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« Je vois de nombreuses opportunités mais il y a du retard à rattraper »
La réalisatrice Sophie Linnenbaum , © deutschland.de/Jonas Ludwig Walter
Comme se porte le jeune cinéma allemand ? Quels sont les sujets les plus pertinents actuellement ? La réalisatrice Sophie Linnenbaum nous livre son point de vue.
Madame Linnenbaum, vous qui êtes une réalisatrice en plein essor et faites partie de la génération montante, comment jugez-vous la situation des jeunes cinéastes en Allemagne ?
C’est une question difficile car le secteur n’est pas uniforme mais connaît des variations parfois très marquées. Globalement, en Allemagne, il existe de nombreuses possibilités de mettre le pied à l’étrier dans le milieu du cinéma, mais cela dépend beaucoup du département de production, du métier et du souhait de travailler pour la télévision ou le cinéma. Le secteur est à l’heure actuelle encore relativement homogène à de nombreux niveaux mais c’est en train de changer progressivement.
À quelles difficultés sont confrontés les jeunes cinéastes en Allemagne ?
C’est en fait une question politique. L’industrie cinématographie allemande est plongée dans un débat sans fin sur ce que signifient précisément la culture et le succès dans ce domaine. Est-il question de rentabilité économique ou de génie artistique ? Peut-on concilier les deux ? Peut-on mesurer la qualité artistique ? Et doit-on le faire ? Selon moi, la structure de la production allemande est à la fois un filet de sécurité et une bride. Façonnée par la télévision, les subventions et maintenant le streaming, elle offre des possibilités variées. C’est synonyme d’incertitude, de dépendance, de bureaucratie, de conflits mais aussi de nombreuses opportunités. Il y a un retard à rattraper en matière de durabilité (sociale), de diversité et de priorité claire donnée à la qualité artistique.
Quels sont les sujets actuellement les plus pertinents dans le monde du cinéma allemand ? Que vous évoquent les termes « cinéma allemand » ou « German moviemaking » ?
Sur ce point, je dois avouer que je manque de recul et que j’ai un regard peut-être trop critique sur les films produits dans mon propre pays. Le cinéma allemand est à mes yeux très souvent nombriliste, il donne à voir un point de vue de privilégié sur des détails. Je ne veux pas dire par là que tous les films doivent parler de la guerre et de maladies mortelles. Car justement, l’autoréférence assure une certaine sécurité économique. Et celle-ci constitue une base parfaite pour repousser les limites, prendre conscience des inégalités structurelles de cette industrie et les combattre. Et grâce à cela, il devient possible de se consacrer à des sujets de société pertinents et d’instaurer de nouveaux modes de narration. J’apprécie tous les films allemands qui ont de telles ambitions.
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