visiter à Greifswald, ville natale de l’artiste. Le musée régional de Poméranie s’intéresse jusqu’au 6 octobre aux sites de la région qui l’ont inspiré tels que les falaises de craie de l’île de Rügen et le port de Greifswald. Il présentera ensuite jusqu’au 5 janvier 2025 une exposition consacrée aux travaux du peintre sur sa ville natale.
Le 22 novembre s’ouvrira aussi à Weimar (Thuringe) une exposition sur les relations entre l’écrivain Johann Wolfgang von Goethe, dont on célèbre les 275 ans, et Caspar David Friedrich. Intitulée « Caspar David Friedrich, Goethe et le romantisme à Weimar », elle illustrera le rôle important du poète dans l’éclosion de la carrière du peintre, de 25 ans son cadet.
Enfin, en 2025, une exposition à New York viendra confirmer la renommée internationale dont jouit Caspar David Friedrich. Du 8 février au 11 mai 2025, le Metropolitain Museum of Art lui consacrera pour la première fois une grande rétrospective.
A.L.