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Herlinde Koelbl, photographe de la métamorphose
La photographe allemande Herlinde Koelbl a réalisé le portrait de nombreuses personnalités, ici le musicien John Cage, © Stadtverwaltung Erfurt/Dirk Urban
C’est l’une des grandes figures allemandes de la photographie contemporaine. Herlinde Koelbl est célèbre pour ses portraits, notamment ceux de femmes et d’hommes de pouvoir. Mais son travail ne s’y résume pas. Elle fête jeudi ses 85 ans.
Angela Merkel est l’un de ses sujets les plus célèbres. Herlinde Koelbl l’a suivie pendant 30 ans, en réalisant son portrait à intervalles réguliers. La série « Angela Merkel. Porträts. 1991-2021 » illustre la transformation physique et psychique de l’ancienne chancelière à travers ses années d’ascension et de pouvoir. Le sujet fascine de longue date Herlinde Koelbl, figure de la photographie contemporaine allemande, qui fête ce jeudi ses 85 ans.
De 1991 à 1998, l’artiste a, en effet, photographié et interviewé quinze personnalités du monde de la politique et de l’entreprise. De ce travail a résulté la série « Spuren der Macht » (« Traces du pouvoir »). Elle montre l’évolution de ces hommes et de ces femmes au contact du pouvoir. Parmi eux figuraient, outre Angela Merkel, l’ancien chancelier Gerhard Schröder et l’ancien ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer.
Née en 1939 à Lindau (Bade-Wurtemberg), Herlinde Koelbl a eu un parcours original. Après avoir élevé ses quatre enfants et fait carrière comme créatrice de mode, elle a débuté la photo à 37 ans, en autodidacte. Elle a tout appris seule, sans se préoccuper des tendances, ni se trouver de modèles à suivre.
Séries
Vite, elle réalise des séries qui sont publiées sous forme de recueils : « Das deutsche Wohnzimmer » (Le salon allemand) (1980), « Männer » (Hommes) (1984), « Starke Frauen » (Femmes fortes) (1996). En 1989, sa série « Jüdische Porträts » (Portraits juifs), qui donne un visage aux survivantes et aux survivants de l’Holocauste, est récompensée. Parallèlement à la photo, elle complète ses séries par des entretiens et des films documentaires.
Elle aime prendre le temps d’approcher ses sujets et les travailler en profondeur. Elle se défend de les mettre à nu. Dans son livre paru en 2009 Mein Blick (Mon regard), elle écrit : « Je voulais photographier les gens, la vie. Photographier les gens est une aventure. Il émerge parfois une proximité et une intimité totalement inattendue, parfois une lutte douce, tenace, parfois un dialogue sans paroles, parfois une reconnaissance ».
Des portraits humains à la nature
L’une de ses œuvres les plus récentes est la série « Métamorphoses », publiée sous forme de recueil en 2023. Herlinde Koelbl y délaisse le portrait humain pour s’attacher à la nature. Elle photographie les fleurs, les plantes, la végétation dans leur processus de croissance, d’épanouissement, puis de dépérissement et de décomposition.
Le changement, l’éphémère, le temps sont les thèmes de cette série, dont 160 clichés ont été exposés à Leipzig l’hiver dernier. Ce n’est toutefois pas la mort et le dépérissement qu’a voulu représenter Herlinde Koelbl, mais bien la vie concrète et vécue. « Nous ne pouvons nous souvenir que lorsque nous avons existé et vécu les choses », souligne-elle. Et de citer le poète latin Ovide : « Croyez-moi, rien ne périt dans ce vaste univers ; mais tout varie et change de figure. Ce qu’on appelle naître, c’est commencer d’être autre chose que ce qu’on était auparavant ; et ce qu’on appelle mourir n’est que cesser d’être ce qu’on était. »
A.L.