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Exposition : Vienne, Berlin, Munich à l’heure des « Sécessions »
[De g. à dr.] Gustav Klimt, Judith, 1901, huile sur toile, 84 x 42cm ; Wilhelm Schulz, Affiche réalisée pour deux expositions de la Sécession berlinoise, 1900, Lithographie, 57,1 x 45,5 cm ; Anna Hillermann, Autoportrait dans son atelier, vers 1900, huile sur toile, 44 x 35 cm, Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, © Belvedere, Vienne, Photo: Johannes Stoll; © Staatliche Museen zu Berlin, Kunstbibliothek, Photo: Dietmar Katz
L’Alte Nationalgalerie de Berlin présente jusqu’au 22 octobre une grande exposition sur les métropoles de la « Sécession » artistique autour de 1900 : Munich, Vienne et Berlin. Près de 200 chefs-d’œuvre sont à admirer.
Visiter les musées berlinois pendant l’été réserve des surprises ! Vendredi 1er septembre, Valentine et Lisa, deux Nantaises de 21 ans, ont été distinguées par le musée de l’Alte Nationalgalerie. La raison de cet événement franco-allemand inattendu ? Elles étaient les 100 000e visiteuses de l’exposition, « Secessionen. Klimt, Stuck, Liebermann ». Cette exposition exceptionnelle est l’un des grands rendez-vous artistiques de l’été à Berlin.
Il est rare de voir réunie une telle pléiade de chefs-d’œuvre du tournant du XXe siècle. Gustav Klimt (1862-1918) à lui seul a le pouvoir d’aimanter le public. Qui ignore sa légendaire « Judith », peinte en 1901 ? L’œuvre revient pour la première fois à Berlin depuis 1905. Et elle ne vient pas seule.
Un événement artistique
Elle est accompagnée d’une profusion de toiles du maître autrichien, et entourée de chefs-d’œuvre d’illustres contemporains : les Allemands Franz von Stuck et Max Liebermann au premier chef, mais aussi Lovis Corinth, Max Klinger, Käthe Kollwitz, Sabine Lepsius, Max Slevogt, Walter Lestinow, Julie Wolfthorn, Dora Hitz, Edvard Munch et Auguste Rodin. Au total, l’exposition réunit près de 200 toiles, sculptures, dessins, affiches et objets d’artisanat signés de 80 artistes autour de 1900.
Le propos est d’éclairer les « Sécessions » artistiques du tournant du XXe siècle dans l’espace germanophone. Si la Sécession viennoise incarnée par Klimt est célèbre, elle n’a été ni la première, ni l’unique divorce avec la tradition académique. Munich avait ouvert le bal en 1892, autour de Franz von Stuck. Vienne allait suivre en 1897, avant Berlin en 1899, avec Max Liebermann.
Parallèles et différences
L’exposition offre une occasion extraordinaire de comparer le bouillonnement qui s’est emparé des trois métropoles autour de 1900. À chaque fois, la création d’association d’artistes en rupture avec la tradition de l’art académique s’est apparentée à une attaque contre l’art des cours impériales. Mais chaque ville avait sa particularité. Munich a joué un rôle précurseur, mais elle est plus vite retombée dans le conservatisme. Vienne a mis la peinture à l’honneur, autour de Klimt, et fait une place à l’architecture. Berlin a été la seule des trois métropoles à donner un rôle actif aux femmes et à les exposer (de Käthe Kollwitz à Julie Wolfthorn).
À l’Alte Nationalgalerie, on observe ces spécificités en écoutant les œuvres dialoguer entre elles. Le vis-à-vis est ainsi saisissant entre les deux portraits de la déesse grecque Pallas Athéna peints la même année (1898) par Gustav Klimt et Franz von Stuck. C’est l’un des clous de l’exposition.
Fin de siècle
Les frontières entre les trois grandes Sécessions (il y en a eu beaucoup d’autres, éphémères) n’en étaient pas moins poreuses, sur le plan artistique autant que personnel. Max Liebermann et Walter Lestinow ont fait partie des initiateurs de la Sécession munichoise avant de rejoindre Berlin. Ils correspondaient avec leurs collègues viennois.
L’exposition témoigne finalement de toute l’énergie de renouveau qui a animé Munich, Vienne et Berlin en cette fin de siècle, comme Paris vingt ans plus tôt lors de la naissance de l’impressionnisme. Ce dernier inspira d’ailleurs les peintres de la Sécession berlinoise, quand Munich fut plutôt attirée par le symbolisme et Vienne par l’Art nouveau.
Les Sécessions n’ont eu qu’un temps. Elles ont ouvert la brèche de l’art moderne en Europe centrale, puis laissé la place à l’expressionnisme.
A.L.