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À Bonn, la Bundeskunsthalle retrace l’aventure du postmodernisme

Alessando Mendini, Interno di un interno (canapé), 1990

Alessando Mendini, Interno di un interno (canapé), 1990, © Collection Groninger Museum, Photo Heinz Aebi

06.10.2023 - Article

Des débuts de la société de l’information à la dérégulation des marchés financiers en passant par le disco et le punk, le postmodernisme a été une époque où tout semblait possible. Le musée de la Bundeskunsthalle, à Bonn, nous y replonge à travers une exposition.

Tout est possible. Tout à la fois. Telle a été la formule du postmodernisme. Un style bariolé et excentrique. Un art libéré des conventions de la modernité. Un nouveau rapport au monde, perçu dans toutes ses nuances et contradictions. Un nouveau rapport à soi, en quête d’épanouissement. Bref, une époque trépidante qui a précédé la fin de la Guerre froide et l’avènement de la mondialisation. À une génération de distance, le musée de la Bundeskunsthalle, à Bonn, fait revivre cet univers à travers une exposition. Elle s’intitule « Tout à la fois. Le postmodernisme, 1967-1992 ». Elle est à visiter jusqu’au 28 janvier 2024.

Une époque excentrique et branchée

Le postmodernisme « a congédié un modernisme qui pensait pouvoir tout ordonner en créant des maisons, des meubles et des droits semblables pour tous », raconte l’intendante du musée, Eva Kraus. « Il a construit sur ses ruines un monde bizarre et excentrique ».

Trevor Fiore, Citroën, Modèle Karin (1980)
Trevor Fiore, Citroën, Modèle Karin (1980) © Photo: Fonds de Dotation Peugeot pour la mémoire de l'histoire industrielle

L’onde de choc a parcouru l’ensemble de la société. Les designers se sont dispensés du bon goût. Les architectes ont vu dans les parcs d’attraction un modèle de la ville idéale. Les grandes luttes idéologiques ont laissé la place à la recherche du corps parfait à travers l’aérobic, et à une quête de réalisation de soi. Les nouveaux médias ont synchronisé la planète. Les images sont devenues une scène de théâtre où chacun cherche à imprimer son style ou à gagner la reconnaissance.

L’exposition explore cette atmosphère éclectique et branchée à travers de nombreux artefacts, parfois spectaculaires. Elle raconte les débuts de la société de l’information, la dérégulation des marchés financiers, l’ère du punk, du disco et de la pop, la mode des épaulettes et des meubles Memphis. Elle convoque tous les genres : design, architecture, cinéma, musique, philosophie, art, littérature…

Quand le musée est une pièce de l’exposition…

Elle a, de plus, une particularité : la pièce la plus spectaculaire de l’exposition n’est autre que… le musée lui-même ! Inaugurée en 1992, la Bundeskunsthalle incarne, en effet, à merveille le mélange des genres caractéristique de l’époque. L’architecte viennois Gustav Peichel l’a conçue comme un « temple de l’art » à l’allure excentrique : façades sans ornement percées d’œils-de-bœuf, devanture en verre ondulé oscillant à la manière de vagues, colonnes, cônes lumineux et toit végétalisé.

1992 est la date à laquelle les commissaires de l’exposition ont choisi d’arrêter le récit. La Guerre froide était terminée et Francis Fukuyama publiait son célèbre ouvrage sur la « fin de l’histoire ». Trente ans plus tard, l’histoire n’est cependant pas finie. L’exposition nous tend ainsi un miroir déformant, qui nous invite à sonder le présent. Le postmodernisme laissait entrevoir les problèmes et les conflits d’aujourd’hui, du populisme d’extrême droite aux questions d’identité. Finalement, en sommes-nous vraiment sortis ?

A.L.

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