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L’histoire du cinéma allemand se raconte à Völklingen
Réplique du robot Maria issu du film « Metropolis », à voir dans l’exposition « Le cinéma allemand de 195 à nos jours » au musée de la Völklinger Hütte (Sarre), © picture alliance/dpa | Oliver Dietze
C’est l’une des plus belles expositions réalisées sur le sujet. Le site de Völklinger Hütte, à la frontière franco-allemande, propose une passionnante plongée dans l’histoire du 7e Art en Allemagne de 1895 à aujourd’hui.
Tout a débuté le 1er novembre 1895 au théâtre de variétés Wintergarten, à Berlin. À Paris, les frères Lumière n’avaient pas encore projeté leur révolutionnaire « Arrivée d’un train en gare de La Ciotat ». Mais dans la capitale allemande, les frères Skladanowsky dévoilaient une compilation de scénettes filmées intitulées « Wintergartenprogramm ». Le cinéma allemand était né.
Avec plus d’un siècle de recul, on mesure la dimension de l’événement. « Le cabinet du docteur Caligari », « Nosferatu le vampire », « Metropolis », « M le maudit », « L’Ange bleu », « Les Aventures fantastiques du baron Münchausen », « L’honneur perdu de Katharina Blum », « Le tambour », « Le mariage de Maria Braun », « L’Ami américain », « Les Ailes du désir », « Good Bye, Lenin ! », « La vie des autres », « À l’Ouest, rien de nouveau », etc. : des Années folles à nos jours, le 7e Art n’a cessé de produire des chefs-d’œuvre en Allemagne. Une très belle exposition en retrace sa passionnante épopée à Völklingen, en Sarre.
« L’une des plus brillantes expositions sur le cinéma allemand »
Le musée est situé sur le site de l’ancienne usine de Völklinger Hütte, à la frontière franco-allemande. L’exposition, à voir jusqu’au 18 août 2024, s’intitule « Le cinéma allemand. De 1895 à nos jours » (« Der deutsche Film. 1895 bis heute »). Elle présente plus de 350 pièces et documents, parmi lesquels des manuscrits, des affiches et des costumes. On peut y regarder plus de neuf heures de projections cinématographiques sur une centaine de grands écrans et une trentaine de moniteurs. On y découvre les films, mais aussi les coulisses des tournages, le processus de production et, bien sûr, l’histoire des réalisateurs, acteurs, les hommes et les femmes de cinéma. Un audioguide en français, anglais et allemand est proposé.
Il s’agit de « l’une des plus brillantes expositions sur le cinéma allemand », a loué le président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, lors de l’inauguration. Elle retrace « 120 années de grand divertissement et de grand art, de kitch et de génie, de propagande et d’éclairages, 120 années d’expérimentations hardies qui ont suscité l’enthousiasme des connaisseurs, mais aussi de succès commerciaux pour le grand public. 120 années de scandales et de jubilation, de rires et de pleurs, de découvertes et de séduction, d’onirisme et de dur réalisme. »
Mariage réussi de deux histoires entrecroisées
En dix chapitres, le visiteur passe de l’expressionnisme à nos jours. Il revisite la période nazie, le cinéma de la RDA et celui de la République fédérale des années 1950, le nouveau cinéma allemand, le cinéma de l’Allemagne réunifiée.
L’un des attraits de l’exposition réside en ce qu’elle examine aussi l’influence des films allemands sur le cinéma étranger. On découvre qu’à 70 ans d’intervalle, Robert Wiene et son « Cabinet du docteur Caligari » (1920) ont inspiré Tim Burton pour « Edouard aux mains d’argent » (1990). Ou que le « Conte des trois frères » imaginé par David Yates dans « Harry Potter et les reliques de la mort » (2010) doit beaucoup au film d’animation de Lotte Reiniger « Les aventures du prince Ahmed », sorti en… 1926.
L’exposition séduit aussi par un autre aspect : son décor. Elle occupe la Salle des soufflantes de l’ancienne usine sidérurgique où, pendant 85 ans, les grandes quantités de gaz qui sortaient des hauts fourneaux pouvaient être réutilisées.
Deux grandes histoires de notre temps s’y rencontrent et s’y marient : celle de la société industrielle et celle du cinéma. Un studio des années 1950, qui a servi au tournage du film « Mädchen in Uniform » de 1958, avec Romy Schneider et Lilli Palmer, y est reconstitué. Les projecteurs et les caméras vintage qui ont produit ce remake d’une œuvre de Leontine Sagan (1931) s’activent au milieu des machines au repos. Ils déploient leur lumière à l’ombre des géants d’acier.
A.L.