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Le patrimoine judéo-médiéval d’Erfurt classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO
Rouleau de Torah dans l’Ancienne Synagogue d’Erfurt (Thuringe), qui vient d’être inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, © picture alliance/dpa | Jens Kalaene
La Vieille Synagogue, le mikvé, un bain rituel juif, et une maison d’habitation en pierre figurent désormais sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. La synagogue, l’une des plus grandes et des plus anciennes d’Europe, remonte au 11e siècle.
Lors de sa 45e session à Riyad (Arabie Saoudite), le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a décidé dimanche d’inscrire le patrimoine judéo-médiéval d’Erfurt (Thuringe) sur sa prestigieuse liste. Il s’agit du 52e site allemand classé. Il comprend la Vieille Synagogue d’Erfurt, le mikvé (un bain rituel) et un bâtiment d’habitation en pierre. « C’est le couronnement magnifique de plusieurs années de préparation minutieuses », s’est réjoui le maire d’Erfurt, Andreas Bausewein.
La Vieille Synagogue d’Erfurt est considérée comme l’une des plus grandes, des plus anciennes et des mieux conservées d’Europe centrale. Ses éléments de construction les plus anciens remontent à 1094.
Témoignage de la vie juive au Moyen-Âge
Le quartier juif médiéval qui l’environnait a été incendié en 1349 lors d’un pogrom. Il comptait environ un millier d’habitants, qui ont quasiment tous péri dans l’incendie. La synagogue a ensuite été utilisée comme entrepôt, puis comme auberge et même comme salle de danse. C’est ce qui pourrait expliquer, selon les autorités municipales, que le bâtiment ait échappé à la destruction par les nazis.
Aujourd’hui, la Vieille Synagogue abrite un musée qui retrace l’histoire de la communauté juive d’Erfurt au Moyen-Âge. Sa collection comprend plusieurs milliers de pièces d’argent, ainsi que des pièces d’orfèvrerie en or et en argent des 13e et 14e siècle. L’un de ses joyaux est une alliance en or. Les chercheurs pensent que ce trésor, découvert en 1998 lors de fouilles archéologiques, a été enterré lors du pogrom.
Le mikvé représente quant à lui l’un des rares exemples conservés d’un bain rituel juif des communautés juives médiévales. Situé en bordure du fleuve Gera, il date du 12e siècle et se distingue par sa forme d’autres mikvés conservés à Cologne et à Spire. Il a été utilisé jusqu’en 1453 ou 1454, avant que les autorités municipales n’obligent les juifs d’Erfurt à émigrer. Il a été mis au jour par hasard en 2007.
Quant à la Maison de pierre, il s’agit d’un bâtiment profane érigé vers 1250. Ses structures très bien conservées (portails, niches, poutres) témoignent de la vie juive du haut Moyen-Âge. L’édifice a été utilisé comme entrepôt à partir du 15e siècle. Il doit être restauré.
Redécouverte
« Les monuments juifs d’Erfurt ont été presque oubliés durant des siècles », a commenté Maria Böhmer, présente de la Commission allemande de l’UNESCO. « Sa redécouverte constitue un grand cadeau. »
Cette inscription « apporte une contribution importante supplémentaire à la visibilité et à la présentation des racines communes des juifs et des chrétiens d’Allemagne et d’Europe », a ajouté Kerstin Pürschel, ambassadrice allemande auprès de l’UNESCO. Il promeut une meilleure compréhension de la diversité culturelle en Allemagne, ainsi que le respect mutuel pour un patrimoine culturel multifacette.
Il y a deux ans, l’UNESCO avait déjà inscrit sur la liste du Patrimoine mondial les Sites SchUM de Spire, Worms et Mayence.
A.L.